Acheter un tapis d'Orient, c'est un investissement. Parce que les plus belles pièces se vendent à prix d'or, certes, mais aussi parce qu'un modèle traditionnel, bien conservé, ne perdra jamais de sa valeur; avec le temps, il peut même valoir jusqu'à 10 fois son prix d'origine. Raison de plus pour faire un choix éclairé.

En Orient, les tapis font office d'oeuvres d'art, recouvrant murs et planchers et se léguant d'une génération à une autre. «Quand on a de l'argent de côté, on achète un tapis», lance Hossein Saeed, Iranien d'origine et propriétaire de Tapis Homa, de Montréal.

Classés parmi les plus précieux, les tapis persans n'ont plus à défendre leur réputation.

Dès les années 80, la politique s'immisce dans la tradition et l'embargo américain sur les produits iraniens profite aux pays voisins: l'Inde, la Turquie et le Pakistan commencent à envahir le marché du tapis en s'inspirant des designs iraniens.

Pour s'agencer aux modes, les productions modernes ont toutefois délaissé les couleurs et les motifs traditionnels qui reliaient un tapis à sa ville d'origine, sa culture ou sa tribu, explique Hossein Saeed. Effet positif de cette modernisation du tapis, on dispose aujourd'hui d'un vaste choix de couleurs, de motifs et de grandeurs dans les modèles orientaux.

Depuis plusieurs années, des couleurs qui ne se trouvaient pas dans les tapis traditionnels - puisqu'ils ne pouvaient être formés à partir de teintures végétales, comme le rose ou le turquoise - ont donc fait leur apparition dans les dessins, au grand plaisir des décorateurs.

Mais avant d'acheter un tapis oriental, insiste M. Saeed, il faut magasiner et se renseigner, «un peu comme on le ferait pour une voiture». Car on peut facilement se faire avoir et payer beaucoup plus qu'on ne le devrait pour une imitation...

James Turner, coauteur du livre The Persian Carpet - The Vision of a Whole People et vendeur chez Tapis Nouraie, recommande de commencer par un tapis de petite taille pour un premier achat. Quatre pieds sur six pieds, par exemple. «Il trouvera toujours une place de choix dans n'importe quelle pièce. Et vous serez rapidement séduit par sa chaleur et l'ambiance qu'il crée.»

Comment reconnaître un tapis fait à la main?

Un tapis tissé à la main sera beaucoup plus durable qu'un autre fabriqué à la machine. Chez Homa, on vend même des tapis faits à la main qui ont de 70 à 100 ans.

Il suffit souvent d'un coup d'oeil pour reconnaître un tapis tissé à la main. Les marchands se feront un plaisir de vous montrer son revers pour en vanter sa qualité. On y verra clairement les noeuds, aussi bien que le dessin. L'endos d'un tapis fabriqué à la machine se distingue pour sa part par sa trame de lignes droites, qui lui donne un aspect de canevas. Il est aussi généralement plus rigide. Les franges, quant à elles, sont cousues plutôt que d'être le prolongement des fils de la base.

Des prix en dents de scie

La différence de prix entre un tapis confectionné à la main et un autre tissé mécaniquement peut nous surprendre (ajoutez un zéro de plus au total!), puisque le temps de fabrication entre en jeu. Un tapis persan de la ville de Qom de grande taille peut prendre deux ans - même plus - à fabriquer! Calculez aussi que plus le tapis est fin, plus il coûtera cher en raison du nombre de noeuds par superficie.

À noter que les tapis sont classés «exceptionnellement fins» à partir de 500 noeuds par pouce carré.

La composition du tapis influence elle aussi le prix. La majorité des tapis tissés à la main sont en laine, mais il en existe différentes épaisseurs et qualités. Celle qui vient de Nouvelle-Zélande est notamment plus coûteuse.

La présence de soie fera aussi grimper le prix du tapis rapidement. Reconnaissable à son allure brillante et à sa douceur, agencée à la laine ou tissée seule, la soie est pourtant de plus en plus remplacée par de la viscose, moins chère, mais aussi moins durable.

Les tapis les plus abordables sont quant à eux tissés à la machine à partir de matériaux à 100% synthétiques.