Rangement Derrière la porte… de la cuisine

Une cuisine immaculée, est-ce que ça se peut ? Ceux qui seraient tentés de répondre « non, ça ne se peut pas ! » devraient prendre en compte un élément clé : l’existence d’un garde-manger de type walk-in, ou d’une cuisine derrière la cuisine, qui permet d’entreposer toutes sortes de choses et, surtout, de cacher le désordre avec élégance.

Chez Cassandra Loignon, la cuisine est impeccable. Rien ne traîne sur les comptoirs en marbre, tout est rangé. Pourtant, celle qui a plusieurs livres de recettes à son actif cuisine sans arrêt, beaucoup plus que la moyenne des gens. Son secret ? Un immense garde-manger dissimulé derrière la cuisine, un back pantry, qui lui permet de s’éclater à l’arrière tout en gardant l’avant propre et présentable.

L’autrice de la série de livres Simplement chic et, plus récemment, Cuisiner l’hiver et Cuisiner l’été, se souvient d’ailleurs du garde-manger de son enfance. « C’était tellement profond que tu oubliais que tu avais certaines choses, qui devenaient rancies rapidement. Je m’étais dit que quand j’aurais ma maison, un jour, je le ferais à ma façon pour m’assurer que tout soit à la vue », dit celle qui vit dans la région de Québec avec son mari et son fils.

Pas standard

Chose dite, chose faite. Elle en est maintenant à son troisième condo, et à tout autant de garde-mangers walk-in. Cette fois, elle savait donc exactement ce qu’elle voulait, malgré le scepticisme initial des architectes avec qui elle a travaillé. « C’est sûr que ce n’est pas standard », affirme-t-elle en riant. Mais lorsqu’on gagne sa vie en créant des recettes, on a besoin d’espace !

« Quand je cuisine, c’est important pour moi d’avoir accès à mes aliments facilement. L’idée, c’était donc d’avoir des étagères pas trop profondes. Ça évite le gaspillage, et ça m’aide aussi pour la créativité », énumère la femme d’affaires, aussi propriétaire du salon de beauté Les Précieuses, et créatrice des vins Maison Ladore.

Cela permet également de maintenir la cuisine propre quand on reçoit des gens, mais aussi dans la vie de tous les jours.

À l’intérieur, c’est un peu comme sa caverne d’Ali Baba. Sur les étagères, les pots transparents sont alignés les uns à côté des autres dans la plus grande harmonie. Farine, pois chiches, pâtes, tous les ingrédients secs y sont, sans oublier les épices dans des pots en verre et couvercles de bambou. Cassandra préfère d’ailleurs ne pas apposer d’étiquettes sur ses pots, car la gestion devient alors trop compliquée. Si plusieurs types de farine se ressemblent, par exemple, elle indique simplement le nom en dessous avec un crayon effaçable.

C’est là aussi qu’elle entrepose sa vaisselle couleur crème ; également, des bacs en bois permettent de stocker des conserves ou encore des sauces. Finalement, un grand cellier ceinture l’espace, auquel il est également possible d’accéder par l’entrée de la maison.

Du point de vue de l’efficacité, cette configuration lui permet de cuisiner souvent deux recettes en même temps. Puisque son batteur sur socle est derrière, et qu’elle possède également un petit four, elle y confectionne souvent ses desserts, pendant qu’elle prépare autre chose à l’avant. C’est là que se trouve aussi sa machine à café.

Un concept pour tous

Nul besoin de gagner sa vie en créant des recettes pour se doter d’un tel garde-manger. Cet espace d’extra est de plus en plus demandé chez les clients, affirme Catherine B. de la Sablonnière, directrice artistique chez les cuisinistes d’Ateliers Jacob.

Cette pièce est parfois appelée butler’s pantry, et ce n’est pas pour rien, souligne d’ailleurs M^me de la Sablonnière. À l’époque, c’est là que les majordomes dans les maisons cossues préparaient discrètement les festins des propriétaires et de leurs invités. L’incarnation d’aujourd’hui est tout autre et… un peu moins glamour, puisqu’elle sert notamment à cacher notre désordre !

Plusieurs l’utilisent comme coin déjeuner, par exemple, ce qui s’avère particulièrement pratique avec des enfants. « Ça permet l’utilisation de tous les jours, résume M^me de la Sablonnière. Par exemple, les enfants peuvent aller utiliser le grille-pain, et ce n’est pas grave s’ils partent de la maison sans nettoyer, parce que c’est caché. »

D’autres clients en profiteront pour y dissimuler des étagères, invisibles à partir de la cuisine, où entreposer toutes les choses moins jolies. C’est là aussi qu’on peut laisser des appareils comme l’air fryer ou le mélangeur.

On peut également y préparer des cocktails ou monter les assiettes quand on reçoit des invités, comme Cassandra Loignon aime le faire. Ou même prendre un moment pour soi, à l’écart de l’agitation de la maisonnée.

Et l’espace ?

Si on est dans une construction neuve, on peut facilement prévoir des pieds carrés supplémentaires pour un garde-manger de type walk-in. Mais qu’en est-il des appartements plus exigus où l’on effectue des rénovations ? Il y a toujours moyen de créer de l’espace, croit Catherine B. de la Sablonnière. « On y va vraiment avec les besoins du client, évalue-t-elle. Parfois, on peut recycler la garde-robe d’un bureau ou d’une chambre qui ne sert pas vraiment, et qui se trouverait derrière la cuisine », illustre-t-elle.

Si on a un espace plus restreint, on peut simplement en créer une version miniature. « Ça peut être de prendre 5 ou 6 pieds carrés de plus qu’un garde-manger standard, pour pouvoir y entrer. »

Une chose est certaine, l’idée suscite beaucoup de curiosité. Sur les réseaux sociaux, Cassandra Loignon recevait tellement de questions au sujet de son garde-manger qu’elle y a consacré un chapitre entier de son dernier livre publié aux éditions Pratico-Pratiques. Et maintenant que tout est rangé et organisé… c’est l’heure de se mettre aux fourneaux !

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