La chambre de l'ado, qu'elle soit pour fille ou pour garçon, est insoumise. Elle échappe aux règles, désobéit aux modes, s'oppose aux recettes toutes faites. Chacune, en fait, est inédite et résume la personnalité, éclectique et ouverte sur le monde, de celle ou de celui qui l'habite.

«Jusqu'à 11 ans, c'est le règne de la chambre d'enfant. Elle a, entre autres, pour thèmes les animaux de la ferme, le fond émeraude de l'océan, les voitures ou les princesses. À 11 ans, donc, c'est la rupture. C'est la chambre postenfance qui prend place. Elle est faite pour durer. Jusqu'à 19 ou 20 ans peut-être», trouve Josée Hivon, designer d'intérieur de Québec.

 

Or, cette chambre, arrangée en une mosaïque de «centres d'intérêt», n'est ni excentrique ni un «garage» d'objets et de vêtements essaimés sans façon.

«Les ados ont des champs d'intérêt variés. Ils veulent que ça paraisse dans leur chambre à coucher. Ils y impriment leur personnalité. Ils savent ce qu'ils aiment, mais ont du mal à attacher les ficelles de façon à ce qu'elle soit organisée, présentable, harmonieuse et enveloppante», continue la designer, qui est également pdg d'Arts Décoratifs Josée Hivon, rue Frank-Carrel.

Il faut donc les écouter. Puis, tout en étant sensible aux parents, qui craignent d'être entraînés dans un luxe de dépenses, on doit leur proposer, «en tant que designer», des aménagements durables qui leur ressemblent. Parfois, ce peut être un genre de loft. Et de sorte, finalement, qu'ils puissent dire : elle a tout compris.

Les ados ont vu tant de choses dans les magasins, se sont enthousiasmés pour des aménagements qu'ils ont vus chez des amis et qu'ils voudraient reproduire dans leur chambre, ont un gros béguin pour une couleur, ont une collection d'objets, un «ordi», un système audio, une télé, un pupitre, des photos et des objets fétiches. Ils ne savent pas où donner de la tête. Leurs parents, de même.

Multifonctionnelle

Ils veulent être bien dans leur chambre, soit. Sous un éclairage tamisé, de préférence. Seuls, oui. Mais jamais complètement. Car ils éprouvent aussi le besoin d'entretenir des liens avec l'extérieur. C'est pourquoi leur pièce est multifonctionnelle. «Ils y dorment, reçoivent des amis, lisent, travaillent, clavardent, écrivent, dessinent, regardent la télé, écoutent de la musique, naviguent sur Internet et se mettent beau», continue Mme Hivon.

D'un autre côté, si les «ados» sont encore friands d'affiches, ils les aiment joliment encadrées ou habillées. Ce qui trahit un peu leur côté graphique.

Ils aiment les coussins en «fausse fourrure» de toutes tailles. Leurs couleurs éclatantes contrastent avec celles des murs et des plafonds. Autrement, ils perdraient leur premier rôle dans le décor, ils ne seraient plus le centre d'intérêt. Sur leur lit, couvert d'une couette moelleuse et peu salissante, et ailleurs, des jetés sont disposés suivant une désinvolture calculée qui donne toute la mesure à leur «petit salon de réception».

«Les jeunes sont très confos», souligne Josée Hivon. Ils aiment ce qui est moelleux, n'aiment pas avoir froid aux pieds. C'est pourquoi ils ont leur carpette. Sans compter le «pouf poire», qu'ils pétrissent en dossier ou pour s'affaler. «Cet accessoire est prisé parce que très actuel», dit-elle.

D'un autre côté, ils se commettent. S'ils aiment le hockey, un bâton, qu'on aura peint «gris électrique» ou argent, servira de tringle à leur rideau. Lequel, en revanche, est opaque, parce que le matin, afin de faire la grasse matinée, ils ne veulent pas que la lumière les incommode.

Le rideau doit toutefois se prêter à diverses compositions : en côtelé, en ballon, en panneaux, en cantonnière, avec embrasse, baguette, aimant ou cordelière. C'est selon.