Qu'elles soient en habit de samouraï, de ballerine, de moine ou de magicienne, les poupées de Danielle Tétreault sont théâtrales. Elles ont un je-ne-sais-quoi de mélancolique, de mystérieux, qui les place dans une catégorie à part. Danielle est une artiste multidisciplinaire qui fait partie de la Coopérative Vert Tuyau du quartier Petit Champlain dans laquelle évoluent une vingtaine d'autres artisans issus des métiers d'art.

Les poupées de Danielle ont fait irruption dans sa vie, un beau matin, alors qu'elle avait dans son atelier des bouts de tissus en quantité. «Je me suis demandé de quelle manière je pourrais les utiliser et tout naturellement, une première poupée est née, ou plutôt une sorcière», explique l'artiste.

 

Puis, de fil en aiguille, les poupées ont pris de la maturité. «Ma technique s'est raffinée, poursuit Danielle, surtout pour la confection des visages, qui sont faits de papier mâché et que je peins à l'aide d'une technique millénaire baptisée «tempera».» Il s'agit d'une substance obtenue grâce à l'amalgame d'oeufs et de poudres naturelles qui, une fois mélangés, ressemblent à de la porcelaine soyeuse. «Quant aux cheveux, j'utilise les chutes de métier à tisser qu'on me donne», ajoute-t-elle.

De plus, ses poupées possèdent souplesse et agilité parce qu'elles sont articulées. Les bras, les jambes et la tête se plient, se déplient et s'inclinent à volonté grâce à une fine ossature d'acier recouverte de nylon. Belles à collectionner? Assurément, souligne l'artiste, mais j'aime penser que ceux qui les achètent en font des créatures animées, un peu à la manière dont elles sont présentées à la boutique Vert Tuyau, du 6, rue du Cul-de-Sac, dans le quartier Petit Champlain.

Or, c'est à travers l'habillage de ses poupées que Danielle Tétreault laisse aller sa créativité. Elle a le souci du détail et ses costumes sont stylisés. Les samouraïs, les ballerines et les moines sont vêtus comme ceux qu'elle a vus dans les contes et légendes. Rien n'est laissé au hasard. Les bottines de cuir et les chaussons de satin sont exécutés avec une grande minutie. Ce qui donne à ses créatures beaucoup d'authenticité.

Chats et chiens à aimer

En plus de fabriquer des poupées, l'artiste propose aussi toute une collection de chiens et de chats. «Les animaux, j'aime ça, lance-t-elle. Aussi, je ne peux m'empêcher d'en inventer quand tout à coup l'envie me prend d'être fantaisiste», comme ce fut le cas avec ses «Tchernobyl». Des toutous aux grandes oreilles, aux yeux de velours, qu'on a envie d'adopter parce qu'ils ont l'air de piteux pitous. «Les Tchernobyl sont arrivés sur la table à dessin à cause d'une belle pièce de tissu en velours bleu que j'avais en réserve», explique Danielle. Même chose pour ses chats, qui sont tout noirs et doux au toucher.

Diplômée en arts visuels du Cégep du Vieux-Montréal, Danielle Tétreault a travaillé plusieurs années en scénographie et artisanat tout en donnant des cours à temps partiel. Toujours en quête de nouvelles formes d'expression, l'artiste a choisi de fabriquer des poupées parce que le processus exige l'utilisation de divers matériaux et techniques. «Ce qui le rend donc très intéressant», conclut-elle.

 

 

Coopérative Vert Tuyau. Danielle Tétreault, collection Brèche (418 692-1111)