Quand on passe la porte de la maison de Jérémie Boudreau et André Boisvert, une charmante propriété de 125 ans à Mont-Saint-Hilaire, c'est Alice de l'autre côté du miroir, le côté inquiétant en moins. Ici, rien n'est comme d'habitude. Une patine chaleureuse luit sur les murs intérieurs de toute la maison, pleine de trouvailles originales, de la table de travail verte avec deux demi-mannequins en guise de pattes (deux paires de jambes et de fesses) à la salle de bains inspirée d'un tableau de Paul Chabas (September Morn).

C'est dire si la journaliste avait hâte de découvrir l'endroit où cette femme de théâtre - Jérémie dirige le petit théâtre Arts Station, à Mont-Saint-Hilaire - range son linge et ses souliers. «Une sorte de loge d'artiste à la maison», avait décrit, enthousiaste, une autre artiste...

 

Jérémie a choisi une pièce à l'étage et en a confié l'aménagement à son fils, Sullivan Otis. « Je lui ai dit : «Fais-moi un endroit qui me ressemble.» Un lieu confortable qui s'harmonise avec le reste de la maison. Pas de tablettes en mélamine, s'il te plaît!

«Lui qui est plutôt zen, poursuit Jérémie, il a su s'adapter à mon style, baroque, théâtral.»

Dans ce placard ultra fonctionnel - «le côté pratique était très important!»-, le foisonnement de tissus, de souvenirs de scène et de souvenirs de voyage rappelle les roulottes bohémiennes. Le toit mansardé et la table à café flanquée d'un fauteuil bas sur pattes créent une ambiance intime. Pour un peu, on s'y ferait dire la bonne aventure...

Beaucoup d'objets mais aussi de la lumière, de l'espace, un éclectisme bien ordonné. Jérémie y est à l'aise pour choisir vêtements, bijoux et souliers, laisser tomber en tas les morceaux écartés, vérifier sa tenue dans la psyché, retoucher son maquillage... Comme une comédienne dans sa loge, avant d'entrer en scène.

Aussi n'est-il pas étonnant que l'endroit recueille ses réflexions sur la prochaine saison de spectacles, comme en témoignent quelques papiers sur la table.

La lumière du jour entre dans ce placard par une fenêtre de belle grandeur, ornée de deux tissus, un ivoire et un vert. Quand ils sont dénoués, les rideaux traînent voluptueusement sur le sol.

Gravitant autour de la table à café centrale, Sullivan a disposé la penderie, la psyché, l'étagère à souliers, la coin «coiffeuse» et le coin «bijoux».

Souliers vrais et faux

Les trois tablettes ondulées chargées de chaussures vraies et fausses mériteraient à elles seules une place dans un musée. Les godillots de tous les jours, les escarpins, les bottillons et même de fines sandales de Nouvelle-Zélande y côtoient les godasses démesurées qu'un personnage de théâtre vendait sur la plage.

Le coin à bijoux ne manque pas d'intérêt, avec son grillage pour suspendre les boucles d'oreilles et ses trois tablettes garnies d'objets de fantaisie. Pour les petites-filles jumelles de Jérémie et André, Lovna et Félina, bientôt 5 ans, rejetons de leur fille Danaël, c'est la caverne d'Ali Baba.

«Elles raffolent de ce coin de la pièce, plein de choses à découvrir: des tasses minuscules, des gants qui ne serviront plus...»