Après avoir fondé les marques de mobilier Periphere et Domison, Thien Ta Trung et sa soeur My reviennent sur la scène du design québécois avec élément de base (edb) : une nouvelle griffe conçue ici et vendue au meilleur prix.

J'ai rencontré My et Thien Ta Trung dans le quartier industriel de l'arrondissement de Saint-Laurent. Là où se trouve leur entrepôt. Véritable QG de la nouvelle marque, l'endroit comporte une salle d'exposition à l'avant où sont présentées leurs créations, alors qu'à l'arrière, on découvre les marchandises et un studio de photo égayé de plantes et de cadres dans lequel My photographie le mobilier.

Décidément, le tandem, qui a déjà eu une grande boutique Domison boulevard Saint-Laurent, dans le Plateau, et une autre à Toronto, a changé de stratégie de mise en marché.

« Auparavant, il était important d'avoir une grande boutique, car les clients avaient besoin de voir la marchandise. Maintenant, avec Instagram et Facebook, ils pré-magasinent sur internet», mentionnent My et Thien Ta Trung.

Ces derniers ont opté pour une solution hybride. « Tout peut se faire sur notre site internet, soit le magasinage et les achats, explique Thien, directeur de la création. Autrement, les clients peuvent passer à la salle d'exposition et commander sur place. En ce qui a trait aux petits meubles ou aux accessoires, la cueillette peut se faire directement. »

Avec ce nouvel entrepôt et la vente en ligne, les frais de loyer d'une vaste boutique au coeur de la ville et ceux reliés à la distribution sont éliminés.

« Nous avons aussi réduit les marges de profit au minimum », avouent-ils.

PHOTO MY TA TRUNG, FOURNIE PAR EDB

Canapé-lit Teatime  (375$), table d'appoint rose Perplexe (135$) et housse de coussin Mutation conçue par Paprika. Tous sont signés élément de base.

Question de prix

En 2012, My et Thien ont fermé leurs deux boutiques et mis fin à la création et à la vente des meubles Domison, qui étaient produits en Asie. « Nous avons fermé nos portes en raison du climat économique peu favorable, avoue Thien. Les gens ne voulaient pas payer aussi cher. Un sectionnel Domison valait plus ou moins 3000 $ et un canapé, environ 2000 $. Mais c'était trop coûteux comparativement aux prix des grandes chaînes », analyse-t-il.

Pendant leur temps d'arrêt, My et Thien ont étudié le marché et mis au point une approche différente.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Au premier plan, la collection de housses de coussin Majuscule, dessinée par l'Atelier Chinotto pour edb. Chaque housse vaut 10,95$ et son format est de 18 po sur 18 po.

Design accessible

Le résultat de cette réflexion: le lancement d'élément de base, qui mise essentiellement sur la création de pièces basiques rehaussées d'une touche design, offertes à des prix compétitifs.

« L'important, c'est que le prix ne soit plus un obstacle aux yeux des clients», affirme My Ta Trung.

Ainsi, les canapés à trois places se détaillent entre 375 $ (pour un grand divan-lit au piétement de bois) et 1395 $, pour un canapé en velours avec base en acier.

Quant aux sectionnels, les prix commencent à 1395 $, et le coût minimum d'un fauteuil est de 195 $. Les modèles de la marque sont dessinés à Montréal et fabriqués dans divers pays, comme la Chine, l'Inde et le Viêtnam. « Dans des usines que l'on connaît », précise Thien.

Les deux trentenaires dessinent la quasi-totalité des meubles tout en encourageant les collaborations. Ils ont fait appel aux firmes de design graphique Paprika et Atelier Chinotto pour la conception de housses de coussins, vendues à 10,95 $. Paprika a également imaginé une collection de tapis et conçu, entre autres, le site internet d'edb. Il y a aussi le studio de design montréalais BlazysGérard, qui signe un canapé néoclassique et moelleux, composé de mousse et de plumes.

PHOTO MY TA TRUNG, FOURNIE PAR EDB

Déhoussable, le canapé Stripes en velours est doté d'une base en acier, peinte en noir (1395$)

Multiplier les options

« L'idée est d'en donner plus sans augmenter le prix », résume My. D'où un grand nombre de possibilités. Plusieurs des fauteuils et canapés d'edb sont déhoussables. Les styles et les formats sont variés : du petit canapé-lit pour microcondo au grand canapé à housse shabby-chic pour chalet néorustique. « Surtout, nous proposons une palette de 12 tissus de revêtement plutôt que de nous en tenir au beige et au gris », souligne Thien.

La clé du succès?

À l'ère du commerce en ligne, le spécialiste du marketing Jacques Nantel atteste que la grande boutique n'est plus un atout. « Il est essentiel d'être très présent sur le Net et d'assurer une logistique irréprochable. Le client ne veut pas attendre, rappelle le professeur à HEC Montréal. Malgré tout, les consommateurs cherchent un point de contact et une ambiance ailleurs que dans une salle d'exposition. Un lieu où ils pourront "vivre" l'expérience du design.

« Dans le cas de meubles au design original, poursuit-il, ceux-ci pourraient être intégrés au décor d'un lieu public, comme un hall d'hôtel, un bar-lounge ou un restaurant. Un endroit où une clientèle passe naturellement. »

À cette fin, Thien et My ont déjà des plans. « Après le lancement, nous avons pensé, d'ici quelques mois, meubler des condos ou des maisons témoins, révèlent-ils. Sinon, mettre en place un pop-up shop au décor inspirant pour permettre aux gens d'expérimenter la marque, en marge d'un événement créatif, comme la semaine de la mode ou du design, à Montréal. »

>>>Consultez le site Internet.

PHOTO MY TA TRUNG, FOURNIE PAR EDB

Plusieurs modèles de canapés et fauteuils signés edb sont déhoussables, et parmi les tissus de revêtements offerts, il y a du velours bleu électrique.