Un ébéniste s'amuse pendant ses temps libres à valoriser les retailles de chantier, qu'il déteste stocker ou, pire, jeter. Résultat? Des créations qui ont du caractère et qui sont parfois bien mystérieuses.

Il y a d'abord La Secrète, toute petite boîte en bois de noyer a priori banale, si ce n'est sa confection irréprochable. En la scrutant de plus près, on découvre un compartiment caché, qui révèle ce qu'on aurait voulu garder pour soi à celui qui devine comment fonctionne le mécanisme d'ouverture, à la manière d'anciens cabinets à secrets.

De façon tout aussi simple et ludique, Kid exploite le même concept pour dissimuler des jouets et des trésors très personnels. Le modèle, léger et malléable, a été conçu pour les chambres d'enfants et comprend un tiroir bien intrigant. Sans poignée, celui-ci se dévoile par pression d'air avec le caisson adjacent...

«J'adore avoir des secrets dans mes meubles. J'ai un dossier rempli de photos d'assemblages, de niches et de caissons secrets que j'ai pu trouver et découvrir au cours des années», indique Julien Maréchal, ébéniste français arrivé à Montréal il y a quatre ans.



Minutieux, patient, passionné, l'artisan ne calcule plus les heures de travail qu'il passe à créer et à peaufiner ses meubles signés L'Autre Atelier.

Car si son entreprise, fondée au printemps, se consacre principalement à la production de projets architecturaux et sur mesure, il aime également «bricoler» de petites séries de mobilier à partir de bois et de matériaux récupérés qu'il rapporte à son laboratoire de la rue Masson.

«Je déteste jeter les retailles. Parfois, c'est du noyer et ça coûte cher. Donc, entre deux contrats, la création trouve son droit de vivre.»

En faisant preuve d'imagination et en employant des techniques anciennes, il valorise divers matériaux bruts utilisés pour la construction.

Sa première collection, par exemple, qui se compose notamment d'un buffet, d'une commode à sept tiroirs et de boîtes à coton, a été réalisée à partir des restants de panneaux à lamelles orientées (OSB). Lignes simples, quincaillerie haut de gamme et qualité de fabrication caractérisent l'ensemble à l'esthétique néo-industrielle.

Autre particularité, les meubles de Julien Maréchal ne comptent ni clous ni vis, ou le moins possible. «Je fais de l'ébénisterie d'autrefois, je mise sur les tenons, les mortaises, les queues d'aronde et les collages», explique l'artisan qui a perfectionné son savoir-faire dans divers ateliers de Montréal avant de lancer ses propres créations.

Produit sur commande, le coffret La Secrète en est à sa première édition. «Je vais tester de nouveaux matériaux et essayer d'optimiser mon procédé de fabrication afin de les rendre plus accessibles.»

lautreatelier.ca

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Julien Maréchal, ébéniste français, est arrivé à Montréal il y a quatre ans.