Vingt-six antiquaires triés sur le volet présenteront leurs trouvailles au Salon d'antiquités du Vieux-Montréal ce week-end, au Marché Bonsecours. Loin du style bric-à-brac souvent associé au genre, ici, c'est champagne, tapis rouge et quatuor à cordes!

«L'objet d'antiquité, c'est une fenêtre sur le passé, affirme l'antiquaire Stéphane Gagnon, qui a fondé le Salon d'antiquités du Vieux-Montréal (SADVM) il y a trois ans. C'est le patrimoine qui va nous survivre.» L'enthousiaste propriétaire de La belle gueule de bois explique qu'on trouvera au salon beaucoup plus que des meubles canadiens-français primitifs. «Nous aurons des articles Louis XIV, Louis XV, Art déco, de l'argenterie, de la vaisselle, des toiles, des horloges, de l'art populaire...»

On peut dénicher un petit moule à sucre d'érable à 50$ ou... 5000$ et même 10 000$. On acquiert un beau bol de bois tourné du XIXe siècle pour 250$, ou un autre, en «burl» (bois issu d'une excroissance d'arbre) pour 10 000$. Un «appelant» (canard de bois) peut valoir 40$ ou... 200 000$. Un oiseau rare, c'est le cas de le dire, pas de ceux qu'on met à l'eau!

Pourquoi des prix si disparates et même extravagants? «La valeur est estimée en fonction de la rareté de la pièce, de son état de conservation et de son originalité, répond M. Gagnon. C'est différent des arts visuels, par exemple, où le coût d'une toile dépend de la cote du peintre.»

«Un objet est le fruit d'un mouvement artistique de son époque, commente Francis Lord, propriétaire de Milord Antiquités, exposant au SADVM. S'il reflète un souci de qualité, s'il présente de beaux matériaux, il a une valeur, qu'il provienne du XVIIIe siècle ou du XXe. C'est une question d'harmonie. Un mobilier français des années 30-40 peut se marier avec certains objets baroques, en fonction des couleurs.»

Crédibilité

Sur le site web du SADVM, on remarque des logos accolés à quelques noms. Le symbole présentant un castor en son centre signifie que l'antiquaire est membre de la Canadian Antique Dealers Association, un groupe d'élite qui n'accepte que des experts très reconnus. Un autre signe, avec feuille d'érable stylisée rouge, signifie que l'antiquaire participe comme expert à la série télévisée Antiques roadshow.

Quel article a le plus impressionné Stéphane Gagnon au cours de sa carrière? «Une sculpture de Jean-Baptiste Côté, utilisée jadis comme publicité pour la vente de tabac», répond-t-il. Côté était un sculpteur très estimé de la fin du XIXe siècle. «La pièce représentait un habitant au style très «patriote»: le long manteau d'hiver, les bottes et le capuchon semblaient en vrai cuir, par la qualité du vernis et les craquelures. L'exécution était exceptionnellement fine, le rendu parfait, sans aucune naïveté.»

La transaction la plus élevée au SADVM? «Un buffet deux corps à losanges multiples, datant d'environ 1700: 300 000$.»

Le SADVM attire des collectionneurs de partout au Québec, ainsi que de l'Ontario et des États-Unis. Les «maniaques» arrivent le vendredi soir, et dédaignent champagne et petits fours pour se lancer dans la course aux achats. Le samedi matin, il reste déjà moins de pièces exceptionnelles.

À signaler cette année: le Musée du Haut-Richelieu exposera des pièces inédites, notamment de la poterie de Saint-Denis et de Saint-Jean.

Prix d'entrée pour le vendredi soir et le week-end: 40$. Les profits vont au Musée du Haut-Richelieu. Samedi ou dimanche: 15$. Dimanche: gratuit pour les moins de 30 ans.

Info: www.sadvm.ca