Un gratte-ciel dans le Vieux-Montréal et un toit. Il n'en fallait pas plus à Bechara Helal pour imaginer deux appartements juchés au sommet. Un projet fou, certes, mais qui est passé de la table à dessin à la réalité avec le concours des architectes de Bosses Design. Bienvenue sur le toit du bâtiment ayant accueilli le tout premier ascenseur de la ville et sur le plancher d'une maison qui n'a rien d'ordinaire.

Un gratte-ciel dans le Vieux-Montréal et un toit. Il n'en fallait pas plus à Bechara Helal pour imaginer deux appartements juchés au sommet. Un projet fou, certes, mais qui est passé de la table à dessin à la réalité avec le concours des architectes de Bosses Design. Bienvenue sur le toit du bâtiment ayant accueilli le tout premier ascenseur de la ville et sur le plancher d'une maison qui n'a rien d'ordinaire.

 >> En photos: visiter les appartements construits au sommet de la place d'Armes.

 La ville est au coeur de ces appartements surplombant la place d'Armes. De grandes baies vitrées, qui donnent sur des terrasses, nous projettent dans le monde urbain. «Quand on ouvre les baies vitrées, on est dehors, dedans, c'est pareil», explique le propriétaire, Bechara Helal. Tout, absolument tout, a été conçu pour qu'il n'y ait pas de frontière entre l'intérieur et l'extérieur. En fait foi le parquet de bois, de la même couleur à l'intérieur que sur les terrasses. Bechara Helal tenait mordicus à ce que les planches du dedans et du dehors soient alignées. Ce fin souci du détail contribue à l'effet de continuité vers la ville.

«Tout l'espace est dirigé vers la ville, enchaîne-t-il. Le plancher est dans cette direction, les poutres sont dans cette direction.»

En plus des baies vitrées, certaines ouvertures sont conçues pour découper des vues. Ces fenêtres cadrent des éléments spécifiques du décor urbain: une rue, un édifice, la montagne Cette approche est inspirée du «borrowed landscape», ou paysage emprunté, une approche japonaise de l'architecture qui consiste à intégrer des vues dans un décor pour donner l'illusion qu'il est plus grand. «Il y a un problème d'espace au Japon, avance Bechara Helal. Ils trouvent alors des façons pour que, même restreint, l'espace ait des qualités spéciales. Du coup, en venant cadrer des vues, le bout de ciel, le bout de jardin font partie de la pièce.»

Environnement monochrome

Les couleurs sont très simples: noir pour le plancher, blanc pour les murs. C'est la ville multicolore qui parle, qui envahit l'intérieur. Puis, dans cet univers monochrome, des taches de couleur viennent éclabousser l'espace. «Donc tout est noir et blanc, puis un point de couleur apparaît, comme ce fauteuil rouge. On n'a que quelques touches de couleur, rouge ici, vert là, un grand mur bleu dans la salle de bains, et ça suffit», souligne Bechara Helal.

Cet environnement épuré permet aussi à la balustrade en terre cuite, qui couronne l'édifice, de prendre toute son importance. «C'est la couleur du bâtiment et on ne voulait pas entrer en compétition avec elle», poursuit M.Helal.

Genèse du projet

Bechara Helal a dû soumettre son projet d'agrandissement à la Ville, tâche délicate puisque le bâtiment est situé dans un quartier historique. Il a tout de même obtenu l'autorisation de construire les appartements, à condition qu'ils ne soient pas visibles de la rue. C'est pourquoi l'agrandissement est reculé de trois mètres par rapport à la façade.

D'ailleurs, tout le bâtiment a été restauré il y a quelques années. Les fenêtres ont été remises en état et la façade, noire de saleté, a fait l'objet d'un bon nettoyage. Quant à la balustrade en terre cuite, détruite dans les années 70, elle a retrouvé tout son panache. La qualité de cette restauration a d'ailleurs été soulignée par un prix d'excellence décerné par la Ville de Montréal en octobre 2005.

Éclairage jour-nuit

Bechara Helal a fait un travail délicat sur la lumière lors de la conception du bâtiment. Mais il ne pouvait pas prévoir tous les jeux d'ombre qui en découleraient. Par exemple, quand le soleil se couche en été, le fin dessin des balustrades se jette sur le mur.

On n'est jamais seul dans ces appartements, car les bâtiments environnants sont omniprésents. Le jour, ils font de l'ombre aux occupants et la nuit, leurs lumières les éclairent. Le grand sigle bleu de la Banque de Montréal illumine les logements. «La ville est très éclairée la nuit. On est dehors et dedans en même temps», résume Bechara Helal.

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Le 511, place d'Armes


 L'EXISTANT

 Nom du bâtiment: Édifice New York Life. Il s'agit du premier immeuble à bureaux en hauteur de Montréal (doté du premier ascenseur).

 Construction: 1887 - 1889.

 Architectes: Babb, Cook & Willard, de New York.

 Nombre d'étages: huit, plus une tour de deux étages à l'angle sud-ouest de l'édifice; l'ajout constitue le neuvième étage.

 Structure: acier.

 Matériaux: enveloppe - pierre de grès rouge d'Écosse; balustrade - terre cuite;soubassement - granit rouge des Mille-Îles, probablement de Kingston (Ontario).

 L'AGRANDISSEMENT

 Superficie: 3000 pieds carrés pour deux maisons.

 Printemps 2005: phase de conception + soumissions.

 Printemps 2006: début de la construction.

 Printemps 2007: fin de la construction

 Entrepreneur: Construgep.

 Meubles: Atelier 13.