Les mordus de sport sont souvent des collectionneurs. Leur objectif : posséder des photos, des objets de leur vedette préférée. Dans le marché du troc sportif, les cartes à échanger arrivent en tête de liste. Certains en ont des albums pleins.

Mais saviez-vous qu'il existe une formule semblable pour les artistes? Au lieu d'échanger des cartes de baseball, de hockey ou de basketball, les créateurs d'un peu partout dans le monde échangent leurs oeuvres. Mais celles-ci doivent obligatoirement être réalisées en petit format de 2,5 X 3,5 pouces (64 X 89 mm) pour s'inscrire dans les réseaux officiels d'échanges de cartes.

 

Connue en anglais sous le nom d'Artist Trading Card (ATC), la formule est tellement populaire qu'elle compte aujourd'hui plusieurs sites Internet exclusivement consacrés aux échanges entre artistes (*).

Depuis la création des ATC à Zurich en 1997, des milliers de créateurs se sont échangé des oeuvres soit par la poste, soit lors de séances publiques tenues principalement dans des villes européennes parce qu'en Amérique du Nord, et particulièrement au Québec, les ATC sont encore peu connus. Ainsi, sur une base journalière, des centaines d'oeuvres miniatures voyagent d'artiste en artiste. Internet sert de lieu d'échange et de salle d'exposition.

Les soeurs Villeneuve, Hélène et Claudine, ont eu le privilège de découvrir les échanges de cartes artistiques il y a deux ans, par l'intermédiaire d'une amie. «La formule du donnant-donnant nous a tellement plu, déclarent les deux femmes, que nous avons aussitôt adhéré au réseau.»

Hélène, qui peint et dessine, fait même partie des échangeurs actifs. Depuis deux ans, elle a accumulé près de 200 cartes en provenance d'artistes d'une centaine de pays. Une partie de sa collection est d'ailleurs exposée à la librairie Argus que possède sa soeur Claudine au 399, chemin de la Canardière. De plus les miniatures d'Hélène apparaissent au www.atcsforall.com.

«Or, une fois exposés dans les galeries virtuelles du Net, vous êtes à peu près certains de conclure des échanges», précise Hélène. Mais pour faciliter les choses, il existe aussi le copyleft, qui consiste à envoyer 20 de vos créations pour obtenir en échange un nombre équivalent d'oeuvres produites par des artistes différents. La procédure est d'ailleurs expliquée en détail sur www.artist-trading-cards.ch.

Dans la convention des ATC, les participants doivent aussi se plier à certaines règles, comme fournir des oeuvres originales et de qualité. Les imitations et les photocopies sont proscrites. Et toutes les oeuvres doivent être signées au dos.

Mais en quoi ce type d'activité est-il enrichissant?

«Faire des échanges artistiques, c'est s'ouvrir sur d'autres cultures, sur d'autres formes d'art, explique Hélène, parce que les styles exposés sont extrêmement variés.» On constate en visitant les galeries virtuelles qu'il n'y a pas de limites à la création.

L'encre, le fusain, l'huile, l'acrylique, les tissus, le collage, les photos : tout peut être utilisé dans la mesure où le format de 2,5 pouces sur 3,5 pouces est respecté et le travail soigné.

À travers les échanges de cartes, Hélène s'est fait des amies. «Avec certaines, j'ai livré des petits bouts de vie. Les cartes artistiques sont un peu comme une carte de visite qu'on envoie à l'étranger avec l'espoir de pouvoir un jour rencontrer son interlocuteur.» En Europe, les artistes ont plus de chances de faire du troc en direct, mais à Québec, comme il n'existe pas de groupes d'échange, c'est assez difficile. Aussi, les soeurs Villeneuve invitent les artistes qui auraient le goût de partager avec elles l'expérience des ATC à les joindre au numéro suivant : 418 694-2122.

 

Pour en savoir plus

Voici quelques adresses Internet expliquant les ATC :

www.artist-trading-cards.ch/

www.cedarseed.com/air/atc.html (très intéressant)

en.wikipedia.org/wiki/Artist_trading_cards

www.atcsforall.com/

www.illustratedatcs.com/