Mais quel gourou a imposé ce courant? Qui a décidé que le duo noir et blanc était plus à la mode que les pois rose fluo?

Mais quel gourou a imposé ce courant? Qui a décidé que le duo noir et blanc était plus à la mode que les pois rose fluo?

«Nous sommes une source d'inspiration», indique Nelly Rodi, fondatrice de l'agence du même nom, située à Paris. Spécialisée en prospection des tendances mode et déco, Mme Rodi et son équipe de «chasseurs» de nouveautés réalisent chaque année un cahier de tendances pour la maison. Concepteurs, fabricants et autres professionnels du milieu peuvent se le procurer moyennant la rondelette somme de 4300$. Et le noir et blanc faisait partie de leurs prédictions il y a déjà quelques saisons.

Vincent Grégoire est le directeur de la section Art de vivre, chez Nelly Rodi. Il résume son travail: «J'observe tout ce qui se passe autour de moi. Autrement dit, je fais un peu de sociologie et d'économie.»

Au Salon maison&objet, qui se tient deux fois l'an, à Paris, Élizabeth Leriche aménage elle aussi un espace pour mieux guider les commerçants sur la déco du futur.

«Souvent, des exposants du Salon observent mon travail et reprennent mes idées», affirme-t-elle. Règle générale, il faut compter un an de décalage entre le dévoilement d'une tendance et la fabrication industrielle d'objets décoratifs qui s'en inspirent.

Plusieurs commerçants montréalais se rendent au Salon maison&objet afin de faire des achats et mieux humer l'air du temps. L'important? Être dans le coup en même temps que ses concurrents.

Effigi, une entreprise de Laval spécialisée dans la conception de vêtements et d'accessoires de décoration, ne badine pas avec l'observation des nouveaux courants. Elle possède son propre service de prospection. Ainsi, une douzaine d'employés ratissent le monde dans le but d'anticiper les tendances, du côté de la mode et de la maison (textile de table, vaisselle, ornements de Noël).

Ces «chasseurs» de tendances visitent les grands salons de la mode et de la déco dans le monde. Perpétuellement sur le radar, ils surveillent tout ce qui bouge, des groupes de musique aux voitures. Surtout, ils tentent d'adapter les tendances aux goûts des Nord-Américains. Ils fouinent également dans les boutiques hyper pointues, telle Colette, à Paris.

Effigi mise aussi sur le courant du noir et du blanc pour Noël qui vient. Des sapins noirs, des bougies foncées et bijoutées, des pères Noël blancs, ainsi que des ornements en forme de lustre ont été conçus.

Sylvain Véronneau, président d'Effigi, explique la naissance de la tendance. «Il y a deux ans, il y avait une surabondance de couleurs dans la mode. Par opposition, nous avons opté pour le noir et blanc. Ce duo a été repris pour la décoration et nous avons ajouté un esprit de luxe grâce à des applications de faux diamants et de perles», note-t-il.

Le milieu de la déco est-il dorénavant soumis aux mêmes diktats que la mode? Absolument, répondent les spécialistes. Le recherche de nouveautés devient donc effrénée.

«Un de mes trucs est d'observer mes dégoûts, explique François Bernard, directeur de l'agence parisienne Croisements. Lorsque je n'en peux plus de voir une mode, j'en trouve une autre, souvent contraire. D'ailleurs, je prédis qu'après cette profusion de chandeliers à pampilles et d'imprimés noir et blanc, nous retournerons à des objets fonctionnels plus modestes, ainsi qu'à un luxe discret.»