Une maison si étroite, qui recèle tant de trouvailles : il fallait deux architectes pour redonner vie à une résidence de la basse ville de Québec, avec des «interventions contemporaines» et un respect de ses matériaux centenaires.

Une maison si étroite, qui recèle tant de trouvailles : il fallait deux architectes pour redonner vie à une résidence de la basse ville de Québec, avec des «interventions contemporaines» et un respect de ses matériaux centenaires.

  Nelson Ruel et sa conjointe Annie Lalancette cherchaient une maison en mauvais état pour en faire leur «laboratoire». Ils souhaitaient qu'elle soit à une distance de marche de leur bureau respectif. À croire que cette maison de la rue Saint-Vallier Ouest les attendait.

  >> Visite guidée de la maison en photos.

«Je la connaissais, parce que je l'avais étudiée dans un atelier pendant mon bac», raconte Annie Lalancette. De la rue, elle est presque banale, bien qu'intrigante. Elle a conservé ses attributs d'ancienne boutique : porte renfoncée et baie de fenêtres au rez-de-chaussée. Difficile d'imaginer qu'une maison enserrée entre deux constructions soit si lumineuse. Quand deux architectes traquent la lumière, ils la trouvent! D'abord, ils mettent très peu de rideaux. Seule la fenêtre donnant sur le trottoir a été garnie de persiennes à lames de verre dépoli.

  Leur bureau se trouve dans le hall au plancher de marmoléum bleu. Au coeur du rez-de-chaussée, un cubicule enserre la salle de lavage, percée au nord et au sud de deux petites fenêtres par lesquelles la lumière s'insinue en faisceau. Ses murs ne sont pas appuyés au plafond, pour laisser encore plus de jour.

  Tout au fond, une haute porte vitrée sépare le vivoir sobrement meublé de la cour minuscule et du balcon, fabriqué avec des poutres recyclées. Dans une contremarche, au haut de l'escalier, un trou incongru. Pourquoi pas ? Apercevoir la cour en montant à la cuisine, c'est un petit plaisir qui ne coûte pas cher. Sous l'escalier, des parois de contreplaqué russe cachent des placards et une salle d'eau «format avion».

  Corvée familiale

  «On a pris le temps de bien connaître la maison avant d'entreprendre les travaux», mentionne Nelson Ruel. Le chantier a duré deux ans et demi. Une vraie corvée familiale! Notamment au premier étage, où toutes les lattes de cèdre rouge recouvrant les murs et le plafond du salon ont été arrachées, numérotées, décapées, puis réinstallées. Les huit couches de peinture ont été anéanties.

  La cuisine donne sur l'arrière. Les propriétaires ont gagné de l'espace en l'agrandissant sur un ancien balcon. Quel tempérament! Elle est haute de plafond, parce que son plancher a été abaissé. Encore une astuce pour faire le plein de lumière. Avec des centaines d'échantillons de stratifié, Annie Lalancette a bricolé une murale bigarrée. Elle a aussi fabriqué une lampe suspendue, avec des petites bouteilles de verre réunies par des rayons de vélo. Ces touches de fantaisie égayent une pièce qui autrement serait austère, sous l'inox, le merisier et la laque bleu foncé.

  À l'étage supérieur, la salle de bains et les deux chambres respirent dans cet espace étroit, en raison des portes coulissantes qui les isolent du couloir. La salle de bains est tapissée de céramique bleue. Il en a fallu des calculs pour agencer tous ces petits carreaux sans en couper aucun. Derrière la fenêtre horizontale, se profilent les édifices de la haute ville. Il paraît que la nuit, c'est comme un poème. «Rationnel, compact et fonctionnel», c'est ainsi que Nelson Ruel et Annie Lalancette avaient pensé leur projet.

  Ce «laboratoire» est maintenant une maison. Elle est en lice pour deux prix de l'Ordre des architectes du Québec, dans les catégories projets d'aménagement intérieur et prix Marcel-Parizeau (projets dont le coût total n'excède pas 150 000 $).