L'artiste du béton Florent Cousineau a créé, avec un «génie du métal», un escalier de verre qu'il appelle sa «sculpture fonctionnelle». Transparent, fluide, il mène à une terrasse, certes, mais il est surtout l'ami de la lumière.

L'artiste du béton Florent Cousineau a créé, avec un «génie du métal», un escalier de verre qu'il appelle sa «sculpture fonctionnelle». Transparent, fluide, il mène à une terrasse, certes, mais il est surtout l'ami de la lumière.

 Cet escalier est situé dans un condo de la rue Sault-au-Matelot enclavé entre la falaise et des édifices plus hauts que lui. À l'entrée, sur le trottoir, on a du mal à voir le bouton de la sonnette, tellement c'est sombre. On s'aventure dans un premier escalier en se demandant où diable il aboutit. On monte et, surprise, on arrive «dans un autre monde», pour reprendre les mots de la propriétaire.

Cet «autre monde», c'est une cuisine prise en sandwich entre un salon et une chambre, un vaste espace rectangulaire, fenestré à l'avant, à l'arrière et en haut surtout.

C'est que le couple a fait ouvrir le plafond pour accéder à sa terrasse. Autrefois, l'homme et la femme devaient grimper par une échelle de métal fixée au mur, puis se faufiler par un trou dans le plafond. L'escalier et la mezzanine de verre ont transformé leur façon de circuler dans ce condo et de l'habiter.

La dame voulait de la lumière et du mouvement. Elle a été servie! Mais elle en a refusé des projets avant de «sauter» sur Florent Cousineau dans un 5 à 7 et de lui exposer son souhait. Cousineau a pris le contrat, à la condition d'avoir carte blanche.

Escalier de verre: l'expression est spectaculaire. Mais il s'agit en fait d'acrylique. «Du verre trempé, si ça casse, tu descends longtemps», illustre l'artiste. Pour prévenir le vertige, les marches passées au jet de sable sont semi-transparentes. Mais leurs tranches sont translucides. «La lumière fait de belles projections sur le mur de pierre quand elle passe à travers ces tranches», explique Florent Cousineau.

Ossature d'aluminium brossé

Son dessin à main levée a été concrétisé par Christian Lemelin, un «génie», soutient-il, un technicien du fer, qui a fabriqué l'ossature d'aluminium brossé de l'escalier. Ce matériau réfléchit si bien la lumière.

«L'exécution est parfaite, affirme Cousineau. Les cordons de soudure sont impeccables». Sur le meneau central, vide à l'intérieur et constitué de quatre côtés, sont disséminées des petites mains de métal regroupées en trios qui supportent les marches semi-transparentes.

Dans ce logis sans enfant, la rampe est aérienne, presque invisible, mais sécuritaire. «C'est l'approche européenne», explique Florent Cousineau. Ouvert sur le salon, sans angle droit, «il est comme je l'avais rêvé», exulte la dame, heureuse de savoir, maintenant, que «tout est faisable».

Ce condo BCBG était un entrepôt quand l'homme l'a acheté en 1990. Quinze ans de travaux l'ont métamorphosé en appartement luxueux. Il a toujours ses vieilles pierres et son plafond de tôle plus que centenaire, mais sa cuisine est moderne. Son mobilier est un amalgame parfait d'antique et d'actuel.

La chambre, très vaste, héberge la plupart des espaces de rangement : un grand walk-in à la paroi arrondie et un mur d'armoires sans poignée, du même beige que le mur. Elles se fondent dans le décor et lui donnent une touche contemporaine, que renforce une coiffeuse de bois adossée au mur voisin.

Le plancher a été bien restauré. Les fissures entre les larges planches de pin ont été comblées avec de la colle et du bran de scie. Un lit de métal, un audacieux lustre de cristal et une commode autrichienne époustouflante de rondeurs occupent la pièce sans la surcharger, ainsi que l'a suggéré la designer Monique Amyot.

«On veut mourir ici», a lancé la dame afin d'exprimer son attachement pour ce condo du Vieux-Port.