Philippe Malouin, 26 ans, a grandi à Salabery-de-Valleyfield et habite aujourd'hui le quartier Stoke Newington, à Londres. Il vit et travaille dans un studio de 40 mètres carrés comportant une mezzanine.

«Autour de moi, il y a mon ordinateur, une scie à table, une perceuse à colonne, ma chaise Rocco et plusieurs tables pour concevoir et fabriquer mes prototypes», explique le designer qui, dans un même souffle, avoue: «Ça fait plus d'un an que je n'ai pas mis les pieds à Montréal et j'ai vraiment hâte d'y retourner. Je m'ennuie beaucoup de ma mère Josette, de mon père Maurice, de ma soeur Catherine et aussi de la joie de vivre des Québécois.»

Alors pourquoi ne pas revenir au Québec? «La demande pour le type de design que je fais n'y est pas assez grande. En Europe, c'est tout le contraire.» Il enchaîne: «Il faut s'exporter pour réussir dans ce domaine. Nul n'est prophète...»

Dans l'édition du New York Times Magazine du 31 mai 2009, Philippe Malouin apparaît à la première page d'un reportage consacré aux créateurs prometteurs de moins de 40 ans, présents lors du dernier Salon du meuble de Milan. Sa collection d'accessoires (lampe, banc, un vase...) Standard pouvant être fixés sur des crémaillères conventionnelles est montrée. Aussi: on aperçoit son fauteuil-lit Tent sofa pour Campeggi.

«C'est la folie! Je suis hyper occupé. C'est presque trop...» laisse-t-il tomber à l'autre bout du fil. Primeur: il vient tout juste de conclure une entente avec Droog, une prestigieuse marque de design avant-gardiste et (plutôt) conceptuel d'Amsterdam. Droog collabore avec plus de 200 concepteurs dans le monde et, cette année, l'entreprise éditera trois pièces de Philippe Malouin. «Au moins une de mes créations sera également présentée à leur salle d'exposition de New York», précise-t-il.

De toute évidence, la démarche créative du Québécois séduit. Comment résumer son style? D'abord, le designer aime à placer les utilisateurs au coeur de ses créations. Ensuite, il mise sur l'utilité, comme l'économie d'espace. Ses produits sont réalisés avec soin dans des matériaux simples et appropriés. Pas de surenchère stylistique, mais plutôt de joyeux détournements inspirés du quotidien. Ainsi, un supplément de poésie est insufflé.

Itinéraire d'un designer doué

Philippe Malouin a d'abord étudié le design et l'art à l'Université Concordia pendant un an. Il s'est ensuite inscrit à l'École de design industriel de l'Université de Montréal. Il y est resté un peu plus d'un an. Grâce à une bourse de mobilité, il a atteri à Paris et a fréquenté l'ENSCI (École nationale supérieure de création industrielle). En juillet 2006, il a filé vers Amsterdam afin d'effectuer un stage chez Frank Tjepkema (Tjep). Ce dernier l'a incité à poursuivre ses études non pas à Montréal mais à la Design Academy Eindhoven.

«Jamais je n'aurais espérer aller à Eindhoven, mais Frank m'a aidé», raconte Philippe Malouin.

À l'été 2007, il se retrouve auprès du célèbre designer Tom Dixon, lors d'un stage à Londres. Il complète sa formation en février 2008. Deux mois plus tard, certains finissants sont invités à montrer leur projet à la galerie milanaise Spazio Rossana Orlandi, un endroit (très branché) où sont exposés les produits des créateurs émergents les plus prometteurs.

«Mme Orlandi a gardé les trois pièces chaise Hanger, table gonflable Grace et luminaire tournant Dervish que j'avais présentées à sa galerie», souligne Philippe Malouin.

Photo: Charly Leborgne

Conçu pour la galerie parisienne NextLevel, le siège Skid row et son repose-pied possèdent une structure tubulaire d'acier et un tissu composé de billes de bouleau, toutes sont retenues par des élastiques (tissage manière raquette de tennis).

Après avoir vu l'exposition, Tom Dixon a contacté son ancien stagiaire. Depuis, Philippe Malouin est consultant pour le designer mondialement connu. D'autres galeries l'ont par la suite invité, notamment Fumi, à Londres, et NextLevel, à Paris. En avril dernier, lors du Salon du meuble de Milan, Philippe Malouin a exposé de nouveau ses créations chez Spazio Rossana Orlandi. «Mais c'est à la galerie montréalaise Commissaires que j'ai présenté l'une des mes premières créations, alors que j'étais à l'Université de Montréal. J'avais moulé des chandelles noires dans des bouteilles d'eau usagées conçues par des designers célèbres, comme Philippe Starck et Ross Lovegrove», termine-t-il.

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La boutique-galerie Commissaires, boulevard Saint-Laurent, à Montréal, présente deux des pièces les plus connues de Philippe Malouin: la chaise Hanger et la table gonflable Grace, jusqu'au 30 juin.

www.commissairesonline.com

www.philippemalouin.com

Photo: Philippe Malouin

Philippe Malouin a volontairement reproduit des embouts de protection pour les pattes et les angles du fauteuil Handle without care.