Au moment où les périodes d'ensoleillement sont les plus courtes, nous nous sommes demandé quel était le réel effet de la lumière naturelle. Des fenêtres bien orientées rehaussent-elles le bien-être des occupants? Mieux, peuvent-elles soulager ceux qui souffrent du trouble affectif saisonnier?

Deux experts nous donnent leur point de vue.

«Il est possible de compenser le faible rayonnement solaire en hiver par une lampe conçue pour la luminothérapie ou par de l'éclairage artificiel. Mais nos yeux sont mieux adaptés à la lumière naturelle, laquelle procure un confort visuel supérieur.

«Même si l'éclairage électrique produit assez de lumière (pour se déplacer, lire...), il ne peut remplacer le soleil.

«Les fenêtres, en plus de procurer un éclairage naturel à nos espaces, permettent d'assurer une plus grande relation avec l'extérieur. C'est ce qui augmente notre bien-être.

«Voir des passants, des oiseaux, la lune ou la couleur du ciel par une fenêtre est bénéfique. Les enfants ne sont-ils pas plus joyeux en classe lorsqu'ils aperçoivent les premiers flocons en hiver? D'où l'importance de créer des vues sur l'extérieur.

«C'est ce qu'on appelle la biophilie, un terme qui désigne l'affinité des humains pour les systèmes naturels. Nous recherchons inconsciemment des liens avec le monde vivant et ce concept est de plus en plus repris par les architectes.

«En résumé, personne n'a envie de se sentir dans un cube aux murs aveugles. Les concepteurs avisés proposent donc l'aménagement de grandes fenêtres orientées au sud pour profiter des gains thermiques en hiver. Ces ouvertures sont également protégées, pour éviter la surchauffe, l'été.

«En période froide, et ce pour minimiser les risques associés au blues hivernal, il est avisé de profiter de la lumière naturelle à l'extérieur ou dans un espace semi-extérieur, comme une verrière isolée, afin d'augmenter notre niveau de satisfaction.

«Passer une heure par jour à l'extérieur comble amplement nos besoins de lumière naturelle, qui assurément est l'une des choses de la vie qui rend heureux.»

- Claude MH Demers, professeure titulaire à l'École d'architecture de l'Université Laval et chercheuse spécialisée en éclairage naturel.

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«Une maison baignée de lumière naturelle procure un bien-être psychologique à ceux qui l'habitent. Mais encore faut-il s'y trouver au moment de l'ensoleillement!

«En hiver, une majorité de gens quitte sa demeure avant le lever du soleil et revient à la pénombre. Impossible donc de bénéficier de la lumière du jour, même si la maison est largement fenêtrée.

«Sans compter que d'un point de vue physiologique, l'horloge biologique du cerveau - qui génère notamment le rythme du sommeil et la production d'hormones - requiert une exposition à la lumière le matin, pendant une vingtaine de minutes, afin de se synchroniser avec le cycle de 24 heures de la rotation de la Terre.

«Par conséquent, il peut être approprié pour certaines personnes de recourir à la luminothérapie tôt le matin, grâce à une lampe d'appoint. Cette dernière permet de combler un manque de lumière naturelle en hiver et d'enrayer les symptômes associés à la dépression hivernale (ou trouble affectif saisonnier).»

- Marc Hébert, professeur titulaire en ophtalmologie à l'Université Laval et chercheur en photobiologie.

Photo: Robert Skinner, La Presse

«Une maison baignée de lumière naturelle procure un bien-être psychologique à ceux qui l'habitent», rappelle Marc Hébert.