Garde-corps, parois et clôtures vitrées se multiplient à l'intérieur et à l'extérieur. Survol d'un phénomène qui est loin de s'essouffler.

JEUX DE TRANSPARENCE

Vanessa Lafrenière et Marc-André Dion voulaient que leur maison à Blainville soit lumineuse. Mission accomplie. Non seulement la lumière pénètre à profusion à travers les grandes fenêtres, mais elle circule librement à l'intérieur.

Le secret? L'utilisation stratégique du verre. Sa transparence, par exemple, sert bien l'escalier.

«C'est la pièce architecturale la plus imposante de la maison, mais elle est quand même discrète», fait remarquer Marc-André Dion, entrepreneur en construction, qui a mis son expérience à profit pour construire une résidence où sa famille et lui se plairaient.

Sa conjointe, qui a beaucoup participé au design intérieur, apprécie aussi la légèreté de l'escalier.

«On le voulait le plus aérien possible, précise-t-elle. Sans contremarches, il n'est pas lourd visuellement. Cela agrandit l'espace.»

Autre avantage: le garde-corps de verre laisse toute la place au noyer noir américain, utilisé abondamment tout autour, autant au sol qu'au mur, encadrant les fenêtres et formant les marches.

«Le verre, en étant neutre, ne vient pas contrebalancer l'effet du bois. On l'oublie pour mieux porter attention à ce qu'on veut voir», explique Vanessa Lafrenière.

À l'étage, surplombant l'entrée et la cage d'escalier, le bureau est bordé de vitres sur deux côtés.

«Je peux voir les arbres tout autour, souligne Marc-André Dion, qui veut profiter de son emplacement, dans un terrain boisé. Le bureau a l'air spacieux.»

Le couple désirait que sa demeure fasse partie intégrante de la nature. Il s'est tourné vers l'architecte Jeffrey Leguë, dont l'agence se trouve à Trois-Rivières, mais qui rayonne bien au-delà.

«La maison a été conçue en fonction de l'orientation solaire et des vues, explique ce dernier. Une grande partie vitrée, au sud-ouest, est ouverte sur le jardin et la cour. La façade aussi est vitrée. Le défi est de parvenir à préserver l'intimité.»

Les espaces de vie (le salon et la cuisine) se trouvent ainsi à l'arrière de la maison et donnent sur un bois. De la rue, c'est le hall d'entrée et l'espace de circulation, avec l'escalier, qui peuvent être vus.

«Les propriétaires s'exposent à la vue quand ils circulent d'un étage à l'autre, mais ils vivent très bien avec cet aspect-là», précise Jeffrey Leguë.

Ce sont eux aussi qui ont choisi d'avoir un garde-corps en verre, fait-il remarquer.

«Le choix de rampes est limité, dit-il. Pour des raisons de sécurité, les barreaux ne peuvent pas être mis à l'horizontale. Ils doivent être à la verticale. Ce n'est pas contemporain.»

Bel effet

Jean-Sébastien Marcotte, propriétaire de la société Vitrévolution, n'a jamais été aussi sollicité. Des designers et des entreprises ont en effet recours à son expertise lorsqu'ils font des projets intégrant du verre sur mesure.

L'installation de douches de verre ne l'occupe plus comme avant. Ce sont plutôt les garde-corps de verre, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur, en bordure de balcons ou de piscines, qui monopolisent son temps et celui de ses employés. La pose de parois vitrées dans des couloirs ou des pièces fermées gagne aussi en popularité.

«Les gens aiment l'effet d'espace et la luminosité que le verre procure. Ils recherchent aussi son côté spectaculaire.»

Le prix plus élevé n'est pas un frein pour bon nombre de clients. «Ils se disent que cela vaut la peine de ne pas avoir la vue obstruée, note-t-il. Tant qu'à rénover, ils sont prêts à dépenser un peu plus.»

La popularité du verre varie selon l'âge et l'emplacement, constate Vincent Rousseau, copropriétaire de la société Escaliers Multi Design, qui travaille régulièrement avec Jean-Sébastien Marcotte.

«Nos clients sont à Montréal, au centre-ville, à Saint-Laurent, à Tremblant, explique-t-il. Ils sont assez jeunes et aiment le style contemporain. Ils apprécient donc le côté épuré du verre. Il y a une forte demande, autant dans la réno que dans la construction neuve. Nous posons aussi beaucoup de murs de verre avec une bordure de métal.»

Installation incluse, un garde-corps de verre coûte environ 25 % plus cher qu'un garde-corps composé de poteaux de bois ou de métal, estime-t-il. Alors que le prix de ces derniers varie entre 120 $ et 150 $ le pied linéaire (clés en main), le prix du verre atteint de 175 $ à 300 $ le pied linéaire. «Tout dépend de la dimension du verre, s'il y a des poteaux ou si c'est vissé sur le côté de l'escalier», explique-t-il.

Un investissement

S'il avait opté pour un autre matériau que le verre, Marc-André Dion ne croit pas que son escalier aurait coûté moins cher.

«Nous n'aurions pas fait un escalier standard, affirme-t-il. Nous aurions réalisé quelque chose d'artistique. L'escalier est l'endroit dans la maison où on doit mettre de l'argent. Ce n'est pas comme la céramique dans la salle de bains, qu'on changera dans quelques années.»

Et l'entretien? Ni sa conjointe ni lui ne s'en font outre mesure, même s'ils ont trois petits garçons: Tom, 3 ans, Arno, 2 ans, et Noa, 6 mois.

«C'est salissant, admet Vanessa Lafrenière. Quand ils sont dans l'escalier, les enfants mettent les doigts dans les vitres. C'est un compromis. Ils vont grandir vite.»

Dans la salle de bains attenante à la chambre principale, l'entretien de la spacieuse douche vitrée sur trois côtés ne les fait pas non plus sourciller. «On passe le squeegee après chaque douche, dit Marc-André Dion. C'est une habitude.»

À l'extérieur, un garde-corps vitré a aussi été privilégié en bordure de la terrasse. «On oublie le verre, indique Vanessa Lafrenière. C'est la piscine qu'on veut voir et les enfants qui jouent.»

Photo Robert Skinner, La Presse

Dans la salle de bains adjacente à la chambre principale, la douche est éloignée du mur et vitrée sur trois côtés. Cela a permis d'intégrer une fenêtre dans la pièce.

LE VERRE À LA RESCOUSSE

Josée Aubertin en avait assez de vivre à l'étroit, dans un espace compartimenté et sans lumière, sur le Plateau. Elle a profité du départ du locataire à l'étage pour s'approprier les deux premiers niveaux de son triplex. Les travaux de rénovation, qui viennent d'être exécutés, ont été majeurs. Résultat? La lumière circule maintenant librement, en mettant le verre à profit.

La porte-fenêtre

Il est difficile d'imaginer que la chambre de la propriétaire, éclairée par une petite fenêtre, se trouvait à l'emplacement du salon. L'installation d'une poutre d'acier a permis d'enlever le mur porteur, qui divisait le rez-de-chaussée. Une deuxième fenêtre a été retirée pour poser une grande porte-fenêtre. Tout le plancher a été arraché. «Il y avait un problème de moisissure dans les poutrelles, explique l'entrepreneur Marc-André Dion, qui a réalisé les travaux. La terre dans le vide sanitaire était trop près. Il a fallu excaver pour donner plus d'aération à la charpente. Le plancher a été isolé. On a aussi mis une moustiquaire pour tenir loin les insectes.»

Fenêtres intérieures

Josée Aubertin a opté pour un revêtement de plancher en érable naturel. «Cela donne plus de luminosité, indique-t-elle. Avant, tout était foncé.» Une autre raison sous-tendait ce choix: elle désirait absolument une pièce fermée avec un mur de verre et d'acier. «Du bois naturel en allégerait la masculinité, précise-t-elle. J'avais une fixation.» Avec l'architecte Annie Charbonneau, elle a cherché où installer ce fameux mur vitré. Dans sa chambre à l'étage, cela ne fonctionnait pas, ni dans le fond de la cuisine, où se trouvait auparavant la chambre de sa fille. La cuisine aurait été au milieu de tout.

Bureau vitré

La pièce vitrée a finalement été créée près de l'entrée, où se trouvait auparavant le salon. La propriétaire était sceptique au départ, mais elle est contente d'avoir suivi les conseils de l'architecte. «J'aime voir l'animation de la rue, souligne-t-elle. Le fait de rendre une partie de l'autre mur vitrée me permet de regarder dehors.» La nouvelle pièce remplit plusieurs fonctions. Elle sert à la fois de salle d'exercice et de chambre d'amis, puisqu'un lit escamotable y a été installé.

Escalier et équilibre

Au début, l'escalier devait avoir des composants de métal. «Je cherchais une allure plus industrielle, mais cela aurait été chargé», admet la propriétaire. Elle a regardé des photos d'escaliers avec un garde-corps en verre. C'est finalement une annonce à la télé, avec un escalier en érable à l'arrière-plan, qui l'a inspirée. L'ébéniste Gino Alary a réalisé exactement ce qu'elle recherchait. «L'équilibre est parfait, dit-elle. Et il a coûté moins cher que ce que je prévoyais faire au départ. Il occupe une belle place, mais on ne voit pas juste cela.»

Verre satiné

Dans le couloir à l'étage, en haut de l'escalier, Josée Aubertin avait prévu installer une grande porte entièrement de métal, activée par un système de poulie. «Je voulais équilibrer le côté féminin», explique-t-elle. L'entrepreneur Marc-André Dion l'en a dissuadée. «L'effet aurait été trop lourd», fait-il remarquer. La porte, réalisée sur mesure par le soudeur Benoît Paquette, intègre du verre satiné. Ce qui l'allège considérablement. Une deuxième porte identique, installée dans la chambre principale, donne accès à un atelier. Une poignée de style ancien leur donne un cachet vieillot. Elles se marient bien avec le mur de brique original, datant de 1896, qui donne de la chaleur à la cage d'escalier et à la chambre.

Chambre lumineuse

La chambre principale, à l'étage, est inondée de lumière. Les deux petites fenêtres qui éclairaient auparavant une chambre et une salle à manger ont été remplacées par une grande porte-fenêtre. «Elle a totalement changé l'allure de la pièce, indique la propriétaire. L'idée était d'agrandir le plus possible, sans ajouter de pieds carrés.» À noter: la porte de métal et de verre satiné, qui donne accès à un atelier.

Comme à l'hôtel

Josée Aubertin se sent à l'hôtel lorsqu'elle est dans sa salle de bains, au rez-de-chaussée. Sa douche de verre, vitrée sur deux côtés, y est pour beaucoup. Pourtant, des murs de céramique étaient initialement prévus. Elle a fait faire le changement quand elle a vu l'espace qu'occupait la douche, une fois la préparation pour la base effectuée. «Cela avait l'air étouffant, révèle-t-elle. Les panneaux de verre, qui vont jusqu'au plafond, donnent de la hauteur. C'est plus épuré et la pièce a l'air plus vaste.» Les grandes tuiles de céramique contribuent aussi à donner un effet de grandeur.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Josée Aubertin était lasse de vivre dans un espace peu éclairé. Trois mois après le début des travaux, son intérieur est métamorphosé. La lumière entre à flots grâce au verre, mis à profit.