Au Japon, elles font sensation. On parle même d'obsession. Dotées d'un siège chauffant, les toilettes high-tech avec bidet intégré lavent et sèchent sans l'aide de papier. Ses adeptes vont jusqu'à dire qu'ils ne peuvent plus s'en passer.

C'est le géant japonais Toto qui a popularisé ce type de sanitaire en dévoilant, en 1980, son siège-bidet haut de gamme Washlet, un nom signifiant let's wash (lavons-nous) et wash toilet (toilettes qui lavent). Aujourd'hui, ce type de produit est utilisé par 70% des ménages japonais.

«Dès que vous l'essayez, vous ne pouvez plus vous en passer», assure Claude Thibault, qui, pendant 15 ans, a été l'agent manufacturier de Toto pour l'Est du Canada. Un siège-bidet, ajoute-t-il, procure une extraordinaire sensation de propreté.»

Autre atout: il réduit l'utilisation du papier hygiénique de 50% à 90% et certains utilisateurs vont jusqu'à l'éliminer. Selon Lenora Campos, directrice des relations publiques chez Toto USA. Ces chiffres peuvent sembler négligeables, dit-elle, mais ils prennent une autre dimension lorsqu'on sait que les Américains consomment plus de 3 millions de tonnes de papier-toilette par année et que la production de chaque rouleau exige en moyenne 0,7 kg de bois.

Certes, un nettoyage réalisé avec un jet d'eau est plus complet que l'essuyage habituel avec du papier. Cette technologie doit toutefois être alimentée à l'électricité. D'où la nécessité d'avoir une prise de courant appropriée près du sanitaire.

«Le temps de nettoyage est déterminé par l'utilisateur et peut être aussi bref que 20 secondes, précise Mme Campos. Sans compter que le Washlet est pourvu d'un économiseur d'énergie.»

Sujet délicat

Alors qu'au Japon, les sièges et toilettes-bidets sont devenus indispensables - qu'ils soient en format portable ou capables d'offrir une analyse d'urine! - l'hygiène personnelle demeure un sujet tabou en Amérique du Nord. Autre réalité: le bidet, cette cuvette vouée à la toilette intime, n'a jamais fait partie de nos habitudes.

«C'est pour cette raison que le siège-bidet n'a pas obtenu une croissance importante au cours des 10 dernières années au Québec. Actuellement, cette catégorie de produits ne représente que 7,5% des ventes de sanitaires Toto», fait remarquer Claude Thibault, qui distribue les produits de cette marque au Québec.

Mais le vent est en train de tourner. Les sièges-bidets n'ont jamais réellement fait courir les acheteurs. Étonnamment, les ventes de toilettes à bidet intégré ont progressé de 55%, cette année. Selon Claude Thibault, l'idée d'allonger 1000$ pour un «simple» siège, aussi sophistiqué soit-il, n'a jamais été très attrayante. Par contre, l'achat d'un sanitaire complet comportant de multiples fonctions de pointe s'inscrit dans la tendance des salles de bains luxueuses dignes des spas. D'où la hausse de popularité des sanitaires avec bidet intégré. Il faut toutefois débourser entre 3500$ et 5700$ pour un tel produit (modèles Neorest 500, 550 et 600 de Toto)...

Une nouvelle drogue est née

En Europe, le marché des sièges et toilettes-bidets est en effervescence et les nouveaux modèles se multiplient. Le fabricant allemand Duravit et le célèbre designer Philippe Starck viennent d'ailleurs de mettre au point une nouvelle collection intitulée SensoWash Starck qui propose des toilettes-bidets.

«Dans le monde asiatique, cette culture du WC-douche est depuis longtemps entrée dans les moeurs et de plus en plus d'Européens, qui le découvrent lors de voyages, ne veulent plus se passer de ce confort naturel», affirme le fabricant de salles de bains.

De son côté, Philippe Starck en a remis, lors du dévoilement à Shanghai, en mai dernier: «Nous avons créé une nouvelle drogue», a-t-il déclaré.

L'an dernier, le fabricant suisse Geberit a produit une nouvelle génération de toilettes-bidets sous l'appellation AquaClean. Toto a, quant à lui, fait appel au designer italien Stefano Giovannoni pour son dernier Washlet. Le fabricant japonais propose également une version suspendue de son modèle Neorest auprès des acheteurs européens.

Du côté des États-Unis, le géant Kohler a, lui aussi, voulu être de la partie, puisqu'il a créé le siège-bidet C3 (à partir de 1198$).

Les évangélistes du siège-bidet

Reste maintenant à savoir si les Américains vont adopter l'idée des toilettes-bidets. «Les Japonais, comme les Américains, n'avaient pas l'habitude d'utiliser le bidet et, pourtant, ils ont mis peu de temps (moins de 30 ans) avant d'adopter massivement le siège-bidet», note la porte-parole de Toto USA. Elle rappelle que depuis les années 90, les sièges et toilettes-bidets ont, malgré tout, fait des centaines de milliers de disciples aux États-Unis ou, comme elle les surnomme, des «Washlet Evangelists», parmi lesquels se trouvent des célébrités, comme Brad Pitt et Angelina Jolie, Demi Moore et Will Smith.