Dès l’entrée, on comprend que la maison, construite en 1931, a été bien conservée. L’appartement n’avait eu qu’un seul propriétaire jusqu’à tout récemment, qui a su garder son charme suranné : les boiseries, les moulures finement travaillées, le lambris de bois embossé dans le couloir et même les tuiles hexagonales qui habillent le vestibule.
Lorsque Marc Bherer et sa conjointe Louise Blanchet ont acquis la résidence de Verdun, il y a huit ans, ils savaient que ce serait « leur » projet. Puisqu’il est designer d’intérieur et qu’elle est architecte paysagiste, ils avaient une bonne idée de ce qu’ils voulaient. C’est finalement l’année dernière que les propriétaires ont effectué ces travaux, afin d’y vivre confortablement avec leurs enfants Marie, 6 ans, et Victor, 9 ans. La cuisine et la salle de bains ont été refaites, le sous-sol, fini, les planchers usés, remplacés, mais le cachet, lui, est resté.
De l’art partout
« L’histoire de la maison, c’est beaucoup des coups de cœur au fil de mes 20 ans de pratique », lance d’emblée Marc Bherer, président de la firme Desjardins Bherer. Lui et sa conjointe ont rempli leur appartement avec des œuvres de leurs artistes préférés, ainsi qu’avec des pièces de mobilier dont l’inspiration a parfois été puisée dans d’autres projets réalisés par l’agence de design.
Par exemple, dans le salon baigné de lumière, on trouve deux chaises originales Bertoia, achetées d’un distributeur de mobilier Knoll ; celles-ci trônent devant une table de verre Reflect de Bensen. De l’autre côté, le fauteuil vert — un Maralunga de Cassina qui date des années 1970 — côtoie un meuble où sont alignés des livres de design et une collection de vinyles. « C’est le système 606 de Vitsœ, du designer Dieter Rams, lance Marc Bherer au sujet du meuble de rangement. Ici, c’est notre salon, un endroit pour écouter de la musique, discuter, et où les enfants font de la lecture. »
Sur le mur est suspendu l’imposant tableau Iceberg de l’artiste montréalais d’origine taïwanaise Chih-Chien Wang. « À mes débuts, il y a 20 ans, je ne connaissais pas les œuvres d’art. Lorsque j’ai commencé à m’y intéresser, c’est l’un des premiers artistes que j’ai découverts et je voulais vraiment avoir une œuvre de lui », explique le designer.
C’est le même scénario dans la salle à manger, où le vaisselier encastré s’harmonise avec la table et les chaises conçues par l’atelier de mobilier Vaste, ainsi que l’œuvre d’André Jasmin accrochée au mur.
Que l’on connaisse ou non ces différents artistes, l’œil voit tout de suite l’harmonie entre le bâtiment d’époque et les ajouts modernes. Le tout dans l’idée de créer un milieu de vie chaleureux.
On voulait que ça ait l’air habité. De faire des décors contemporains, mais pas trop minimalistes, et quand même achevés.
Marc Bherer, designer d’intérieur et propriétaire
Un deuxième séjour
À l’arrière de la maison, qui donne sur la cour, la disposition des pièces a été revue. Des murs ont été abattus pour faire une grande cuisine à aire ouverte, jouxtée d’une pièce de détente où se trouvent un canapé confortable et le téléviseur. C’est le lieu idéal pour papoter avec les invités pendant que l’on prépare le repas. Dans la vie de tous les jours, les enfants adorent y relaxer et écouter un peu de télévision tout en déjeunant. « On trouvait pratique d’avoir ce petit salon attenant à la cuisine. De plus en plus, on fait ça dans les projets, car les clients le demandent », affirme Marc Bherer.
C’est de là qu’on accède au sous-sol, dont l’escalier a aussi été déplacé afin d’agrandir la salle de bains. Les designers ont toutefois pris soin de garder la descente dans le même sens qu’à l’origine, soit celui des solives, pour qu’il n’y en ait qu’une à enlever. On s’épargne ainsi de gros travaux de structure.
Le sous-sol abrite une salle familiale, les chambres respectives des enfants, ainsi que leur salle de bains. C’est là qu’a été accrochée une autre œuvre d’art, familiale, celle-ci : une photo d’Islande, croquée à l’occasion d’un voyage.
Car c’est bien une famille qui habite ici, avec deux jeunes enfants, même s’il est difficile de le deviner tant tout y est rangé. Il faut dire que ceux-ci sont tombés dedans quand ils étaient petits, comme dit l’adage. Et ça tombe bien, puisqu’ils y prennent goût eux aussi : ils ont notamment choisi eux-mêmes plusieurs aspects de la décoration de leurs chambres respectives. « Ils ont toujours été habitués à évoluer avec les belles choses qu’on avait », soutient leur père, heureux d’avoir transmis son amour du design à la jeune relève.