Le marbre — et sa déclinaison de terrazzo — est plus populaire que jamais dans les intérieurs. C’est un matériau de prédilection pour plusieurs designers et architectes, qui l’aiment autant pour son effet punché que pour son intemporalité. Mais encore faut-il savoir comment l’intégrer à un décor avec doigté… Nous avons parlé à deux professionnels qui raffolent de cette roche calcaire au look raffiné, autant dans leurs maisons que dans leurs projets.

« J’ai toujours été une grande amoureuse du marbre. En fait, je pense que les architectes en général, on aime bien ce matériau ! », lance d’emblée Emanuelle Thibault, elle-même architecte de métier.

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Emanuelle Thibault et son associé dans la firme, Alexandre Calce-Milo

La fondatrice de la firme État architectes parle d’expérience, puisqu’elle a inclus du marbre et du terrazzo dans sa propre maison. Il s’agit d’un duplex de Verdun qu’elle et son conjoint de l’époque avaient acquis il y a environ 10 ans, pour le transformer en résidence unifamiliale. Ils avaient fait la plupart des travaux eux-mêmes, se souvient-elle. « On a vraiment mis la main à la pâte. Et la cuisine, c’était le dernier élément, la cerise sur le sundae. »

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Emanuelle Thibault a choisi le terrazzo dans sa cuisine de Verdun, un duplex transformé en maison unifamiliale.

Outre son amour pour le terrazzo, ce sont aussi des raisons pratiques qui ont poussé Emanuelle Thibault à choisir ce matériau pour la cuisine. « Je suis un peu freak du ménage, admet-elle en riant. Donc je tenais vraiment à avoir quelque chose de lisse et de facilement nettoyable, que ce soit sur le dosseret ou sur le comptoir. C’est pour ça qu’on a choisi le même matériau sur ces deux surfaces. » Cela permettait aussi d’unifier la pièce en évitant d’avoir trop de matériaux.

  • L’architecte a opté pour le même revêtement pour le comptoir et le dosseret. On économise ainsi sur le nombre de matériaux, tout en facilitant le nettoyage.

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    L’architecte a opté pour le même revêtement pour le comptoir et le dosseret. On économise ainsi sur le nombre de matériaux, tout en facilitant le nettoyage.

  • Puisque le reste de la cuisine est dans des tons de blanc et de bois, le motif plus audacieux du terrazzo s’y fond agréablement.

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    Puisque le reste de la cuisine est dans des tons de blanc et de bois, le motif plus audacieux du terrazzo s’y fond agréablement.

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Le motif du terrazzo n’est pas nécessairement discret, mais il prend la place qui lui revient, soutient l’architecte. « Puisque tout le reste est vraiment sobre, la cuisine était capable de porter ce choix-là, qui était très présent. » En effet, le reste de la pièce est habillé de tons de blanc et de bois plutôt neutres.

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Le marbre habille la cuisine du designer Luke Havekes.

Pas trop de matériaux

De son côté, le designer Luke Havekes a opté pour du marbre dans la cuisine de son propre appartement, à Outremont. L’imposant marbre blanc zébré de rainures bleues a été utilisé pour le comptoir, le dosseret ainsi que l’îlot. La dalle Calacatta Viola provient de Turquie, et a été dénichée chez Ciot. C’est d’ailleurs là que la plupart des designers s’approvisionnent.

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Le designer Luke Havekes

Idéalement, le designer se contente de seulement trois matériaux dans une cuisine, pour éviter la multiplication : un premier pour le plancher, un deuxième pour les comptoirs et les dosserets, et un troisième pour les armoires. Cela permet aussi au marbre de briller dans toute sa splendeur, sans que l’ensemble devienne trop chargé pour l’œil.

  • La salle de bains attenante à la chambre principale chez Luke Havekes est habillée de terrazzo.

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    La salle de bains attenante à la chambre principale chez Luke Havekes est habillée de terrazzo.

  • Détail du terrazzo de la salle de bains de M. Havekes

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    Détail du terrazzo de la salle de bains de M. Havekes

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Dans ses projets, le marbre, on le retrouve à plusieurs endroits : sur les tables de salon, les tables de chevet, les étagères… « Je trouve que ça ajoute quelque chose partout dans la maison », résume-t-il. Même chez lui, il ne s’est pas arrêté à la cuisine. Par exemple, la salle de bains attenante à la chambre principale est habillée de terrazzo.

D’ailleurs, qu’est-ce qui distingue le marbre du terrazzo ? Le terrazzo est en fait composé de fragments de marbre ou d’autres pierres, disposés en mosaïque dans du ciment.

Un exemple iconique de ce type de revêtement de sol peut être vu au restaurant Leméac de l’avenue Laurier Ouest, illustre Luke Havekes.

De nos jours, toutefois, ces techniques traditionnelles sont pratiquement impossibles à reproduire. Mais si cet art né en Italie fait un retour en force de nos jours, c’est parce qu’il vient maintenant en dalles, sur lesquelles sont imprimées des motifs terrazzo. C’est ce procédé qui est utilisé dans la plupart des projets d’aujourd’hui. Voilà pour la petite histoire !

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L’imposant îlot de marbre traversé d’une veine caramel s’impose au centre du local d’Everyday Sunday.

La star de la pièce

« C’est vraiment un élément qui fait un effet “wow” dans tous les projets », constate l’architecte Emanuelle Thibault, qui n’hésite pas à inclure le marbre avec ses clients, résidentiels mais aussi commerciaux. Elle l’a récemment fait dans le magasin de maillots de bain Everyday Sunday, réalisé en partenariat avec Fauves Design. « Tout le local est blanc crème, et on a mis un îlot en marbre très présent. Il y a juste l’îlot avec sa grosse veine caramel qui vient prendre toute la place. Mais on peut la prendre, cette place, quand tout le reste est vraiment sobre. »

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Même s’il semble noir au premier coup d’œil, le marbre utilisé pour le comptoir de la salle de bains est bel et bien vert. Un choix audacieux pour l’époque, souligne Emanuelle Thibault.

Mais faut-il être prêt à allonger une fortune pour s’offrir ce matériau ? Tout dépend de l’essence… et de la rareté, nuance Mme Thibault. Toujours dans sa résidence de Verdun, elle avait opté pour un marbre vert dans sa salle de bains. « À l’époque, le marbre vert, personne n’en voulait, c’était vraiment ancré dans les années 1970, dit-elle. Alors ça ne nous a pas coûté trop cher. » Elle estime toutefois qu’aujourd’hui, le coût du même matériau serait beaucoup plus élevé, puisqu’il est de plus en plus recherché.

Quoi qu’il en soit, même si elle ne vit plus dans cette maison depuis, elle souhaite que ses choix traversent le temps. C’était aussi l’intention de Luke Havekes, qui a jeté son dévolu sur ce matériau pour ses qualités intemporelles. « Le but, chez moi, c’était de faire une cuisine de qualité qui dure longtemps, et qu’elle soit encore actuelle dans 20 ans. »

Consultez le site d’État architectes Consultez le compte Instagram de Luke Havekes Design