Ils ont des idées, une vision, du talent, et l'oeil. Mais pas de diplôme! Les décorateurs du dimanche évoluent souvent dans un milieu artistique. Leur fibre décoratrice se substitue à leurs activités professionnelles les soirs et les fins de semaine. Leurs idées prennent alors forme et sont souvent à la hauteur de celles des vrais pros.

Ils ont des idées, une vision, du talent, et l'oeil. Mais pas de diplôme! Les décorateurs du dimanche évoluent souvent dans un milieu artistique. Leur fibre décoratrice se substitue à leurs activités professionnelles les soirs et les fins de semaine. Leurs idées prennent alors forme et sont souvent à la hauteur de celles des vrais pros.

Le directeur artistique et artiste visuel, Pierre-Yves Dupuis, est à revoir complètement le triplex qu'il occupe dans Villeray depuis 1994 avec sa conjointe et sa fille. Depuis le printemps dernier, leur demeure a été complètement déboulonnée. Et d'ici le printemps prochain tout devrait être en place. De la coquille initiale, bien peu a été préservé malgré un souci prononcé de recycler ou de réutiliser ce qui était là au départ. «La fondation a été entièrement refaite. Les matériaux ont été revus et les radiateurs à eau chaude préservés», explique-t-il. Et quelque 40 voyages à l'éco-centre ont été entrepris afin d'éviter le pur gaspillage.

Le point final sera un toit vert qui viendra témoigner de la volonté des occupants d'aider l'environnement et d'augmenter l'efficacité énergétique. Leur désir était d'être audacieux dans l'application de ce qu'il y a de plus au point sans lésiner aucunement sur la qualité des composantes. «J'ai d'abord voulu comprendre les volumes, créer une enfilade, ne rien obstruer, saisir toute la mécanique des lieux en mettant l'accent sur une volée d'escalier qui allait créer le lien pour tout le projet», précise M. Dupuis.

Après avoir obtenu le permis municipal en fournissant des plans préliminaires dessinés en bonne et due forme conformément à sa volonté par un technicien en architecture, il a confié les travaux à un entrepreneur tout en prenant part activement lui-même à l'ensemble des travaux. «Ce projet a changé nos vies, littéralement. La détente ici est différente maintenant. J'aime que l'espace ne soit pas rempli. Si c'était à refaire, je le referais peu importe les contraintes que cela représente.»

En effet, malgré l'ampleur du chantier, la famille a choisi de demeurer sur place pendant toute la durée des travaux. «Je m'assurais d'avoir fait le ménage quand ma blonde revenait le soir. Je trouve que tout le monde a fait preuve de souplesse et de compréhension durant cette période.» Et le résultat partiel est concluant. Une multitude d'astuces ont été mises de l'avant afin d'optimiser le potentiel de l'endroit. Des portes coulissantes donnent accès aux salles de bains, les lattes des planchers, manuellement dégagées et retapées, ont été réinsérées dans l'autre sens; les fenêtres et les portes, plus hautes que les premières, permettent à la lumière d'entrer à profusion. On sent une bonne compréhension de l'espace, de la fluidité, des volumes bien calibrés. Et une atmosphère propice au bien-être se dégage de l'ensemble.

Plus que des armoires

Pour Carole Lacroix, coiffeuse, quand vient le moment de jouer avec les volumes, on ne badine pas. Celle qui a acheté sur plan en septembre 2005 un petit nid d'un peu plus de 800 pieds carrés sur le Plateau ne se voyait pas aménager sans mettre son grain de sel dans un condo «clés en main». Elle a donc travaillé étroitement avec les gens de Devex construction afin que ses désirs deviennent réalité, quitte à investir quelque 30 000 $ de plus pour y arriver et obtenir du sur mesure qui n'a rien de standard. «J'ai bien analysé les plans et j'ai demandé des modifications importantes qui ont d'abord été refusées.

Il fallait en effet tenir compte de plusieurs réalités incontournables. La toilette devait rester là où elle avait été prévue. La hotte de la cuisine et l'ensemble des tuyaux afférents à la plomberie également. Revoir les sorties prévues aurait été trop coûteux. Il fallait respecter leur emplacement. Mais à partir de ces contraintes, j'ai tout de même pu en arriver à repenser du tout au tout ce qui avait été prévu pour la cuisine et la salle de bains et je suis très heureuse du cours des choses.»

D'emblée, le résultat est plutôt spectaculaire. En éliminant ce qui aurait servi de penderie à l'entrée, Mme Lacroix a choisi d'investir les lieux immédiatement. Ainsi, elle a fait aligner sur le mur frontal son concept bien songé d'une cuisine compacte qui tient sur quelque mètres et qui contient, bien dissimulés, les électroménagers laissés autrement souvent apparents. Un chic plan de travail de granit blanc que l'on confondrait avec du quartz donne le ton. La partie supérieure des armoires est constituée de merisier plaqué teint couleur «anis étoilé», un brun prononcé mais loin de celui du wengé que Mme Lacroix juge trop répandu.

Le bas des armoires est blanc laqué assorti au plan de travail. Le lave-vaisselle et le réfrigérateur sont invisibles grâce aux panneaux de bois qui les recouvrent. Une idée plutôt heureuse puisque leur vue dès l'entrée serait un peu brutale. De l'autre côté, un audacieux échiquier contient une armoire de rangement et un garde-manger. L'endroit est épuré, bien conçu, sans ornement ni fioriture.