(Toronto) À l’ère des intérieurs minimalistes et épurés, les décos maximalistes du Drake ne manquent jamais de faire grande impression.

Dans les hôtels et les restaurants du groupe torontois, on n’hésite pas à marier neuf et ancien, à associer haut de gamme et abordable, à superposer les textures, les matières et les couleurs. Un style très libre que certains pourraient avoir envie de reproduire à la maison.

Le Drake, ce fut d’abord un hôtel de 19 chambres dans la Ville Reine, rêvé par l’infatigable Jeff Stober, puis ouvert en 2004, dans un vieux bâtiment tout déglingué de la rue Queen West. L’excentrique entrepreneur voulait en faire une version torontoise du mythique Chelsea Hotel, à New York : un repaire d’artistes et de gens hip dont les espaces communs seraient surtout fréquentés par les gens du coin.

Un article du Toronto Life, datant de 2016, raconte comment le jeune Jeff passait ses week-ends à fréquenter les « ventes trottoir » et les marchés aux puces de Montréal avec sa mère. Il a toujours eu un penchant pour le vintage et les objets cocasses.

Plus tard, l’homme d’affaires voyagea beaucoup et acheta des poupées faites main partout où il allait. « Elles étaient abordables et ne prenaient pas trop de place dans une valise. Elles étaient décalées et ludiques. Il les arrangeait en tableaux dans son salon tandis que ses amis le regardaient, médusés, une bière à main. Mais Stober aimait l’étrangeté de la chose. Aujourd’hui, les clients de ses hôtels sont accueillis par une poupée un peu insolite posée sur le lit », peut-on lire dans le même article.

PHOTO FOURNIE PAR DRAKE HOTEL PROPERTIES

Une chambre du Drake Hotel, à Toronto

Le Drake Hotel a été une réussite dès le début. L’arrivée de l’hôtel a sans conteste donné leur essor aux rues autrefois mal famées à l’ouest du centre-ville de Toronto, de nos jours bordées de boutiques et de restaurants. Encore aujourd’hui, le succès et le désir d’expansion du groupe sont tels qu’en 2020, 32 chambres et un nouveau hall s’ajouteront au Drake originel.

Le restaurant Drake One Fifty a vu le jour en 2012, dans le quartier des affaires de Toronto. Ont suivi l’hôtel Drake Devonshire (2014), dans Prince Edward County, le Drake Commissary, un espace de 8000 pi2 qui comprend une cuisine de production, un restaurant, une boulangerie et un comptoir pour emporter, dans le quartier Junction Triangle (2017), le Drake Mini Bar (2018), toujours au centre-ville, et le Drake Motor Inn, en face du Devonshire, ouvert il y a à peine deux mois.

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La salle à manger du Drake Hotel

Toutes ces propriétés sont des petits bijoux d’éclectisme. Leurs intérieurs recherchés font immanquablement un effet « wow » sur les visiteurs qui y pénètrent pour la première fois. Plusieurs designers y ont traduit leur vision, dont l’omniprésent John Tong et la vedette internationale Martin Brudnizki. Le groupe Drake compte même une conservatrice d’art à temps plein, Mia Nielsen, qui achète les nombreuses œuvres d’artistes principalement locaux qui sont exposées dans les chambres, les salles à manger et les autres espaces communs.

Carlo Colacci et Joyce Lo sont pour leur part responsables d’une bonne partie de l’approvisionnement (lire : magasinage de meubles et d’objets) pour l’entreprise grandissante. Ils se sont joints à l’équipe de Jeff Stober en 2008, pour fonder le Drake General Store. La petite boutique d’hôtel mariait articles vintage, vêtements de designers locaux et souvenirs hautement originaux. C’est aujourd’hui une enseigne en elle-même, avec trois adresses physiques et un site internet bien stocké. On y trouve d’ailleurs quelques objets pour la maison.

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Une chambre de l’hôtel Drake Devonshire, à Wellington, dans Prince Edward County

« Nos environnements sont vraiment pensés pour stimuler les sens, créer la surprise et le ravissement. Chaque surface, chaque petit espace est une occasion d’émerveiller », explique Carlo Colacci, au sujet des nombreuses propriétés Drake qu’il a eu l’occasion de meubler.

Le Torontois, dont la magnifique maison a d’ailleurs fait l’objet d’une vidéo sur le site du magazine House & Home, est un chineur professionnel. Il fréquente les salons d’antiquités du Texas, les marchés aux puces du Massachusetts, les granges du Vermont, les antiquaires de la ville de Buffalo, les ventes de succession, etc., à la recherche de pièces uniques.

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Une chambre de l’hôtel Drake Devonshire, à Wellington, dans Prince Edward County

« Ma partenaire Joyce Lo et moi avons une approche très concrète et pratico-pratique. Une fois le gros des morceaux trouvé, nous passons beaucoup de temps sur place, dans le nouveau lieu sur lequel nous travaillons, pour nous assurer que tous les éléments s’agencent bien, qu’ils traduisent l’esprit du Drake, que l’on se sente à l’aise dans l’espace. »

Jeff Stober, le grand manitou, se promène d’une propriété à l’autre. Après chaque visite dans un de ses hôtels ou restaurants, l’homme de bientôt 60 ans envoie ses notes à son personnel, pour suggérer des améliorations, des remplacements, des mises à jour. Les environnements Drake ne sont pas figés. Ils tentent de refléter leur époque, tout en jouant sur une certaine nostalgie — des appareils Polaroid dans les chambres du Motor Inn ! —, pied de nez assumé à nos vies numérisées.

https://www.thedrake.ca/thedrakehotel/

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La salle à manger du Drake Hotel, à Toronto

Conseils déco 

Voici les recommandations de Carlo Colacci, président du Drake General Store, pour décorer un espace.

La pièce maîtresse

« Lorsqu’on part de zéro, pour décorer un espace, ça peut naturellement être intimidant. Pour se lancer, on garde l’esprit ouvert et on choisit d’abord une pièce maîtresse, comme un plafonnier particulièrement spectaculaire ou une chaise magnifique. Le reste devra s’agencer avec ce morceau. Ainsi, on a au moins un élément de référence pour choisir les autres. »

Magasiner en personne

« Joyce et moi préférons, de loin, voir ce qu’on achète… de près ! C’est nécessaire d’inspecter, de toucher, d’essayer. La majorité des pièces, on les déniche en personne. Puis, il nous arrive de compléter sur l’internet. »

Réparer

« J’ai récemment acheté un sofa de marque Cassina pour ma maison. Je l’ai fait recouvrir et, après, il était comme neuf. Ça m’a coûté environ 2000 $ pour un meuble qui vaut environ 14 000 $. Il y a un tel stock de meubles et d’objets en circulation sur la planète. Ça vaut vraiment la peine d’acheter d’occasion. En plus d’ajouter du caractère à un décor, de permettre des économies, c’est aujourd’hui un impératif de recycler. »

Changer

« Chez moi comme dans les espaces du Drake, on fait régulièrement des changements. Il ne faut pas avoir peur de redynamiser sa déco, en déplaçant meubles et objets de temps en temps. »

Les bonnes adresses de Carlo Colacci

Les prix à Toronto étant de plus en plus élevés, le chineur préfère fréquenter les marchés aux puces et les antiquaires des villes et régions environnantes. Il lui arrive parfois de venir faire un tour à Montréal.

Les puces de Brimfield

Depuis huit ans, Carlo se rend au moins une fois par année au mythique marché à ciel ouvert de Brimfield, au Massachusetts (à environ cinq heures de Montréal). Celui-ci a lieu pendant quelques jours en mai, en juillet (du 9 au 14, cette année) et en septembre. Pas moins de 6000 exposants s’y installent.

Consultez le site du marché aux puces (en anglais) : https://brimfieldantiquefleamarket.com/

Les secrets de Buffalo

La ville du nord de l’État de New York compte plusieurs antiquaires de qualité. En plus, on peut y manger de délicieuses ailes de poulet !

Consultez le site de Tourisme Buffalo consacré aux antiquaires (en anglais) : https://www.visitbuffaloniagara.com/business-type/antiques/

Round Top Antiques Fair

Cette foire se tient au Texas à l’automne. Carlo et Joyce y ont fait quelques trouvailles.

Consultez le site de la foire (en anglais) : https://www.roundtoptexasantiques.com/

Style Labo

Ce n’est pas donné, chez Style Labo, mais c’est le prix à payer pour des pièces impeccables dénichées un peu partout puis rapportées à Montréal. L’équipe de la boutique du boulevard Saint-Laurent a ses entrées à Brimfield, entre autres !

Consultez le site de Style Labo : http://stylelabo-deco.com/