Lorsqu'elle s'installe au tour, la jeune céramiste Sanny Coulombe se laisse guider par son intuition. Celle-ci la ramène sur la Côte-Nord. Elle lui parle de grève, d'eau et de fonds marins. Et c'est sous ces vagues que l'argile se laisse façonner.

C'est en étudiant les arts plastiques au cégep que Mme Coulombe, originaire de Sept-Îles, s'éprend de la matière qu'est l'argile. Ce qui l'a poussée à s'inscrire à la Maison des métiers d'art de Québec pour apprendre les techniques de la céramique. Elle puise aujourd'hui son inspiration de ses racines riveraines.

Sanny Coulombe a terminé ses études en mai dernier. Elle a remporté cette semaine, pour sa première participation au Salon des artisans de Québec, le prix de la relève, ex-aequo avec le luthier Marc-André Rousseau.

Nouvelle collection

Ce que Sanny Coulombe aime avant tout : façonner l'argile au tour. Elle a développé une nouvelle collection, baptisée Vivre, exclusivement pour le Salon des artisans qui se déroule jusqu'à demain au Centre de foires. Sa dominante est toujours le blanc, note-t-elle. Mais pour cette série, Mme Coulombe a voulu ajouter une touche d'éclat, avec du vert lime, une teinte bien en vogue.

Même si la couleur évoque davantage les champs verdoyants, les formes organiques de ses pièces rappellent toujours la mer. Des motifs qui suggèrent les plantes sous-marines confirment l'impression. Mais si on regarde la tasse de haut, elle se transforme en pomme, à cause de l'anse qui a été tronquée.

«Je trouve réconfortant de pouvoir toucher la tasse», explique la céramiste. Le petit bout, comme une branche, a quelque chose de corallien. Mais c'est avant tout dans l'idée d'y accrocher sa poche de thé que la jeune femme avait dessiné son gobelet ainsi.

Lorsqu'on aperçoit ses plus grosses tasses, c'est l'envie d'y faire gratiner une soupe à l'oignon qui domine. Il n'y a pas de problème, l'émail résistera au four ainsi qu'au lave-vaisselle. Bols, bougeoirs et verres à shooter arborant les même motifs complètent la série Vivre.

Toujours la mer

Autre produit tout aussi maritime, ses coquilles d'ormeau en céramique, moulées cette fois. C'est la boutique Invocations d'Aigle Bleu, de Wendake, qui lui en avait fait la commande, car cette espèce menacée est étroitement surveillée. «Les Amérindiens utilisaient du cèdre, du genévrier, de la sauge ou du foin d'odeur pour purifier l'air, comme de l'encens naturel», explique Sanny Coulombe. Ainsi, la coquille blanche trouée permet de diffuser les effluves.

La céramiste a aussi créé des oeuvres sculpturales en argile, des éponges de mer qui ont fait partie de l'exposition sous-marine d'Aquart, à la «carrière de Flintkote», à Thetford Mines. L'été dernier, les plongeurs pouvaient, au sein d'une exposition subaquatique, y admirer les oeuvres de quelques artistes comme celles de Mme Coulombe.

La jeune femme propose aussi une sélection de bijoux, tournés à la main. Ces formes, créées instinctivement, rappellent souvent les coquillages. Aussi, de petits inukshuks de galets en céramique ont été juchés sur des bouchons de liège pour préserver ses boissons avec style. Voilà des idées «bas de Noël» bien appréciées au Salon des artisans.