Le tartan est un tissu carreauté normalement en laine qui, suivant ses couleurs particulières et leur agencement, est représentatif d'un clan ou de familles d'Écosse ayant un ancêtre commun. Par un mimétisme de bon aloi, on fait pareil ailleurs, mais pour préciser des nations ou des régions et leur caractère. Au Canada, par exemple, chaque province ou territoire a le sien. Y compris le Québec, bien qu'il n'ait jamais encore été proclamé.

Or, l'artisane Éliette Tremblay de Saint-Maurice, près de Cap-de-la-Madeleine, en a fait son occupation principale. Le tartan du Québec, elle le tisse pour en faire des vêtements splendides ici, des blasons là.

C'est en 1976, à l'occasion des Jeux olympiques de Montréal, que le tartan aurait été créé et introduit, mais sans être promulgué.

Il revêt les couleurs des armoiries de la province : le rouge s'accordant au ton des feuilles d'érable à l'automne; le bleu marine suggérant un ciel d'hiver; le vert profond, la couleur même de la feuille d'érable et de nos forêts; l'or, la monarchie et nos richesses nationales; puis le blanc, dans lequel, au bas, se fond notre devise, «Je me souviens».

Coup de foudre

Éliette Tremblay est native de Saint-Fulgence, au Saguenay. Fin des années 40, elle étudie les arts domestiques à l'Institut familial de Chicoutimi. Quelques années plus tard, soit en 1957, après avoir été formée à l'Hôpital Saint-Sacrement de Québec, elle devient infirmière.

Durant les années 60, sa petite famille et elle s'en vont habiter la municipalité rurale de Saint-Maurice. Là, elle joint l'Association féminine d'éducation et d'action sociale (AFEAS) et la préside quelque temps. Parallèlement, afin de refaire ses connaissances en matière de tissage au métier, elle étudie à la Maison Routhier de Sainte-Foy.

En l'an 2000, elle découvre le tartan du Québec sur un calendrier. Il est l'oeuvre de France Paquet-Blais, une tisserande de Saint-Georges qui enseigne son art et exploite, en sa qualité d'associée, la Maison d'artisanat Créativités Beauceronnes de Notre-Dame-des-Pins.

«Ce fut le coup de foudre», dit Mme Tremblay. Forte d'avoir appris, à l'Institut familial de Chicoutimi, à croiser des fils à angle droit, en juxtaposant les couleurs et en les entrecroisant pour donner lieu à des motifs et des nuances, elle se promet de mettre désormais le Québec en tartan. Ce serait sa spécialité.

«À Chicoutimi, j'ai carreauté en rouge et noir. Et je m'en fis même un vêtement. Je savais donc par où commencer», précise-t-elle.

En laine fine mérino ou en mohair, en coton ou en lin, voire en tout genre de textile, elle tisse patiemment, depuis, des longueurs de tartan du Québec. Puis elle les compose en jupes, kilts, cravates, jetés, écharpes, mantes, ponchos et foulards. À moins qu'elle n'incorpore à des essuie-mains, linges à vaisselle, ceintures et nappes, tissés communément au métier, un pavé de tartan.

Blason

Fière de l'identité québécoise, elle a voulu augmenter le tartan du Québec d'une fleur de lys tissée, bordée d'un cordonnet fait au crochet et cousu à la main. «C'est mon idée», se félicite-t-elle.

Cette fleur, plaide-t-elle, symbolise la paix, la pureté et l'harmonie. Du coup, elle rappelle nos origines françaises.

Hommage au créateur

En cela, elle conjugue la fleur de lys, l'emblème le plus identitaire du Québec, et la symphonie de couleurs du tartan qui résulte d'une savante disposition de fils.

Au dire de Mme Tremblay, cette technique empruntée à l'Europe témoigne de notre ouverture au monde, la réunion subtile des fils de notre sens de l'organisation, tandis que les couleurs détaillent notre environnement, nos valeurs et notre force de caractère. Enfin, pense-t-elle, les tartans, quels qu'ils soient, dans le processus créatif, leur accomplissement et leur portée sont un hommage au Créateur.

Renseignements : Maison Cam' Élie, Saint-Maurice, 819 374-5676

6 avril, Jour du tartan

Par amitié pour nos frères et soeurs d'ascendance écossaise, l'Assemblée nationale, en décembre 2003, proclame le 6 avril, Jour du tartan.

Cela, compte tenu que les premiers immigrants écossais se sont établis au Québec il y a plus de 400 ans, que la communauté écossaise du Québec a «contribué de façon significative à l'essor économique, social et culturel» de la province et que les liens l'unissant aux autres Québécois «sont profonds, sincères et constituent un exemple de l'amitié qui peut exister entre les communautés».

Ce 6 avril n'est ni le fruit d'une commodité chronologique ni du hasard. Il s'accorde à la date précise de la signature, en 1320, de la Déclaration d'Arbroath établissant l'indépendance historique de l'Écosse et le droit des Écossais de choisir leur souverain. Il y a donc 690 ans de cela.

Parmi les familles d'ascendance écossaise de chez nous : les Fraser, Leslie, Johnstone, Hunter, Burns, MacDonald, Cunningham ou Coudé, Cameron, Carmicael, MacLeod et MacNicoll. Puis les Blackburn, Harvey, Wilson, Skene, Beattie, Moffat, Donaldson, Simon, Ross, MacCormack, Scott, Lucas, Gray, Muir et encore.