Dans un appartement de Villeray, il y a un petit hamster qui tourne, tourne, tourne... Ce hamster, c'est en fait un couple de trentenaires qui fabrique des lampes, des tabliers et d'autres accessoires dans son appartement de l'avenue Casgrain.

La petite roue de ces designers - industrielle pour elle, graphique pour lui - ne cesse jamais de tourner : ils sont constamment en création ou résolution de problèmes. « Le hamster spinne dans la tête tout le temps, tout le temps, tout le temps ! », lance Karine Lafrance. « Parfois, je me couche avec un problème, puis je me réveille à 4 h du matin en ayant trouvé la solution et j'ai hâte de venir faire du bruit ici pour l'essayer », affirme pour sa part David Boisvert, dans leur atelier rempli d'outils et de tapis de coupe.

Il faut dire que la marque est relativement nouvelle : les objets de la gamme Hamster ont fait leur première apparition il y a un an à peine, lors de la mouture 2014 du Souk@SAT. Mais avant qu'ils fondent leur entreprise, les designers connaissaient déjà le monde des artisans locaux puisque Karine tenait une gamme de sacs, Noir & Black. David, lui, a été séduit par le « fait main » lorsqu'il s'est construit une penderie et un lit après un déménagement. C'est là qu'il s'est initié au banc de scie, objet auquel il n'avait jamais touché auparavant !

D'ailleurs, l'origine du nom Hamster date aussi de cette époque. Puisque le balcon du boulevard Saint-Joseph de David, où il aimait bricoler, n'était pas assez grand pour construire le lit - un mastodonte de bois et d'acier -, il s'est installé chez les parents de Karine, qui ont un atelier et beaucoup d'espace. Après une longue journée de labeur, l'odeur du bois fraîchement coupé restait prise dans la barbe bien fournie de David, odeur similaire à celle des copeaux dans une cage à hamster. « Donc, quand est venu le temps de choisir un nom, on avait juste ça en tête », explique-t-il.

TRAVAILLER À LA MAISON

Au lieu de louer un atelier, le couple a choisi d'habiter un plus grand appartement pour pouvoir y installer ses quartiers. Dans leur logement du deuxième étage d'un duplex, une grande pièce double est consacrée à l'atelier. C'est là que Karine et David travaillent le laiton, le cuir, les textiles, mais pas le bois, dont la coupe est trop salissante et pour lequel ils partagent plutôt un local avec un autre artisan.

La salle à manger surmontée d'un foyer accueille les clients qui viennent pour du sur-mesure. Avec ses moulures, ses colonnes et ses planchers de bois franc, l'appartement possède un cachet discret, idéal pour mettre en valeur les lampes qui sont accrochées un peu partout. « C'est notre showroom, en quelque sorte », résume Karine.

Chaque pièce accueille une lampe différente de la collection, permettant aux acheteurs potentiels de voir à quoi l'objet pourra ressembler dans leur propre maison. « Je pense que ça fait une énorme différence quand les gens voient un luminaire en contexte, soit en haut d'un îlot ou à côté d'un lit », souligne David.

Le sur-mesure leur permet aussi d'établir un contact avec les clients. 

« Les gens viennent voir les finis, les couleurs, le noir, le blanc », énonce Karine. « Il s'agit aussi de sentir la qualité ; on dirait que le poids des objets fait une différence », ajoute David. 

La visite de l'appartement renforce aussi chez les clients potentiels l'idée d'acheter chez un artisan d'ici, qui a fabriqué la pièce à la main.

Travailler de chez soi, avec des clients qui vont et qui viennent, n'est-ce pas un peu envahissant ? « Extrêmement ! admet Karine. Mais pas de manière péjorative. On a choisi de faire ça. » Le travail à la maison vient aussi avec un avantage non négligeable : la possibilité de façonner son propre horaire. « Le 9 à 5, ce n'est pas pour nous, reprend Karine. Le week-end, ce n'est pas une notion qui existe ; c'est même généralement le moment où on travaille le plus. Mais le mardi soir, c'est notre soirée de congé ! »

Former un tandem dans la vie comme au travail semble faire le bonheur du jeune couple. « Parfois, on ne se parle presque pas de la journée ! », dit Karine en riant. Car l'important, c'est qu'à deux, ils continuent de faire tourner la roue.