Une maison de 1947 jamais rénovée. Du tapis partout. Des couches et des couches de papier peint sur les murs. Une cuisine à repenser. Des cloisons à abattre.

Une maison de 1947 jamais rénovée. Du tapis partout. Des couches et des couches de papier peint sur les murs. Une cuisine à repenser. Des cloisons à abattre.

 Voilà «le projet de couple» de Marie et Réal, qui pouvaient compter, heureusement, sur des fondations béton, coulées dans la confiance, la persévérance et l'amour.

Devant chaque difficulté, Réal disait à Marie : «Si c'est fait par du monde, je suis capable moi aussi.» Marie s'est abandonnée. «Ce projet-là, c'était un acte de confiance total envers mon chum, confie-t-elle. Il s'était déjà bâti une maison, il avait de l'expérience.»

La première fois qu'ils ont ouvert leur porte aux amis et à la parenté, «les gens avaient la face longue», se souvient-elle. Tout était à refaire dans cette résidence de Sillery dont ils étaient les seuls, semble-t-il, à avoir repéré le potentiel. «Dans Internet, on avait vu plusieurs maisons rénovées à vendre, mais elles n'étaient pas à notre goût, raconte-t-elle. Ç'aurait été gênant de mettre ça à terre.»

Marie habitait un condo du quartier Montcalm depuis 15 ans. Réal vivait dans les Laurentides, au nord de Montréal. Pour ce bricoleur autodidacte, à part faire enfin vie commune avec sa blonde, le plus important était de trouver un toit avec un atelier.

Quand ils ont visité cette demeure, en janvier 2005, ils ont été séduits par la lumière qui entrait à pleine fenêtre, vu les arbres sans feuilles. «Cette maison me fait apprécier l'hiver», philosophe Marie.

Ils en sont donc devenus propriétaires en février. Et ils ont emménagé à la mi-juin de la même année, alors que, sans surprise, leurs travaux étaient loin d'être terminés.

Parcours du combattant

Parler d'un parcours du combattant n'est pas exagéré. Alors que Réal se tapait la plomberie, une bonne partie de l'électricité, la pose des fenêtres, la construction d'un coin soleil derrière la cuisine, l'aménagement d'une salle de bains et le décloisonnement du salon, Marie veillait à tout le reste : nourrir son homme et ceux qui venaient l'aider, écumer les quincailleries et les magasins de meubles, dénicher un cuisiniste, superviser, en somme, le déroulement des travaux.

Dans sa façon de se vêtir et de cuisiner, elle manie les couleurs avec l'aisance d'une artiste. Mais les choisir toutes, pour une maison à aire ouverte de surcroît, représentait un sacré défi, qu'elle a relevé avec brio.

«Je voulais une palette intéressante et une belle transition entre les couleurs», résume-t-elle. Elle a opté pour une «déclinaison de verts», pas parce que c'est sa préférée, mais parce qu'il s'agit d'une couleur qui met les autres en valeur.

Dans la cuisine, par exemple, elle a marié le vert sauge à du violet. «Ce n'est pas si surnaturel que ça, affirme-t-elle avec humour. Je me suis rendu compte que ça venait de la nature, le jour où j'ai acheté des asperges et des artichauts vert et violet.»

Dans le coin soleil, elle a ramené de son condo l'orange brûlé qu'elle aimait tant. Avec le vert et le violet de la cuisine, l'effet est tonifiant à souhait, si on se fie à la pétulance du chat Biscotte.

 Au salon, un pouf rouge à pois s'épivarde devant des canapés de cuir marine et une sculpture de vannerie de Clodet Beauparlant. Dans le vestibule, le polyptyque de l'artiste Louise Dagenais semble occuper tout l'espace.

L'étage baigne dans la même atmosphère, à la fois lumineuse et feutrée. Tout au fond, c'est la salle de bains. Réal a eu l'heureuse idée de déplacer la porte afin d'éviter qu'elle soit en ligne directe avec l'escalier. Les petits carreaux de céramique arborent deux tons de gris, un chaud et un froid, alors que le meuble-lavabo est d'un brun qualifié par Marie de «Nestlé Quick».

La chambre est piquée de rouge. Il faut donner raison à notre hôtesse : le vert sert vraiment de faire-valoir à toutes les couleurs. Le lit est surmonté d'un triptyque de photos prises en voyage dans les Dentelles de Montmirail, dans le sud de la France. Les agrandissements sont spectaculaires. Et leur agencement dans la chambre est parfait. Comme toute la maison, du reste.

«On a survécu, on est fait fort», se réjouit Marie.

 

Photo Jean-Marie Villeneuve, Le Soleil

L'ajout de ce «coin soleil», c'était «fou», analyse Marie. «Au moment des travaux, on s'est dit : c'est maintenant ou jamais.» La pièce est dotée d'un plancher chauffant.