Une maison de la rue d'Iberville, dans une zone de friche industrielle, s'ouvre désormais sur un décor contemporain et apaisant. Le bâtiment jouxtait un terrain vague. Les propriétaires y ont construit deux annexes qui ont permis l'éclosion d'une cour intérieure avec terrasse. Un arbre, planté en même temps que l'on coulait les fondations, est devenu le symbole de la maison.

Une maison de la rue d'Iberville, dans une zone de friche industrielle, s'ouvre désormais sur un décor contemporain et apaisant. Le bâtiment jouxtait un terrain vague. Les propriétaires y ont construit deux annexes qui ont permis l'éclosion d'une cour intérieure avec terrasse. Un arbre, planté en même temps que l'on coulait les fondations, est devenu le symbole de la maison.

 >> Visite guidée de la maison en photos.

 Dans une portion de la rue d’Iberville à l’architecture disparate, un petit joyau s’offre à nous : un bâtiment datant de la première moitié des années 1900, qui abritait autrefois un atelier de sculpteur. Ici, depuis quatre ans, une architecte a tissé le fil de son cocon familial. Son idée maîtresse : s’ouvrir du côté silencieux, côté cour, avec de grandes baies vitrées.

 Natalie Dionne a ainsi érigé deux nouvelles constructions, à chaque extrémité du terrain, greffées au logement du rez-de-chaussée (il existe aussi un condo au-dessus, dans le bâtiment d’origine, de 1800 pieds carrés). Chez l’architecte, la nouvelle superficie totalise 3100 pieds carrés. L’annexe de deux étages, côté rue, compte 385 pieds carrés par étage et l’annexe, côté cour, fait 500 pieds carrés. Le logement ainsi modifié est en forme de fer à cheval.

 Cette professionnelle, mère d’une fillette, travaille dans le secteur résidentiel uniquement et son foyer sert de laboratoire d’idées. C’est donc tout naturellement qu’elle y a aussi installé son bureau.

 Dès l’entrée, la lumière projetée par la grande cour intérieure coupe le souffle. La façade sur  cour, très fenêtrée, est orientée plein sud, offrant ainsi un gain solaire important.

La distribution des pièces est aussi particulière. Par un intéressant jeu de division, chacune possède deux entrées. «C’est un travail d’exploration aussi que nous avons fait», résume l’architecte. La lumière entre encore davantage puisque les occupants ont agrandi par le bas les panneaux de fenêtres existants et installé une porte de garage en plein centre, renforçant l’aspect industriel du lieu.

 Un févier au feuillage parasol

 Après une visite rapide des lieux, on revient fatalement à la cour où  trône un joli févier Gleditsia (sunburst) au fin feuillage. L’arbre s’insère dans une terrasse recouverte de bois d’ipé, réputé imputrescible. D’un doux feuillage jaune au printemps, il passe au vert à l’été, pour virer de nouveau au jaune ambré à l’automne. Le févier, souligne Mme Dionne, a été choisi pour ses qualités esthétiques car il penche comme un parasol et pousse à l’horizontale.

 « Ce type d’arbre est planté de plus en plus dans les places publiques. Il est résistant au sel et à la pollution. Il est greffé pour ne pas produire de haricots énormes qui tachent et peuvent blesser. » Planté en même temps qu’on coulait les nouvelles fondations, l’arbre est devenu un peu le symbole de la nouvelle habitation. « C’est le monument du jardin. »

 En longeant la cuisine ultramoderne, dont les cabinets en ipé ont été dessinés par l’architecte, le visiteur pénètre dans la nouvelle partie, abritant la salle à manger et, au-dessus, la chambre principale avec salle de bains. Le visiteur est très intrigué par l’escalier industriel qui se rapproche plutôt de l’échelle par son inclinaison et dont les degrés sont indépendants et décalés. Une fois à l’étage, à côté du lit, un souffle bienfaiteur nous attend grâce à cette grande fenêtre sur cour.

 Le copropriétaire, Martin Laneuville, qui travaille comme concepteur d’effets spéciaux pour le cinéma, y a ajouté sa part d’invention en imaginant notamment un système électromécanique pour l’ouverture et la fermeture des volets de la chambre. «Nous avons agi aussi comme constructeurs», précise Natalie Dionne.

 Logée derrière le lit, on découvre ensuite une salle de bains sur le long, dont les portes jouent un double rôle : elles ferment les armoires de rangement ou la pièce, au choix !

Dans la maison, le travail d’éclairage est aussi intéressant. Outre les lampes-objets de Laneuville, on remarque le système Sistemalux au-dessus de l’îlot de la cuisine : il s’agit de deux lampes dont la structure est en aluminium, supportant chacune six lampes halogène.

 Dans la cour, les propriétaires ont installé des lampes de jardin à deux pieds du sol pour éclairer le chemin d’ardoise à la nuit tombante. Du même coup, le visiteur ne pourra manquer d’apercevoir le mélèze, mais aussi le lilas fiché dans ces blocs de pierre noire provenant des Cantons-de-l’Est.

 Explorations d'idées

 La maison Dionne-Laneuville est aussi un laboratoire d'idées. Exploration des matériaux, des couleurs, des divisions.

 Dans cette résidence-bureau, où se conjuguent chaleur et modernité, nous découvrons des divans Périphère, des tabourets C.A.B. Déco et des halogènes Sistemalux, le tout dans un mariage harmonieux de créations lumineuses de Martin Laneuville et d'autres oeuvres modernes, dont des tableaux photographiques de Roberto Pelligrinuzzi et des productions textiles de Lucie Duval.

 Briques noires et acier corten

 Natalie Dionne a choisi des briques orangées pour la façade du bâtiment original. L'annexe est recouverte de briques très sombres dont les joints sont noirs. «On trouve de plus en plus ce genre de briques dans les bâtiments publics. En fait, c'est un exercice de composition entre les couleurs.» L'acier corten est quant à lui utilisé souvent en architecture contemporaine. «Il s'oxyde en surface mais il a la faculté d'arrêter le processus de corrosion, donc il ne va pas percer. On obtient une belle patine, un très beau velours roux.»

 Contreplaqué marin

 Dans la cour, de grands panneaux de contreplaqué entourent les fenêtres. On se doute qu'il s'agit d'un contreplaqué à l'épreuve de l'eau. Mais en quoi est-il différent? Il est enduit d'une colle phénolique qui sature toutes les ouvertures. «Il n'y a plus aucun interstice libre, donc pas d'ouverture à l'humidité», souligne Mme Dionne. Dans la maison, un contreplaqué, sans le même enduit, lambrisse les murs. Dans l'un et l'autre cas, les panneaux sont recouverts d'un très fin placage d'okoumé, un type d'acajou.

 Incrustation dans le béton

 En coulant la nouvelle dalle de béton, partout au rez-de-chaussée, non seulement Natalie Dionne a-t-elle pensé au chauffage radiant à eau chaude, mais elle a également planifié les insertions de plancher. «On a ôté un pouce ou un pouce et demi de béton pour incruster le bois d'ipé dans la dalle.» La table de la salle à manger est ainsi délicatement posée sur un plancher de bois exotique plus chaleureux pour les pieds.

 Volets mécaniques

 Dans la chambre principale, ouverte sur la cour, se posait la question de l'ouverture des volets. Ces persiennes étaient indispensables pour favoriser l'aération et l'intimité, tout en préservant de la chaleur. Les volets en cèdre sont composés de deux paires de panneaux assemblés avec des charnières. Un rail guide le pliage des volets qui se logent de part et d'autre du cadre. Commande à distance incluse.

 Panneaux sur rail apparent

 Au rez-de-chaussée, tout le rangement est caché derrière des panneaux montés sur un rail qui apparaît à la surface du mur de contreplaqué. «C'est l'idée du wagon de train.»

 Pour en savoir plus: ndarchitecture.com