Comment mettre en valeur les nombreux dessins et bricolages des petits? Voici trois options qui montrent bien la puissance de l'art des enfants.

Des oeuvres d'art, vous en avez chez vous: ce sont des dessins d'enfants qui dorment dans vos tiroirs. Quand Joanne Gauthier a trouvé le dessin de son fils Émile dans les affaires de son conjoint décédé, elle a eu le coeur serré. Elle ne connaissait pas l'existence de ce dessin, réunissant père et fils autour d'un feu de camp. «Mon fils l'avait fait plusieurs années avant le décès de mon conjoint, lors d'un bricolage à l'école. On avait demandé aux enfants de dessiner le plus beau moment qu'ils avaient vécu. Il avait fait un feu au chalet, avec son père.»

Revenant de son émotion, elle le glisse à la place d'une photo dans un vieux cadre de famille. Quand son fils l'a vu, il s'en est souvenu et il a trouvé qu'il n'était pas beau... «Je trouvais au contraire que c'était bon de se raccrocher à de petites choses. Et pour que la mort du père ne devienne pas un sujet tabou.» Au bas de l'oeuvre, le père et le fils partagent un moment au coin du feu, entourés des arbres et du soleil (!). Mme Gauthier a placé le cadre volontairement au centre du mur, en compagnie de peintures d'artistes québécois tels Le Sauteur, Rousseau, Tanobé, Villeneuve... «Je pense que ça pousse à parler des moments heureux et il y a une guérison qui se fait.»

Comme des toiles

Jean-Philippe Caron, de son côté, travaille dans le domaine de l'art. Et il apprécie les dessins de ses enfants au point de les faire encadrer par un professionnel. Il croit que les oeuvres des enfants n'ont pas à craindre de côtoyer chez soi d'autres oeuvres sur les murs, bien au contraire. «Chez nous, on prend soin de les faire encadrer. Nous avons toujours encouragé nos enfants à s'exprimer artistiquement. Je suis fier de ce qu'ils créent. Je veux qu'ils ressentent aussi cette fierté-là», dit-il. Selon lui, accrocher les créations des enfants à la maison, c'est faire au fond un travail pédagogique. Le but, c'est la valorisation de l'enfant. «Il y a du renforcement et l'enfant gagne en estime de soi», affirme M. Caron, président et directeur de création chez Artifex.

Photo: Marco Campanozzi, La Presse

Jean-Philippe Caron fait encadrer les oeuvres de ses enfants. «Je suis fier de ce qu'ils créent. Je veux dire qu'ils ressentent aussi cette fierté-là», dit-il.

Numériser pour mettre en valeur

S'il est un coin de Montréal où les enfants ont besoin d'encouragements et de valorisation, c'est bien le quartier Centre-Sud. Sylvie Laflamme travaille dans un centre communautaire de la rue de la Visitation. Les enfants du quartier fréquentent le centre pendant les congés scolaires et pédagogiques, car ils ne peuvent pas partir en vacances. L'organisme a lancé un concours sur le thème: Comment vois-tu le centre? Les responsables ont reçu 110 dessins. «On a pris les 10 plus sympathiques et qui respectaient le thème.» Les heureux élus ont vu leur dessin partir chez Artékid pour y être numérisé et agrandi. Ils ont été envoyés ensuite chez un professionnel pour impression sur canevas. Et le plus beau de l'histoire? Les oeuvres ont été vendues dans le cadre de la campagne de financement annuelle. Ils sont accrochés maintenant dans le corridor pour y être admirés de tous.

Photo: Marco Campanozzi, La Presse

Dix dessins d'enfants ont été agrandis et imprimés sur un canevas, avant d'être vendus et accrochés dans un centre communautaire du Centre-Sud.