À l’ère des notifications intempestives, du télétravail envahissant et des nouvelles étourdissantes, c’est vers une invention de la nuit des temps que beaucoup se tournent pour trouver le calme : la bougie. Parfumée ou pas, elle n’a pas son égal pour créer une ambiance feutrée et chaleureuse. Or, même si elle illumine votre intérieur, elle a aussi sa petite part d’ombre. Éclairage.

Ça n’est sans doute pas étranger à la pandémie qui force les gens à passer beaucoup de temps à la maison : les ventes des fabricants artisanaux de bougies ne cessent de croître depuis le printemps. « Pour le parfum, la lumière et l’ambiance, une bougie, c’est super réconfortant, dit Annie-Claude St-Jean, de Dimanche matin, une entreprise de tartinades qui confectionne aussi des chandelles depuis bientôt quatre ans. Les gens se font un cadeau en s’achetant une bougie et ils en offrent à leurs proches qu’ils voient beaucoup moins. À la fête des Mères, les ventes ont été incroyables. »

La papeterie Baltic Club, installée boulevard Saint-Laurent, à Montréal, s’est lancée dans la fabrication et la vente de bougies il y a un an maintenant. Le succès a été immédiat. « On en vendait une dizaine par semaine au début, dit Brice Salmon, cofondateur de la papeterie. Maintenant, on parle de 2000 bougies par mois. On vient de mettre en vente notre kit de fabrication de bougies et, ça aussi, ça marche très bien. »

  • Deux bougies produites par Baltic Club, à Montréal

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

    Deux bougies produites par Baltic Club, à Montréal

  • Brice Salmon et Mélanie Ouellette, cofondateurs de Baltic Club, dans leur boutique du boulevard Saint-Laurent

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

    Brice Salmon et Mélanie Ouellette, cofondateurs de Baltic Club, dans leur boutique du boulevard Saint-Laurent

  • Récemment mis sur le marché, cet ensemble de fabrication de bougies connaît un beau succès, dit Brice Salmon, de Baltic Club.

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

    Récemment mis sur le marché, cet ensemble de fabrication de bougies connaît un beau succès, dit Brice Salmon, de Baltic Club.

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Même histoire chez Écoderma, une marque de produits de soins véganes qui coule ses chandelles dans un atelier à LaSalle. Les ventes sont en forte hausse depuis le printemps. « En une semaine ce mois-ci, j’ai fait plus de ventes qu’en novembre et décembre l’an dernier, s’enthousiasme la fondatrice, Priscilla Leftakis. Je vais manquer de chandelles pour Noël ! »

La bougie à l’eucalyptus et celle baptisée Forêt boréale sont les plus populaires chez Écoderma. L’eucalyptus a aussi la cote du côté de Baltic Club, tout comme le parfum Cyprès et figue. Les odeurs boisées, classiques, fonctionnent également très bien pour Dimanche matin. « Tout ce qui est sapiné séduit, précise Annie-Claude St-Jean. Pour les parfums plus sucrés, c’est moins unanime. Soit on adore, soit on déteste. »

Faire le bon choix

Bien sûr, choisir la bonne fragrance pour soi ou pour les autres, ce n’est pas toujours simple. Mais la composition de la chandelle mérite aussi une certaine attention. Dans le commerce, beaucoup sont faites de paraffine, un dérivé du pétrole peu cher. Or, quand elle brûle, la paraffine libère des composés organiques volatils (comme le tulène ou les alcanes) qui persistent des heures dans l’air ambiant et peuvent être toxiques, selon une étude de l’Université d’État de la Caroline du Sud, publiée en 2019 (que les grands fabricants de chandelles ont contestée).

Les chandelles de cire de soya ne libèrent pas ces résidus et font moins de suie, c’est pourquoi Écoderma, Baltic Club et Dimanche matin ont plutôt choisi ce produit d’origine végétale.

L’avantage, aussi, c’est que la cire de soya brûle deux fois moins rapidement que la paraffine. Mes chandelles de huit onces durent de 40 à 50 heures.

Annie-Claude St-Jean, à propos des chandelles de cire de soya

Il est préférable de ne pas laisser une chandelle allumée plus de deux heures, indique la propriétaire de Dimanche matin. « Plus longtemps, la cire risque de surchauffer et d’altérer le parfum ou la couleur de la chandelle, dit-elle. Aussi, je conseille de ne plus utiliser la chandelle s’il reste moins d’un demi-pouce de cire pour ne pas abîmer les surfaces. »

Les trois ateliers consultés pour cet article précisent choisir des fragrances de qualité, parfois naturelles ou de synthèse, mais jamais irritantes, assurent-ils. « Je suis moi-même asthmatique, dit Priscilla Leftakis, d’Écoderma. Je me souviens d’une chandelle achetée dans un magasin de grande surface qui sentait très fort. Ça m’avait vraiment incommodée, j’ai beaucoup toussé. »

« Certains parfums, même en très petites quantités, peuvent déclencher une crise respiratoire chez les personnes sensibles », confirme l’Association pulmonaire du Québec sur son site web. L’organisme cite d’ailleurs la combustion de bougies comme une source de contamination de l’air à l’intérieur des maisons. Limiter le nombre de chandelles allumées, bien ventiler les pièces et utiliser un purificateur d’air permet de réduire l’exposition à des particules nocives pour la santé, estime l’Association.

Chandelles vertes ?

  • Chandelle à l’eucalyptus d’Écoderma

    PHOTO FOURNIE PAR ÉCODERMA

    Chandelle à l’eucalyptus d’Écoderma

  • Chandelle Sapin blanc de Dimanche matin

    PHOTO SARAH DAGENAIS, FOURNIE PAR DIMANCHE MATIN

    Chandelle Sapin blanc de Dimanche matin

  • Une chandelle à la cire d’abeille de Merveilles d’abeilles

    PHOTO FOURNIE PAR MERVEILLES D’ABEILLES

    Une chandelle à la cire d’abeille de Merveilles d’abeilles

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Si la cire de soya est plus saine que la paraffine, sa provenance soulève tout de même quelques questions. La culture traditionnelle du soya, qui se fait à grand renfort d’OGM et de pesticides, s’attire en effet souvent des critiques chez les groupes de défense de l’environnement. Or, mettre la main sur une cire issue de l’agriculture biologique n’est pas simple. Parmi ceux que nous avons interrogés, seule Écoderma dit réussir à avoir accès à une cire bio… à 80 %.

Pour un produit le plus naturel possible (mais pas végane), certains choisiront des chandelles de cire d’abeille, dont l’odeur douce a aussi ses adeptes. De nombreuses mielleries partout au Québec en proposent. Encore là, la provenance de la cire a son importance. « Certains produits chimiques utilisés dans la lutte contre le varroa, un parasite présent presque partout dans le monde, peuvent rester dans la cire, explique Jonathan Lessard, de Merveilles d’abeilles, dans Lanaudière. Nous travaillons en bio, avec des acides naturels qui ne laissent aucune trace dans nos produits. »

Bon, maintenant que tout est clair, on l’allume, cette chandelle ?

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