Tenues de soirée, talons aiguilles, vin et petites bouchées... La foule s'était mise sur son trente et un au gala d'ouverture du Salon du design d'intérieur de Toronto (IDS12), qui s'est terminé dimanche dernier. Pour l'occasion, le célèbre designer Karim Rashid, qui habite New York, a allumé l'ambiance en faisant office de DJ, au milieu d'une cage jaune citron.

Fréquenté tout autant par les mordus de design que par les professionnels et les familles en quête d'inspiration, le salon IDS12 a permis de découvrir les nouveautés en matière de décoration, de mobilier et d'électroménagers grâce aux quelque 300 exposants.  

Sans compter les vedettes internationales invitées, comme la designer française Matali Crasset et les nouveaux talents d'ici, rassemblés au Studio North.

En prime, un grand nombre d'activités satellites étaient proposées, dans le cadre du Toronto Design Offsite (TO DO). Ouf! Les mordus d'avant-garde et d'oeuvres de la relève canadienne ont eu l'embarras du choix.

Parmi les expositions alternatives les plus branchées, il y avait: Radiant Dark et Come Up To My Room (auxquelles participait la designer montréalaise Anne Thomas, pour TOMA Objets), ainsi que celle intitulée Associates (qui a permis aux visiteurs de découvrir une jeune designer montréalaise, Zoë Mowat, 26 ans) et MOTO (pour Montréal-Toronto), qui s'est tenue dans la boutique torontoise de Domison, qui possède également un magasin à Montréal.

Deux solitudes...

«Nous avons créé l'exposition MOTO dans le but d'atténuer le clivage entre les deux villes, qui se regardent souvent comme deux concurrentes», explique Thien Ta Trung, designer et cofondateur de Domison avec sa soeur My.

«Nous profitons de la Semaine du design de Toronto pour rapprocher les milieux du design des deux métropoles. Il s'agit en quelque sorte de présenter Montréal à Toronto et vice versa», détaille-t-il.

My et Thien ont donc regroupé plusieurs créations conçues par des designers du Québec et de l'Ontario, dont Brothers Dressler, Couper Croiser, Étienne Hotte, Guillaume Sassville, Six point un, Olivier Desrochers, Tahir Mahmood, L'atelier 3/4 fort, Rob Southcott, The Practice of Everyday Design... Lors de l'inauguration de l'installation temporaire, plusieurs d'entre eux se sont déplacés.

Être designer au Canada

Les designers qui adoptent une approche artistique gardent bien souvent un autre emploi (en guise de coussin) pour survivre. Faute de fabricants intéressés, ils réalisent eux-mêmes leurs produits.

«Il y a très peu d'éditeurs qui acceptent de commercialiser nos produits. On devient donc designer-producteur, explique le Montréalais Olivier Desrochers, fondateur d'OD. Je ne vis pas entièrement de mon design et je travaille encore ailleurs, confie-t-il. Heureusement, il y a l'internet qui vient à notre rescousse et, grâce aux blogues et à des expositions comme MOTO, notre travail est diffusé.»

«Il n'est pas évident d'être un designer-artiste au Canada et même en Amérique du Nord, renchérit le Torontois Rob Southcott. Les Européens considèrent le design de leur maison comme une expression de leur personnalité alors qu'ici, c'est bien souvent le prix qui importe. Par chance, poursuit-il, il y a l'internet et un certain nombre de clients amateurs d'art et de design.»