Deux amoureux du fleuve se sont bâti un nouveau chez-soi sur le site de la plus vieille maison de Saint-Michel-de-Bellechasse. Ils y ont recréé un esprit vieillot qui fait parfois dire à leurs invités : «Mon doux que vos rénovations sont réussies!» À leurs oreilles, c'est le plus beau des compliments.

Deux amoureux du fleuve se sont bâti un nouveau chez-soi sur le site de la plus vieille maison de Saint-Michel-de-Bellechasse. Ils y ont recréé un esprit vieillot qui fait parfois dire à leurs invités : «Mon doux que vos rénovations sont réussies!» À leurs oreilles, c'est le plus beau des compliments.

Régis et Renée ont pris racine dans ce charmant village en 2004. Ils quittaient alors une maison ancestrale de Boischatel dans laquelle ils avaient investi du temps, de l'argent et beaucoup de sueur. Pour se réconcilier avec l'idée d'habiter une construction neuve, ils ont convenu d'y saupoudrer des souvenirs et de l'âme, en faisant fi des décennies et des siècles que requiert pareille ambition.

Leur collection d'objets et de meubles antiques constituait un bon point de départ. Encore fallait-il lui ménager un environnement adéquat. Comme il l'avait fait à Boischatel, Régis s'est mis au boulot pour parer sa maison de boiseries élégantes.

Près de l'entrée, son bureau a le cachet feutré des demeures d'antan, grâce à ses caissons qui couvrent les murs aux deux tiers de leur hauteur. «Il y a 200 heures de peinture dans cette pièce», confie-t-il. Au-dessus de ces caissons, il a fixé une tablette qui fait le tour du bureau, avec des moulures et des corbeaux richement ornementés. Les livres y sont alignés, leurs tranches appuyées sur le papier peint.

Cette atmosphère passéiste qui imprègne le rez-de-chaussée est en partie attribuable au papier peint. Appliqué sur le haut des murs dans le salon et dans le bureau, ou sur toutes leurs surfaces dans la salle à manger, il donne de la patine à la maison, mais pas de ride.

Consolation

«On s'est consolés de Boischatel», confie Renée en posant les yeux sur le Saint-Laurent, à quelques mètres d'une maison qu'elle a voulue à la fois champêtre et maritime.

La salle à manger, tout habillée de fleurs, interrompt le grand balcon qui ceinture la maison. «On l'a traitée comme une rallonge, comme une cuisine d'été», mentionne Régis en désignant les murs de lattes horizontales qui sont un rappel de l'extérieur.

Généreusement fenestrée, cette enclave bucolique laisse entrer la lumière et rôder les parfums qu'exhalent les rosiers sauvages. Un jour, Renée plantera aussi de la lavande et des mauves pour composer un grand jardin odorant.

Avec ses toiles maritimes, ses représentations de l'île Verte, ses répliques de voiliers, ses instruments de navigation et ses motifs nautiques, le salon rend hommage à ce fleuve que le couple porte en lui. La couleur teck des boiseries évoque ces arbres avec lesquels on fabrique les bateaux. Il faut voir la cheminée ciselée par Régis, qui a «posé avec amour» chacune des 330 pièces de cet échafaudage stylisé.

L'étage se révèle tout aussi singulier. S'y rendre est un bonheur, puisque des toiles nous accompagnent dans la montée et démultiplient le paysage qui s'insinue par les fenêtres sans rideaux. Au pied des marches, une galerie de photos remarquablement agencées et un luminaire récupéré de Boischatel distillent une douce nostalgie.

En souvenir des aïeuls

Là-haut, tout est ouvert. Les pièces en enfilade sont inspirées du manoir Mauvide-Genest, à l'île d'Orléans, souligne Régis. Les deux grandes chambres sont séparées par une salle de bains qui s'ouvre sur chacune d'elles par des portes coulissantes. L'unité tient à la couleur turquoise et aux magnifiques meubles antiques.

Les murs de petites lattes verticales, dans la salle de bains, rappellent à Renée les maisons de ses deux grands-mères, dont l'une d'elles, Alice, était son «ange gardien». «Je vénère les anciens», échappe Renée qui a accroché dans une chambre photos et fusains de ses aïeuls.

Mais cette collection sentimentale d'objets significatifs et ce lien ancestral avec la mer ne suffisent pas. Renée et Régis n'ont de cesse d'ouvrir leur porte à la famille et aux amis, pour y accumuler ces souvenirs intangibles qui donnent son âme à leur maison.

 

Photo Érick Labbé, Le Soleil

Régia a installé trois barreaux par marche dans cet escalier où cohabitent les photos, le speintures et deux fenêtres, dont l'une est d'influence néogothique.