De devant, on dirait une petite boîte qui fixe les passants d'un regard quelque peu intimidant. Mais sous son petit air austère, la maison d'architecte du couple Ducasse-Grégoire cache une âme sensible qui ne demande qu'à être apprivoisée. Il faut tout simplement se donner la peine d'y entrer.

De devant, on dirait une petite boîte qui fixe les passants d'un regard quelque peu intimidant. Mais sous son petit air austère, la maison d'architecte du couple Ducasse-Grégoire cache une âme sensible qui ne demande qu'à être apprivoisée. Il faut tout simplement se donner la peine d'y entrer.

>> En photos: visitez la maison du couple Ducasse-Grégoire.

Odette Ducasse et Martial Grégoire cherchaient un terrain au bord de l'eau pour poser leurs pénates. Ils ont acheté un lot au charme insoupçonné, 2499, avenue du Foulon, à Sillery, il y a un peu plus de deux ans. Les voisins se demandaient bien ce qu'ils pourraient en tirer. Un petit chalet, qui gisait en son creux, a fait place à la nouvelle structure une fois le trou renfloué.

 Fraîchement bâties, les fondations de la maison «avaient l'air tellement petites, au dire de la propriétaire, qu'on se demandait ce qu'on allait faire avec ça !» Une terrasse de tuiles de béton vient tout juste d'être aménagée. Elle fait le tour de la résidence et agrandit étonnamment la structure en lui conférant une base solide. «On a fait pousser du terrain», affirme Mme Ducasse.

Simplicité bien pensée

 Vue de l'arrière, on remarque que la maison n'est pas cubique. «C'est un jeu de mécano», illustre la propriétaire, une artiste spécialisée en gravure et en dessin. La structure minimaliste rapetisse avec les limites du terrain aux formes irrégulières. Des parois en déclins de fibre de bois marine partagent la couverture de la maison avec des panneaux de fibrociment assortis de boulons.

Une rivière de pierres couvre le sol de l'entrée extérieure : le gazon demande trop d'entretien. «La valse des tondeuses», très peu pour les propriétaires. Un petit jardin tout en longueur, où pointent légumes et autres aromates, rampe sur le côté de la maison. Dans une plate-bande, des graminées se laisseront bientôt fouetter par le vent, qui s'y fait habituellement insistant.

 Bien qu'elle paraisse petite, la résidence Ducasse-Grégoire se déploie de l'intérieur. «C'est un petit carré tout habité», remarque Mme Ducasse. Elle a soigneusement été pensée pour maximiser les possibilités de rangement, tout en misant sur des lignes épurées.

Odette Ducasse désirait une maison toute simple : «Je ne voulais pas une boîte fermée. Je voulais quelque chose qui respire.» Son souhait a été exaucé par l'architecte Jacky Deschênes, de Québec. Les pièces à aires ouvertes de sa demeure laissent librement circuler la lumière, et même la musique.

 Le salon, avec ses trois portes-fenêtres qui donnent accès à la terrasse, permet d'admirer le fleuve confortablement installé dans un des deux sofas. Pas surprenant que la télévision de la maisonnée soit si petite. Au coin de la pièce, un jardin de cactus crée un îlot aride qui contraste agréablement avec le paysage.

En haut de la salle de séjour, la mezzanine supporte la chambre principale, qui fait face à une série de grands carreaux. Les propriétaires s'y réveillent chaque matin en compagnie du fleuve et des bateaux qui y voguent.

 L'escalier qui mène au deuxième étage aboutit dans l'atelier de l'artiste. De sa table de travail, elle peut, d'un côté, se laisser inspirer par les vagues, et de l'autre, par le cap au Diable, qui surplombe la maison.

Avec son sol de béton poli, le sous-sol de la «boîte» agit comme un double fond : il ajoute un espace supplémentaire insoupçonné à la demeure. L'étage inférieur abrite ainsi une seconde chambre en plus du bureau de fortune de M. Grégoire, qui est chiropraticien.

Art au naturel

 Côté déco, on remarque un heureux mélange d'ancien et de neuf agrémenté d'une bonne dose de «naturel». En plus des oeuvres de Mme Ducasse qui ornent les murs, des cailloux sont disposés un peu partout dans la maison en guise de bibelots. «Il y a de la vie dans les pierres et plein de couleurs. Ce sont des bouts d'histoire, de mémoire», exprime la proprio.

Les teintes apaisantes qui habillent les murs rappellent les différentes nuances de sable. Elles se répètent partout dans la maison, comme les comptoirs, la céramique et les armoires. L'acier inoxydable des appareils ménagers de la cuisine crée aussi un équilibre entre la chaleur du bois et la céramique cendrée du parquet. Les planchers, en bois d'érable huilé, font écho aux armoires de la cuisine.

 Bien que leur terrain soit tout menu, Odette Ducasse et Martial Grégoire ne seront pas privés d'espace vert très longtemps. Leur cour arrière donnera bientôt sur le parc de détente de la promenade Samuel-De Champlain, un projet d'aménagement mis en branle pour les célébrations du 400e anniversaire de la ville de Québec.

Les propriétaires envisagent également d'aménager une terrasse sur le toit au cours des prochaines années. Les plans sont prêts. L'escalier qui mène au deuxième étage fera face à une autre série de marches qui aboutiront sur la plate toiture de la maison. Question de tirer plein avantage de l'architecture et du panorama.