La Canadienne Bess Callard tient le blogue The English Muffin dans lequel elle rédige une série intitulée Canadiana Tuesdays : chaque mardi, la designer graphique présente un objet fait au pays. La jeune femme de Toronto, qui habite maintenant Montréal après avoir vécu quelques années en Autriche, assure que les Canadiens ont une façon unique de s'exprimer dans leur art et leurs intérieurs.

Elle pense que les décors canadiens sont plus «discrets, modestes et relax». Moins d'opulence, de brillance. Le bois et la pierre sont mis en valeur. «Les stéréotypes sont là pour une raison»; nous vivons dans un très beau pays et c'est un aspect qui se reflète dans nos maisons, croit-elle.

Le studio de design Motherbrand a d'ailleurs présenté entre 2003 et 2005 Cabin/Cabane, une exposition qui embrassait les symboles et les mythes canadiens comme une ressource nationale unique.

De son côté, la céramiste Marianne Chénard crée des pièces mettant la culture canadienne en scène. Ses assiettes «refabriquées au Canada» sont en fait des céramiques anglaises ornées de paysages canadiens, par sérigraphie. L'artiste a été grandement influencée par la céramique anglaise lors de ses études universitaires en arts visuels à Vancouver. «C'est un aspect de la colonisation intéressant, répertorié dans la vie de tous les jours», soutient celle qui s'est établie à Montréal.

Originaire de Rimouski, Mme Chénard crée aussi des contenants décorés d'icônes de sa patrie pour le déjà symbolique sirop d'érable. Castors, orignaux, raquettes ou la bernache s'invitent à table. La jeune femme s'est inspirée des bouteilles en plastique pour le sirop et rend hommage à la fameuse «can», «un peu folk», en faisant référence au passé.

Les stéréotypes sont mis de l'avant par la sérigraphie sur une porcelaine blanche, pour donner un look moderne, et évincer toute notion de kitsch, affirme-t-elle. Une combinaison de l'ancien et du nouveau; un croisement de l'artisanat et du design industriel, avec un «petit côté orignal».

Dans les pays scandinaves, analyse Mme Chénard, on utilise beaucoup de bois, que l'on trouve dans la nature, comme ici. «Et il y a un aspect très ancré sur la luminosité», pour leurs hivers très sombres. «C'est une logique qui répond à leur environnement et leurs besoins.» Pour nous aussi, c'est la nature, l'immensité du territoire et du paysage, et les différentes cultures qu'on y retrouve. «L'art utile, ça va jouer en relation avec qui on est vraiment.»