Bruno Laliberté partage avec le Harold du film Harold et Maude une folie créatrice et un penchant pour les corbillards. Mais l'artisan de 55 ans n'a pas de pensée suicidaire, il tente au contraire de tout désamorcer par le rire.

Bruno Laliberté partage avec le Harold du film Harold et Maude une folie créatrice et un penchant pour les corbillards. Mais l'artisan de 55 ans n'a pas de pensée suicidaire, il tente au contraire de tout désamorcer par le rire.

Sa maison de Pont-Rouge abrite un atelier où il s'affaire, pendant ses temps libres, à bricoler des bagues, des bracelets et des bibelots avec des couteaux, des cuillers et des fourchettes en argent qu'il déniche chez les antiquaires et dans les marchés aux puces. «Les gens commencent à me copier, déplore-t-il. Les ustensiles se font de plus en plus rares.»

 Il expose depuis près de 10 ans. Et il commence à avoir une belle notoriété dans le domaine de l'art et de la récupération.

Bruno Laliberté a une formation d'horloger-bijoutier. Le travail de précision avec des mécanismes et des outils minuscules, il connaît.

Le 19 janvier 1999, il subit une hémorragie cérébrale. Du jour au lendemain, il perd toute sa dextérité. «J'avais de la misère à parler et à écrire», se souvient-il. Il arrête tout pendant six mois. Puis il décide de reprendre ses outils d'horloger, pour s'«occuper l'esprit».

«Les ustensiles me parlent», résume-t-il pour expliquer cette sorte de frénésie qui l'incite à transformer cuillers et fourchettes en contorsionnistes de cirque.

 Il courbe les manches, il fait friser les dents, il soude le métal pour concevoir des brûleurs à encens, des chandeliers, des porte cure-dents, des porte-serviettes et des bijoux ravissants.

Son imagination ne se repose jamais. «J'ai envie de faire une lampe avec un vieux trophée», lance-t-il dans un éclat de rire. Ces temps-ci, il s'amuse avec des plafonniers de verre qu'il métamorphose en lampes de table, en bols à fruits et en chandeliers.

Il participera au Salon des artisans de Québec, en décembre, pour la deuxième année. Mais il ouvre la porte à quiconque se pointe à sa vieille résidence de Pont-Rouge, où tous les meubles et tous les bibelots connaissent une seconde vie. Elle est facile à trouver, c'est la seule devant laquelle est garé un corbillard 1983 de marque Cadillac, acheté de la maison funéraire Armand-Plante, en Beauce.

 On peut y voir de l'excentricité, bien sûr. Mais on peut aussi saluer l'intégrité d'un homme qui a su imaginer dans cette voiture un potentiel de roulotte, de fourgonnette et de véhicule publicitaire.

 

Photo Laetitia Deconinck, Le Soleil

Avec un peu d'imagination, Bruno Laliberté a fabriqué un chandelier et un porte-allumettes avec une fourchette et une cuiller.