André Boivin a un jour eu l'envie d'orner sa nouvelle maison d'une suspension composée de panaches de cerfs, comme il en avait vu lors de ses voyages dans le Midwest américain. Incapable d'en trouver en magasin, il a décidé d'en fabriquer une de ses propres mains. Sept ans plus tard, son père et lui sont des lampistes accomplis. Leurs oeuvres uniques décorent autant de grands manoirs que des lofts contemporains et des chalets dans tout l'est du Canada et jusqu'en Colombie-Britannique.

«Quand un de mes amis a vu mon luminaire chez moi, il m'a demandé de lui en fabriquer un pour sa maison, raconte André Boivin. Le mot s'est passé, comme ça autour de moi, si bien qu'un jour j'ai décidé d'aller au Salon de l'habitation de Montréal avec mes luminaires en panaches. J'en suis revenu découragé. J'en avais vendu un seul en quatre jours. Les gens se sont mis à m'appeler un an, deux ans, parfois quatre ans plus tard. Ils avaient gardé mon nom.» 

Son père René est devenu complice dans l'aventure. 

Un casse-tête

Les tablettes de leur atelier de Val-David sont emplies de panaches, tous classés par espèce et par taille. Au plafond, une dizaine d'oeuvres de toutes les grandeurs sont accrochées. Chaque suspension est une création originale, étant donné la matière première utilisée.

«C'est un casse-tête chaque fois, explique André Boivin. Parfois, on a 50 panaches disposés par terre et on cherche lesquels iraient bien ensemble. On passe quelquefois des heures sans trouver de réponse. Puis soudainement, les morceaux se placent dans notre esprit. On voit le luminaire dans notre tête.» 

Parfois, les clients souhaitent fournir les panaches. «Je leur réponds que je peux bien essayer, mais je ne peux garantir le résultat, dit le lampiste. Il faut plusieurs panaches avant de trouver un mariage harmonieux.» 

Boivin Lampiste achète ses panaches auprès d'éleveurs de cervidés. Comme ces grands animaux perdent leurs bois chaque automne, l'approvisionnement est continu. Pour le cerf mulet, une espèce sauvage, il compte sur un ami dans l'Ouest canadien. «Il connaît les endroits sur la rivière où ils viennent s'abreuver. C'est souvent là qu'ils perdent leur panache», confie André Boivin. 

Chaque type de panache donne un style propre aux luminaires. Les bois très recourbés du chevreuil seront utiles pour les petites suspensions, alors que ceux des cerfs de Nouvelle-Zélande auront un effet spectaculaire avec leurs multiples pointes dans les salons et les grandes salles à manger. Une fois la forme du luminaire décidée, les panaches sont découpés, puis percés pour passer les fils électriques et placer les douilles d'ampoule.

Un style contemporain

Combien de temps prend la fabrication d'un tel luminaire? 

«Parfois deux jours, parfois trois semaines. C'est difficile à calculer. Nous sommes des artisans, nous prenons le temps qu'il faut», répond René Boivin, ancien dessinateur technique à Hydro-Québec devenu professeur de sciences et technologie dans une école secondaire. 

Une fois assemblées, la plupart des suspensions sont teintes d'une couleur brunâtre pour leur redonner un aspect vivant. Les panaches tombés prennent d'ordinaire une teinte grise osseuse. Pour offrir un produit plus contemporain, Boivin père et fils ont commencé à peindre leurs suspensions de différentes couleurs. Blanc, rouge, vert, noir, peu importe. 

«Un jour, j'avais peint un luminaire vert fluo comme mon Westfalia. Il est resté trois ans dans mon atelier sans que je lui trouve un acheteur. J'avais décidé de le changer de couleur, mais juste avant de prendre le pinceau, j'ai reçu un appel d'un designer. Il se souvenait du luminaire vert fluo et il avait trouvé le bon loft pour l'installer.»

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Prix d'un luminaire de Boivin Lampiste: 950 $ à 10 000 $

Photo fournie par Boivin Lampiste 

La fabrication d'un luminaire peut prendre jusqu'à trois semaines.