Anciennes chaises dépareillées, table en bois brut, lavabo rose rétro... Luce Meunier prouve qu'il est possible de s'offrir un intérieur branché sans se ruiner. Sa tactique? Chiner. «Bien sûr, si j'en avais les moyens, je parcourrais les boutiques de meubles haut de gamme», confie l'artiste et styliste qui vit dans un petit appartement, au coeur du Plateau Mont-Royal. «Chiner s'avère pour moi la seule façon de composer un décor à mon goût, poursuit-elle. Il faut toutefois y mettre du temps.»

Chaises désassorties

Rien de plus «hip» que d'entourer une table en bois brut de chaises aux couleurs ou aux formes variées. La solution de Luce Meunier: «Ma table de salle à manger en bois blanchi provient d'un mariage champêtre. J'ai diminué sa taille et je l'ai agrémentée de chaises et de fauteuils de différentes couleurs dénichés chez un brocanteur.» Conçues par les designers Charles et Ray Eames au milieu du siècle dernier, elles sont composées de fibre de verre, précise Christian Larocque, chineur expérimenté.

La vie en rose

Lors du dernier Salon du meuble de Milan, des sanitaires aux teintes pastel, évoquant celles des années 50 et 60, ont été dévoilés. Le fabricant Flaminia en a d'ailleurs présenté en version bleu poudre et rose tendre. Pour sa part, la Montréalaise n'a pas eu à claquer une fortune pour être dans le coup. Une collègue lui a refilé une ancienne baignoire et elle a obtenu (pour une bouchée de pain) un lavabo et une toilette roses sur un site de petites annonces.

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Au moment où les fabricants européens remettent les sanitaires pastel au goût du jour, Luce Meunier a obtenu cette toilette rose à très bas prix sur l'internet.

Esprit vintage

Sur une table gigogne de style scandinave (un cadeau de sa mère), Luce Meunier a soigneusement mis en valeur quelques-unes de ses trouvailles, dont un petit ventilateur (découvert dans un bazar) ainsi qu'une lampe en céramique coiffée d'un abat-jour en fibre de verre, tous d'époque. À proximité, deux fauteuils bruns à rayures, typiques des années 70, font office de «canapé». Rien ne vient alourdir les lieux dominés par les matériaux modestes.

«J'avais besoin de calme visuel dans mon espace de vie, car mon atelier est surchargé de matériaux et de toiles en cours de réalisation», confie l'artiste.

Savoir chiner

Comment dégoter le «trésor» parmi des tas de vieilleries? Luce Meunier et Christian Larocque nous livrent deux règles de base.

- Prendre le temps de ratisser inlassablement la ville et la campagne où se tiennent les ventes-débarras et les bazars. «Les meubles de chalet de l'un peuvent être des trouvailles pour l'autre», rappelle Christian Larocque, qui a déjà tenu une brocante, ainsi qu'une boutique-galerie consacrée aux objets des années 1900 à 1980. «J'ai déjà déniché un célèbre fauteuil Winnipeg Chair, de l'architecte canadien James Donahue, pour 5$ dans le fouillis d'un garage de la Rive-Sud», confie-t-il.

- Être patient. Il se peut qu'un vieil objet ne trouve pas immédiatement sa place dans votre décor. Et ce n'est pas parce que vous cherchez un meuble particulier que vous allez le trouver sur-le-champ.

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La propriétaire de cet appartement a soigneusement posé sur cette table d'inspiration scandinave quelques objets rétro, dont un ventilateur et une lampe des années 50.