Vadim Siegel a réalisé deux rêves : s'établir dans la rue Dolbeau, entre la haute et la basse ville de Québec, et retaper une maison délabrée à sa manière, celle d'un architecte épris de lumière et d'espace.

Vadim Siegel a réalisé deux rêves : s'établir dans la rue Dolbeau, entre la haute et la basse ville de Québec, et retaper une maison délabrée à sa manière, celle d'un architecte épris de lumière et d'espace.

Dolbeau a pour voisines les rues des Franciscains, au sud, et Jeanne-d'Arc, au nord. Ces triplettes en cul-de-sac forment une enclave rassurante où toutes les familles voudraient voir grandir leurs marmots. Vadim Siegel a deux enfants de sept et trois ans qui s'épivardent à travers les ruelles et les résidences avec les copains. «Ils voient toutes les maisons», dit-il, l'air faussement envieux.

Que pensent les petits voisins de sa propre maison, dont il a supprimé les cloisons du rez-de-chaussée? Ils trouvent sans doute qu'elle a l'air bien plus vaste que les autres. L'impression de grandeur vient non seulement de l'espace à aire ouverte, mais aussi de la terrasse de 16 pieds de profondeur qui se fond à la salle à manger grâce à des portes accordéon vitrées pleine largeur.

Tout est blanc, les murs, les armoires de cuisine Ikéa et l'escalier. La décoration est minimaliste. Le mur de briques, les plantes et le foyer n'en ont que plus d'impact.

«Avant d'avoir les enfants, on vivait dans un loft du quartier Saint-Roch, relate l'architecte. On était habitué à beaucoup de dégagement. On retrouve cet esprit de loft au rez-de-chaussée.»

Vadim Siegel et sa famille vivent depuis cinq ans dans cette maison qu'il qualifie de modeste. À l'instar des 75 autres du quartier, elle a été construite vers 1924 et était destinée à un ouvrier. «Dans la rue, les maisons ont des largeurs et des gabarits différents, fait-il remarquer. Ça brise la monotonie.»

Puits de lumière

Cette résidence vient de recevoir l'épigraphe d'Herménégilde Lavoie (1908-1973). Ce pionnier du cinéma québécois serait ravi de voir les changements apportés à son ancien chez-soi. L'étage est radieux grâce à un puits de lumière percé au-dessus de l'escalier. Toutes les pièces en bénéficient. La fenêtre est ouvrante, si bien que l'été, quand celle du sous-sol est ouverte aussi, il se produit un «effet cheminée» qui fait monter l'air chaud.

Les parents ont une chambre grande comme une suite. Elle est divisée en deux par un module de rangement pleine hauteur qui isole le lit du coin bureau.

De l'autre côté, les chambres des enfants affichent une douce sobriété, ragaillardie par les jouets bigarrés et par le grand planeur du fiston fixé au plafond. Les commodes sont rares, le papa architecte leur préférant des niches. Celle de la salle de bains, très étroite, révèle un peu de l'intimité de la maisonnée.

Le sous-sol, recreusé de quelques pieds, est un petit paradis. Il y a tout un tas de jouets, un grand canapé et, surtout, une chaîne de cinéma maison ambiophonique avec un projecteur qui diffuse ses images sur un immense mur blanc. Vadim Siegel apprécie l'absence de téléviseur. Une belle fenêtre laisse la vie de la rue s'insinuer dans la pièce. Et vice versa.

 

Photo Érick Labbé, Le Soleil

Le «volume» blanc, à gauche, abrite une garde-robes. Il dissimule le désordre de la cuisine aux gens qui sont dans le salon.