Provocant, le titre de la nouvelle exposition présentée à la boutique-galerie Commissaires, boulevard Saint-Laurent, titille la fibre patriotique du Québécois amateur de design ou de hockey: Les Maple Leafs ont toujours eu des plus beaux chandails. Quant au thème, Design from Toronto, il est inscrit dans un vieux logo en forme de feuille d'érable de l'équipe torontoise.

Provocant, le titre de la nouvelle exposition présentée à la boutique-galerie Commissaires, boulevard Saint-Laurent, titille la fibre patriotique du Québécois amateur de design ou de hockey: Les Maple Leafs ont toujours eu des plus beaux chandails. Quant au thème, Design from Toronto, il est inscrit dans un vieux logo en forme de feuille d'érable de l'équipe torontoise.

«C'est une façon un peu baveuse de susciter des réactions auprès des designers montréalais et, surtout, de faire découvrir le dynamisme et la créativité du milieu du design de Toronto», admet Pierre Laramée, propriétaire de Commissaires et ex-publicitaire.

La créativité des Torontois serait-elle sur le point de dépasser celle des Montréalais? «Je ne voudrais surtout pas discréditer le talent à Montréal, bien au contraire, rectifie Pierre Laramée. Mais il existe aujourd'hui un contexte favorable au design d'objets avant-gardiste à Toronto», précise-t-il.

Ainsi, des boutiques torontoises comme Ministry of the Interior (dont le propriétaire est co-commissaire de l'exposition à Montréal) présente sur un pied d'égalité des nouveautés internationales très cotées et des produits canadiens pointus.

Autre lieu de diffusion couru? Made, une boutique spécialisée dans le design moderne canadien. Parmi les événements incontournables à Toronto, il y a l'exposition alternative Come Up To My Room, à l'hôtel Gladstone où, à chaque année, en février, il est possible d'admirer des installations et des produits réalisés par des concepteurs qui se démarquent.

Sans compter que plusieurs designers torontois s'inscrivent dans un courant international qui fait la une des magazines et des blogues spécialisés: la création d'objets conceptuels (plutôt que strictement fonctionnels) qui associent art et design.

Des lampes ou des nids?

Lucas Brancalion a d'ailleurs déjà présenté ses créations à l'hôtel Gladstone. L'une de ses pièces phare, la suspension Nest aux formes organiques alliant le rotin et le bambou, est exposée chez Commissaires. Trois modèles (entre 400$ et 800$) sont dévoilés.

«Mon inspiration provient de l'observation des oiseaux qui bâtissent leur nid», explique le designer, né à Toronto en 1982.

Dînette en 2D

À la fois artiste et designer graphique, Jade Rude pique la curiosité des amateurs d'avant-garde grâce à l'une de ses créations à deux dimensions. Imaginez un ensemble de salle à manger de cinq pièces (quatre chaises, une table) en placage de pin, surmonté d'un lustre craquelé, le tout collé au mur. Les dimensions du mobilier sont celles d'un ensemble vendu dans un grand magasin d'ameublement suédois.

«J'explore le rapport entre la perception et la présence physique des choses», raconte Jade Rude qui s'adonne aussi à la déconstruction des icônes de l'élite. Comment? «En utilisant entre autres des matériaux abordables», répond-elle. À preuve, elle a réalisé le lustre en 2D qui surplombe l'ensemble de salle à manger à partir d'un panneau d'éclairage que l'on trouve généralement dans les lampes à fluorescents des bureaux.

Autre exemple: ses cadres brillants ne sont pas en or véritable mais ils ont été conçus pour évoquer l'extravagance du XIXe siècle. Il faut compter 145$ pour en obtenir trois.

Castor coté

Parmi les designers torontois les plus cotés réunis à la boutique-galerie montréalaise, il y a Castor, un studio formé de trois concepteurs, dont Brian Richer, un Canadien français d'origine, précise-t-il. Trois de leurs produits (branchés et pas donnés!) sont exposés: un luminaire primitif fait de cordons (comme ceux des vieux téléphones) et nommé This is not a f**king Droog light (1800$). Il y a aussi une lampe sphérique composée de plusieurs fluorescents recyclés au milieu desquels se trouvent une ampoule à incandescence (950$), ainsi qu'un tabouret inspiré par ceux des chasseurs (1900$).

Alliant impertinence et créativité, Castor a su se faire une place enviable dans le milieu du design émergent. Leur vision? Rendre n'importe quoi attrayant!

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L'exposition Les Maple Leafs ont toujours eu des plus beaux chandails se tient chez Commissaires jusqu'à la mi-novembre. 5226, boul. Saint-Laurent, Montréal.

 

Photo Robert Skinner, La Presse

Faites d'un mélange de rotin et de bambou, ces suspensions présentées à la galerie-boutique Commissaires sont signées Lucas Brancalion.