Depuis 30 ans, les artisans mettent leur savoir-faire de l'avant à l'expo-vente Plein Art. Chaque été, de nouveaux venus se joignent aux vétérans pour y présenter leurs créations. Pour sa seconde cuvée dans le Vieux-Port de Québec, Plein Art regroupe plus de 130 exposants sous ses caractéristiques chapiteaux blancs qui accueillent les visiteurs jusqu'au 15 août. Un endroit tout indiqué pour dénicher des objets déco originaux et, surtout, rencontrer leurs créateurs.

Toujours ravie par l'achalanda-ge record de l'an dernier, avec 170 000 visiteurs, la directrice de Plein Art, Madeleine Dupuis, espère en accueillir autant cette année : «Ce serait déjà bien!». Et l'événement n'est pas populaire qu'auprès du public. Les artisans se montrent aussi enthousiastes. Des quelque 80 nouvelles demandes reçues pour devenir exposants, les organisateurs ont dû en retenir 20, explique Mme Dupuis. On devrait d'ailleurs apercevoir plus d'artisans du verre cet été, note-t-elle.

Le Soleil s'est entretenu avec trois nouvelles exposantes qui feront découvrir leur art sous les tentes érigées à l'Espace 400e au cours les prochains jours. Des fonds marins jusqu'aux couleurs des arbres de nos forêts, elles partagent, chacune par leur médium respectif, leur perception de la nature qui a poussé leur création.

Verre funky

Impressionnée par la vie aquatique, Carolyne Brouillard transforme ses idées en pièces de verre soufflé. On remarque l'influence des anémones et des coraux dans ses oeuvres, des formes qu'elle emploie «pour représenter la légèreté, la fragilité» de ces créatu- res menacées. Une vulnérabilité qu'elles partagent avec le verre utilisé pour ses sculptures qui s'élèvent, frêles et vulnérables, comme des bouquets marins.

Mme Brouillard a complété une formation collégiale en technique de métiers d'art à Montréal, avant de fonder Coraly Design Verrier (www.carolynebrouillard.com), en 2007. Captivée par le travail du verre depuis son enfance, la Longueilloise d'origine a été séduite par la transparence et les couleurs offertes par le matériau. «Au lieu d'aller en design à l'université et de dessiner des objets par ordinateur, je voulais les concevoir à la main.» Mais elle voulait aussi pouvoir rendre l'art accessible au grand public en développant ses côtés utilitaires et décoratifs.

La verrière s'inspire du «côté funky» des années 60; on le remarque aux courbes et aux contrastes de ses pièces. Elle marie le vert lime au turquoise et au rose. «Les couleurs étaient un peu plus ternes dans les années 60, je les ai mis vraiment à jour», précise-t-elle toutefois. Sa première production décorative : le vase spirale, un soliflore qui emprunte aussi aux mouvements des coraux.

Carolyne Brouillard aime bien créer des pièces au design ludique. Ses bols à bonbons, munis de quatre petits pieds, permettent de jouer avec sa forme, en le disposant à plat, ou bien même sur le côté. Sa création la plus populaire? La goutte «porte-bagues» à 25 $, version réduite du presse-papier de la même famille. Dans ces larmes de verre translucide flottent des faisceaux colorés. L'accessoire sculptural pourra aussi trouver une autre utilité grâce à l'ajout d'un socle, qui diffusera de la lumière à travers l'oeuvre, tout en la mettant en valeur.

La verrière crée aussi des bijoux organiques rappelant toujours les fonds sous-marins. Des pendentifs et des boucles d'oreilles «cibles», autre motif populaire des années 60, font aussi partie de sa collection.

Horloges endimanchées

Geneviève Garneau, ébéniste de formation, s'est spécialisée en marqueterie à la sortie de l'école. Mais la jeune femme avait aussi un penchant pour le rotin, un goût développé par un emploi qui l'a amenée à réparer des chaises anciennes en tressant ce matériau. C'est de la rencontre des deux arts qu'émerge l'Atelier Les Endimanchés (www.atelierlesendiman ches.com), son entreprise basée à Limoilou, en 2008.

«J'ai été attirée par le côté pictural de la marqueterie», dit celle qui se plaisait à créer des tableaux débordant de couleurs. Le placage, fait de fine couche de bois, est assemblé comme un dessin en atelier et ensuite collé pour orner ses horloges, coffrets ou sous-verres. Mais l'artisane n'utilise pas de teinture; tous les coloris de ses pièces sont produits par des essences de bois différentes. Mme Garneau multiplie les types de bois pour élargir sa gamme de teintes et de textures. Le noyer noir et l'érable piqué font partie de ses choix de prédilection.

En parallèle, l'artisane façonne le rotin pour concevoir des lampes et des paniers, assortis de billes d'érable. «Le rotin, c'est un art qui se perd», défend-elle. Elle en profite aussi pour créer des effets de lumière avec des feuilles de placage qu'elle tisse avec les fibres.

Recyclage haut de gamme

Geneviève Bélanger partage le même studio que Mme Garneau, à Limoilou. Également ébéniste, elle dirige Materia Prima (www.materiaprima.ca), une entreprise de fabrication de meubles de petites dimensions et d'objets décoratifs haut de gamme.

Après un détour en arts visuels à l'université, Mme Bélanger revient vers le bois, le bois massif dans son cas. C'est avec des accessoires de cuisine - planches à découper et cuillères - qu'elle se présente à Plein Art pour la première fois. Comme sa collègue, elle mélange les essences exotiques, comme l'okoumé et le cabreuva, avec celles plus communes telles l'érable, le cerisier et le bouleau noir.

Ses accessoires de cuisine sont en fait des sous-produits de sa production de meubles. Mme Bélanger conçoit aussi des grosses pièces «plus artistiques, à mi-chemin entre la sculpture et le meuble». Pas question donc de jeter à la poubelle ces jolies retailles de bois.

L'ébéniste s'amuse donc à créer des pièces ludiques en incrustant languettes et rondelles dans ses planches, «comme des casse-tête». De petites tranches de souches d'arbres font aussi leur apparition. Question de rappeler l'origine du matériel, qui fait rarement son apparition de la sorte dans la maison!

Plein Art ouvre les portes de ses chapiteaux de 11h à 22h, jusqu'au 14 août. Pour la dernière journée, le 15 août, la fermeture aura lieu à 18h.

lrichard@lesoleil.com