Dans le quartier Saint-Pascal, à Limoilou, un homme de 41 ans habite depuis trois ans un appartement qu'il a aménagé dans cet esprit, avec «le trousseau» qu'il s'est confectionné en écumant les marchés aux puces pendant 15 ans. «C'est encore un work in progress», résume-t-il.

Dans le quartier Saint-Pascal, à Limoilou, un homme de 41 ans habite depuis trois ans un appartement qu'il a aménagé dans cet esprit, avec «le trousseau» qu'il s'est confectionné en écumant les marchés aux puces pendant 15 ans. «C'est encore un work in progress», résume-t-il.

Une déco typique des intérieurs québécois d'une autre époque.

Il cuisine, il coud, il connaît et il adore le design. «Je m'intéresse aux années 50 depuis que j'ai 20 ans, dit-il. Dans tous les films, il y avait toujours un bar avec un shaker et des belles bouteilles. Tout le monde prenait un verre en plein milieu de l'après-midi, mais personne n'était saoul. C'étaient des années parfaites où on ne parlait pas de ses problèmes.»

Comme dans All About Eve

La cuisine et le salon ont ce fond de gaieté qui émane d'objets et de meubles tout droit tirés du film All About Eve. C'était le style moderne de 1950. La table de cuisine et ses quatre chaises, tout de chrome, de stratifié et de vinyle, illustrent le «pas vers la modernité» symbolisé par ces matériaux faciles d'entretien. Leur couleur saumon était caractéristique de l'époque, ainsi que le turquoise du comptoir de formica et le jaune de la desserte de métal. Attention, nous sommes ici en présence d'icônes!

Monsieur a choisi cet appartement pour ses armoires blanches en bois dont il a décelé le potentiel rétro. Il leur a mis des poignées chromées en forme d'étoile et l'effet lui a plu. Il a trouvé le frigo assorti dans Internet, chez une dame de Québec qui en avait assez de faire dégeler son congélateur. «Les grilles sont impeccables parce qu'elle les recouvrait de papier d'aluminium», explique-t-il. La jolie cuisinière vient d'un comptoir de meubles usagés.

Un vieux téléphone turquoise et sa sonnerie ringarde, de jolies assiettes aux motifs d'atomes et d'étoiles «trouvées dans les vidanges», un malaxeur de chrome, une jarre à biscuits McCoy, une poubelle à pédale, une grosse radio aux formes arrondies: tout ici nous replonge à l'époque des Plouffe.

Vivifiant

Le dosage du salon est particulièrement réussi.

Cet appartement est vivifiant. Pris isolément, chaque objet a un petit quelque chose de kitsch. Mais agencés avec un tel dosage, ils composent un décor franchement réussi. Son concepteur est un connaisseur, il travaille dans le domaine de la décoration, il connaît toutes les adresses spécialisées à Québec. C'est ce qui lui a permis de constituer son «trousseau». Impossible de faire ça en dilettante, affirme-t-il.

Une étagère dégotée à Sillery, dans la succession d'un ancien trésorier de l'Union nationale, domine le salon. Elle contient un téléviseur d'époque et le bar, évidemment. Un seul anachronisme: Max Le Chinois de Philippe Starck.

Un peu partout, sur le guéridon et sur la table en forme de «rognon», des objets en forme de spoutnik - briquet, baromètre, porte-cigarettes - animent une pièce aux murs jaunes. La lampe à l'abat-jour de fibre de verre a une planète Saturne sculptée dans sa base. Et les rideaux arborent des motifs atomiques propres à une certaine mode de l'époque. Une mode sans prétention, distillant la joie de vivre et l'insouciance.