Sobre ou éclatée, utilitaire ou purement décorative, la céramique se fait belle pour l'événement Carac'Terre qui a cours jusqu'au 1er septembre à Québec. L'heure de la poterie drabe en terre cuite brune est bien révolue! Les oeuvres de céramique combinent désormais couleurs vives et formes originales. Les céramistes rivalisent de créativité pour faire de leurs objets des créations uniques en leur genre.

Sobre ou éclatée, utilitaire ou purement décorative, la céramique se fait belle pour l'événement Carac'Terre qui a cours jusqu'au 1er septembre à Québec. L'heure de la poterie drabe en terre cuite brune est bien révolue! Les oeuvres de céramique combinent désormais couleurs vives et formes originales. Les céramistes rivalisent de créativité pour faire de leurs objets des créations uniques en leur genre.

Que les fervents de poterie stylisée se réjouissent : 69 céramistes des quatre coins du Québec exposent leurs oeuvres à Carac'Terre, au coeur du quartier Saint-Roch. Le 400e a attiré deux fois plus d'artisans que les années précédentes.

Cette année, des artistes de Montréal, de Trois-Rivières, de Rimouski, de l'Outaouais et de Québec feront exploser la traditionnelle poterie de terre cuite brune, pour rivaliser d'originalité et de créativité. Au menu : tajines, cocottes de cuisson, beurriers bretons et mille autres objets utilitaires ou décoratifs. Une mine d'or de qualité qu'apprécieront tous ceux qui sont excédés par le made in China. Les pièces sont disponibles à la vente, sauf celles exposées dans la galerie de pièces uniques.

Les organisateurs ont choisi l'emplacement à l'angle du boulevard Charest et de la rue de la Couronne pour une deuxième année consécutive. Auparavant, les exposants s'établissaient au marché du Vieux-Port. Selon la céramiste Catherine Gagné, à ce nouveau lieu, ils bénéficient de la visite de gens d'affaires pendant l'heure du dîner. Les clients potentiels font du repérage et reviennent acheter ce qui leur plaît.

«Carac'Terre s'adresse à tout le monde», déclare Jacynthe Verreault, l'organisatrice de l'événement. Elle souligne le grand nombre de jeunes gens qui apprécient l'originalité des oeuvres de céramique. Selon elle, l'heure de la poterie de terre cuite dans toute sa brune simplicité est révolue.

Les origines ancestrales de la céramique demeurent vives, surtout en cette fête d'anniversaire de la ville. «Champlain a lui-même dit que l'argile était de bonne qualité pour la poterie sur les rives de la rivière Saint-Charles», affirme Jacynthe Verreault.

Les organisateurs intègrent un volet historique cette année : l'exposition 400 ans de céramique à Québec racontera l'histoire de la poterie dans la capitale.

 Pour les curieux, des démonstrations de cuisson au raku, ainsi que des ateliers permanents mettant en vedette des artistes en production, animeront le parc et raviront les yeux. Après la culture, place au divertissement. Un tournoi d'échecs tout en céramique opposera les participants les 30 et 31 août. Les pièces seront bien sûr sculptées dans le matériel vedette de Carac'Terre.

L'exposition a cours jusqu'au 1er septembre, tous les jours, de 9h à 21h, à la place de l'Université du Québec.

Catherine Gagné: oeuvres éclatées

 Désireuse de créer des objets aussi originaux qu'ergonomiques, la céramiste Catherine Gagné déforme ses tasses, donne des coups de poing dans ses vases, et ses pichets ne sont pas en reste du massacre... ô combien créateur.

 «Pour choisir un objet de céramique, je dis toujours aux gens de le prendre et de sentir s'il est confortable.» Ainsi, c'est par souci d'ergonomie que l'artiste détruit la symétrie des objets : «Je déforme d'une certaine façon parce que ça se prend mieux.»

 Catherine Gagné mise sur le lien entre les humains et les tasses. Elle éclate d'un rire sonore lorsqu'elle évoque la dépendance à une tasse particulière. «On a toujours nos tasses préférées», explique la jeune femme de 25 ans. «La déformation amplifie l'intimité avec l'objet.»

 Finissante de l'École des métiers d'art, affiliée au Cégep Limoilou, l'artiste de Boischatel a créé sa collection dans le contexte de ses cours. Elle offre au public des tasses où se marient l'orangé et le gris parsemé de points noirs, qui évoquent le «ventre d'une truite». Actuellement, la fougueuse créatrice travaille à temps plein à la galerie d'art Beauchamp, dans le Vieux-Québec.

 Le déclic pour la céramique est survenu à 21 ans, lorsque la jeune femme s'est inscrite dans un cours du soir aux loisirs de la ville de Québec. Elle a eu le coup de foudre pour ce matériau plastique, qui permet de manipuler les trois dimensions.

 Puis, c'est sur les objets utilitaires que l'artiste a jeté son dévolu. Elle ne s'identifie pas aux oeuvres purement décoratives. Il faut que ça bouge! Et on sent bien l'énergie créatrice de Catherine Gagné; il suffit d'entendre son chaleureux rire communicatif.

 Prochaine étape : la France. La céramiste compte perfectionner ses techniques dans le sud-ouest de l'Hexagone, où elle rejoindra son copain.

Stella Lessard-Boulter: maîtresse du détail

 D'une délicatesse inouïe frisant la perfection, les créations de Stella Lessard-Boulter contrastent avec l'oeuvre éclatée de Catherine Gagné. Des assiettes tournées avec une précision de maître, ornées de fleurs, de canards et de motifs asiatiques, garnissent les étagères de la céramiste forte de 25 ans d'expérience.

 Stella Lessard-Boulter, de Cap-Rouge, a multiplié les cours d'art, qui lui ont conféré une expertise solide. Marié à une créativité sans borne, ce savoir-faire fait germer des bijoux de céramique : «J'ai tellement d'idées de dessins, mais je n'ai pas assez de temps!» déplore la femme de 65 ans.

 Passionnée de fleurs, elle a remporté deux premiers prix pour ses orchidées lors du dernier concours de l'Association des orchidophiles en avril. Comme si sa créativité l'entraînait dans tous les azimuts, elle a cousu trois robes pour les Fêtes de la Nouvelle-France cette année. «J'ai toujours aimé créer, dit-elle. C'est une passion, et je serais très malheureuse sans ça.»

 Depuis qu'elle a suivi le cours de chimie des glaçures avec Simon Robert, au Cégep Limoilou, la céramiste crée elle-même ses glaçures, ce qui lui donne accès à une gamme plus vaste de couleurs. Elle se sent ainsi plus autonome.

 Céramique nue

 Si plusieurs choisissent de peindre après une première cuisson, l'artiste dessine sur la céramique nue, simplement séchée.

 Des tajines, des grands bols, des assiettes, et même des oeuvres de raku, les créations de Stella Lessard-Boulter sont un ravissement d'esthétisme. On sent que son art occupe ses 10 doigts hyperactifs, qui ne demandent qu'à donner naissance à de nouvelles beautés, céramiques, fleurs ou robes d'époque.

 

Photos Carac'terre