Fred-Éric Lemelin gère une brocante invitante, à mi-chemin entre la haute et la basse ville. Il transforme les crics en tabourets, les poteaux de galerie en étagères et les fenêtres en tables de salon. Tout l'inspire, sauf les bibelots en bâtons de popsicle.

Fred-Éric Lemelin gère une brocante invitante, à mi-chemin entre la haute et la basse ville. Il transforme les crics en tabourets, les poteaux de galerie en étagères et les fenêtres en tables de salon. Tout l'inspire, sauf les bibelots en bâtons de popsicle.

 Les ateliers de la Pente-Douce offrent une généreuse vitrine à ses créations, à une intersection très achalandée de Québec, là où Marie-de-l'Incarnation devient la côte de la Pente-Douce. Son étagère rustique y est bien visible, ses deux poteaux de galerie servant de supports à des tablettes remplies de boîtes métalliques. «Les poteaux étaient roses avant», mentionne Fred-Éric, qui leur a redonné une teinte naturelle.

Le jeune homme veut «démocratiser les antiquités». Aux gens qui mettent leur nez dans l'encadrement de sa porte et qui hésitent à entrer, il dit: «Vous pouvez acheter une antiquité pour le prix d'une mélamine.» Et si, hier, vous n'avez rien trouvé dans son atelier, revenez demain. «Je reçois de nouveaux articles tous les jours», ajoute-t-il.

À travers les chaises bancales, les commodes mal en point, les lampes défraîchies et un fourre-tout à 45 tiroirs, une table à café détonne. Recouverte de carreaux de verre, elle assume son profil contemporain. Fred-Éric Lemelin mentionne que sa base de bois a été fabriquée à même la fenêtre d'une maison ancienne de Beauport. «Je suis plus brocanteur qu'antiquaire», conclut-il aussitôt.

Cette table de salon, il ne souhaite pas la vendre tout de suite. Il aimerait qu'elle lui serve de démonstrateur, puis trouver le temps d'en fabriquer de similaires.

Métamorphose

En revanche, son tabouret bricolé avec un cric de maison et une poulie de bateau demeurera sans doute un prototype. À moins qu'une bonne âme se présente à son atelier avec un cric et une poulie. Mais Fred-Éric serait bien capable de leur faire subir une autre métamorphose.

L'artisan constate qu'à Québec, «les antiquités, c'est winner». Les gens continuent de lui vendre leurs vieilleries, à l'unité ou par plein camion. Les bancs de calèche, les poêles de fonte, les outils rouillés, les cadrans démodés, les planches à laver, les baromètres inutiles, les coiffeuses fatiguées: il prend tout, sauf les «lampes en bâtons de popsicle». Il a même commencé à restaurer une réplique du Santa Maria, l'un des bateaux de Christophe Colomb. Ses voiles étaient noires de saleté. Fred-Éric leur a rendu ses couleurs et ses motifs.

Il fait beaucoup de restauration, mais il rêve de se consacrer davantage à la création, comme à ses débuts. Mais il ne se plaint pas, car en 1998, quand il a ouvert son atelier, il n'osait même pas rêver de gagner sa vie avec le bois, sa passion.

Allez y jeter un coup d'oeil, pour acheter, pour vendre ou juste pour le plaisir de fouiner dans un bric-à-brac pas banal. Fred-Éric Lemelin est recevant, et il fait des bons prix, «pour favoriser le roulement».

 

Photo Le Soleil

Un fourre-tout imposant... à 45 tiroirs!