Ces créateurs de la relève européenne ont épaté les mordus de design innovateur, il y a quelque temps, à la boutique-galerie Commissaires, à Montréal.

Ces créateurs de la relève européenne ont épaté les mordus de design innovateur, il y a quelque temps, à la boutique-galerie Commissaires, à Montréal.

«C'est la toute première fois que les designers de 5.5 présentent leurs créations en Amérique. Pour une fois, une galerie montréalaise devance celles de New York», précise avec fierté Pierre Laramée, cofondateur. C'est d'ailleurs grâce aux dirigeants de Commissaires que ces créateurs ont pu, à la suite de leur passage à Montréal, exposer leurs produits à la boutique C.I.T.E. dans le quartier Soho, à New York.

Jusqu'à la mi-juillet, la galerie Commissaires met le recyclage en vedette. Intitulée Ressusciter, deuxième vie des choses, l'exposition réunit plusieurs objets reconvertis. Quant au projet d'hôpital des objets du groupe 5.5, il cadrait parfaitement avec le thème choisi.

Leur démarche, métaphorique et fort bien mise en scène, consiste à remettre sur pieds des meubles «meurtris» à l'hôpital. Leurs outils? Une série de prothèses qui peuvent être achetées. Il y a des béquilles métalliques pour pieds cassés et des prothèses d'assise en plexiglas pour chaises défoncées. Un ensemble de suture composé de cordons élastiques permet de reconstituer une porte manquante ou une assise perforée. Enfin, un kit de greffe donne la possibilité de fusionner des meubles estropiés.

Une fois réhabilités, les meubles exhibent sans complexe leur prothèse. Rien n'est fait pour la camoufler ou la maquiller. Tous les «pansements» du collectif sont verts, «couleur à la fois pharmaceutique et écologique», pointe Jean-Sébastien Blanc. Les médecins-designers ne cherchent donc pas à embellir les pièces abîmées, «mais à rendre au patient sa fonction initiale», disent-ils. Voyantes, les prothèses apportent une dimension contemporaine aux vieux meubles. «La réparation devient un élément fort de l'objet», affirme Jean-Sébastien Blanc.

Sur une vraie table d'opération louée, les quatre designers ont soigné, pour le compte des Commissaires, des meubles trouvés dans des éco-centres et des comptoirs de l'Armée du Salut, à Montréal.

À la suite du vernissage, trois chaises traitées par les médecins-designers ont été vendues. «Grâce aux interventions, les pièces prennent une dimension poétique qu'elles ne possédaient pas avant», fait remarquer Pierre Laramée.

Une chaise dotée d'une prothèse en guise d'assise vaut 225. Si elle est munie d'une béquille métallique, elle coûte 290.

Chaque pièce est signée et, déjà, les collectionneurs adeptes de design sont à la recherche des objets réanimés par le collectif.

Enfin, le projet Les vices de la déco du groupe a donné naissance à de drôles de verres et d'ustensiles. Il est possible de découvrir ces prototypes chez Commissaires. Il y a des verres à vin dont le pied a été remplacé par une vis. Ils ont été plantés, notamment, dans un bouchon de bouteille de sirop d'érable et dans un petit orignal décoratif. Selon le même principe, des lames de couteau ont été vissées dans un pistolet de plastique. Ludiques et décalés, ces objets piquent la curiosité. Mais, de là à les utiliser...

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Boutique-galerie Commissaires: (514) 274-4888