Devant la porte du nouvel atelier-boutique mūz, avenue Atateken, une musique invite les flâneurs à franchir le seuil. C’est ce que l’on fait, intriguée, après un furtif coup d’œil à la vitrine. L’endroit est étroit, rempli d’objets éclectiques : un mélange un brin excentrique qui dégage joie de vivre et humour. L’ensemble témoigne, de toute évidence, d’une vision du design qui refuse de se prendre au sérieux…

Nous sommes au cœur du repaire fantaisiste de la designer et artiste visuelle Nathalie Collet. Vive, pimpante, la créatrice présente ses trésors avec un enthousiasme renouvelé à chaque objet. Ici, des peluches de Suède côtoient des vulves vide-poches en céramique. Au mur, des animaux en collerettes s’affichent sur des plateaux d’un style « Bridgerton » décalé.

L’étrange faune fixe le visiteur, à moins que ce ne soit la porcelaine fine, les savons faits main ou les bonnets de bain délicieusement kitsch que la propriétaire a fait venir d’Athènes.

Dans cet antre éclectique cohabitent les styles et les époques — des objets à usages et prix variés qui ont chacun leur petite histoire.

J’aime ce mélange d’objets qui ont quelque chose d’unique.

Nathalie Collet

« Quand je tombe sur un item qu’on ne voit pas chez tout le monde, j’ai l’impression d’avoir fait une trouvaille, dit-elle avec une satisfaction évidente. Si c’est trop représenté à Montréal, je ne le fais pas. »

C’est en voyant ses décors et l’ambiance particulière qui s’en dégage que son entourage l’a encouragée à explorer cette voie. Ainsi a commencé à mûrir l’idée d’un atelier-boutique chaleureux pouvant regrouper, en un seul lieu, un éventail d’objets à s’offrir ou à offrir en cadeau : un rêve de longue date pour celle qui se plaisait, petite, à jouer à la marchande.

  • Les plateaux fantaisistes d’Ibride

    PHOTO MORGANE CHOQUER, LA PRESSE

    Les plateaux fantaisistes d’Ibride

  • Bonnets de bain Korès

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    Bonnets de bain Korès

  • Peluches Sarowki

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    Peluches Sarowki

  • Coussins et bijoux Mouchkine

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    Coussins et bijoux Mouchkine

  • Mobilier animalier d’Ibride

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    Mobilier animalier d’Ibride

  • Plateaux et vide-poches Gangzaï s’arriment à du mobilier de brocante

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    Plateaux et vide-poches Gangzaï s’arriment à du mobilier de brocante

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Nathalie Collet n’a pas toujours laissé libre cours à sa démarche artistique. En tant que « petite fille des montagnes », raconte-t-elle en évoquant son enfance dans un village des Alpes, ce dessein prenait vie dans une autre stratosphère. « Ça a été très long avant que j’accepte que j’étais artiste. » Après des études en marketing et une carrière dans la voix off, elle ose.

Mūz est son terrain de jeu et le fruit de ses pérégrinations dans les brocantes, sur le web ou en voyage. C’est là, aussi, qu’elle mêle son talent à celui d’artisans locaux. « Ma mère a mis ici tout ce qu’elle aime et j’aime tout ce qu’elle propose », souligne l’une de ses quatre filles, Coco, qui s’est jointe à cette aventure « mūzéale » au printemps. À l’arrière du local, dans un petit atelier, mère et fille explorent leur fibre artistique, la première dans des créations en matériaux recyclés et la seconde dans un style pop art.

L’essentiel des luminaires présentés en boutique sont fabriqués par Nathalie Collet. S’y ajoutent quelques pièces de mobilier. L’artiste crée avec ce qui allume en elle une étincelle, et qui peut tout aussi bien être un amortisseur de camion, un baril de métal, de la pulpe de papier, un conduit d’évacuation ou une fausse fourrure. Ces matériaux récupérés se réincarnent sous sa main en toiles, poufs, tables d’appoint ou suspensions colossales.

  • Nathalie Collet dans son atelier

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    Nathalie Collet dans son atelier

  • Les personnages naïfs en pulpe signés par l’artiste visuelle

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    Les personnages naïfs en pulpe signés par l’artiste visuelle

  • Luminaire grand format de Nathalie Collet

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    Luminaire grand format de Nathalie Collet

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Nathalie Collet travaille ces jours-ci la pulpe sur canevas. « Je la prends et ensuite, sans réfléchir, je la dépose. C’est une abstraction totale du mental et de ce que j’ai pu apprendre sur le plan artistique », décrit-elle en manipulant la matière. L’exercice donne naissance à des personnages enfantins remarqués par le jury de la foire Together We Art, qui sera présentée à New York cet automne. « Jamais je n’aurais pu imaginer que ça finirait par être exposé dans un endroit prestigieux », relève-t-elle, emballée.

Avant toute chose, la designer se décrit comme une créatrice et de ceux qui voient du beau partout… Même dans un ressort de voiture qui poursuit son existence de façon inusitée une fois métamorphosé en table de chevet. « La créativité ne m’a jamais quittée. À un problème, il y a toujours une solution. Et au final, c’est bien ! »

Visitez le site de l’atelier-boutique mūz fabrique