L'artiste Paul Béliveau n'habite pas la maison de ses rêves. Mais puisqu'elle avait une belle cour, qu'elle était située près des ponts et de la piste cyclable, il l'a achetée, puis il l'a élevée à la hauteur de son aspiration : celle d'avoir un atelier chez lui.

L'artiste Paul Béliveau n'habite pas la maison de ses rêves. Mais puisqu'elle avait une belle cour, qu'elle était située près des ponts et de la piste cyclable, il l'a achetée, puis il l'a élevée à la hauteur de son aspiration : celle d'avoir un atelier chez lui.

 Le 1er janvier, il a commencé à peindre dans cette vaste pièce lumineuse, aménagée sur un étage qui n'existait pas au moment de l'achat. «On a continué à habiter ici pendant que l'étage était en construction», relate-t-il. F

 acile d'imaginer le ramdam : la damnée poussière, le va-et-vient des ouvriers, le vacarme de la grue. Pendant des mois.

Mais il s'y sent si bien, si inspiré. La grande fenêtre orientée plein nord diffuse la «lumière égale» que recherche tout artiste. Paul Béliveau l'a lui-même dessinée, en sections géométriques qui évoquent le peintre Mondrian.

 Le grand chevalet en chêne dépourvu de pied, devant lequel il se meut librement, a aussi été conçu par cet artiste qui vogue avec talent entre design et architecture.

 Voyez l'escalier sculptural qui mène à l'étage. Admirez l'étagère basse entre le salon et la salle à manger. Observez ce bout de comptoir en bois, tout près de la porte-fenêtre. Ils sont en contre-plaqué russe et ils ont tous les trois été pensés par Béliveau, qui a également fabriqué la table de salle à manger en placage d'érable. «Le design croît avec l'usage», philosophe-t-il.

 Et l'élégant vaisselier suspendu? Il est l'oeuvre de l'ébéniste Edwin Akué. Paul Béliveau et sa conjointe, Manon Fournier, sont toujours partants quand il s'agit d'encourager des artisans et des artistes d'ici.

 Harmonie et chaleur

 Pour leur maison, ils ont fait appel à l'architecte Anne Carrier et à son conjoint, Robert Boily. Les rénovations se sont déroulées en deux phases. À leur arrivée, il y a cinq ans, ils se sont d'abord attelés à la cuisine et à la cour.

 Le bois clair des armoires et du plancher de salon, le comptoir blanc, la céramique foncée de la cuisine et le rouge semé ici et là composent un décor harmonieux et chaleureux.

Pour aménager l'étage, ensuite, ils ont dû défaire le toit cathédrale du salon. Mais ils n'ont pas perdu de clarté, car ils ont percé une série de fenêtres rectangulaires, au rez-de-chaussée, dans le haut du mur de la façade.

 Tout l'étage bénéficie d'une belle et saine luminosité. La salle de bains, douce et d'esprit zen, a des fenêtres de verre givré qui ne requièrent aucun rideau. La chambre est fenestrée sur deux côtés.

 Ses murs bleus, apaisants, servent de faire-valoir au mobilier de bois foncé et aux meubles de rangement encastrés.

 Des oeuvres d'art enrichissent les pièces sans les alourdir. L'équilibre est remarquable.

 Avec ses lignes contemporaines, cette construction aurait pu jurer dans ce quartier résidentiel de Saint-Romuald.

Mais sous ses parements de fibrociment aux joints symétriques, elle n'est pas tape-à-l'oeil.

 Et ses propriétaires ont tenu à conserver un mur de brique qui l'identifie à ses voisines. «On ne voulait pas qu'elle ait l'air de porter des talons hauts», illustre Paul Béliveau.

 Ce n'est qu'à l'arrière, finalement, que la masse de l'atelier et son immense fenêtre nous apparaissent comme des éléments excentriques. Les urubus, les cardinaux et tous les oiseaux de ce paradis ornithologique s'en contrefichent.

 

Photo Steve Deschênes, Le Soleil

Dans l'atelier, la forme convient à merveille à la fonction. Le rangement ne manque pas, et l'élégance demeure.