«On ne se doutait pas qu'il y aurait tant à faire, commente Claude Fortin. On s'est craché dans les mains et on l'a fait.»

«On ne se doutait pas qu'il y aurait tant à faire, commente Claude Fortin. On s'est craché dans les mains et on l'a fait.»

Le salon accueille les visiteurs dans le confort et la simplicité.

Et dire que cette maison de 108 ans n'était même pas à vendre, lorsqu'ils l'ont dénichée, il y a six ans, au hasard de leurs promenades. Elle avait tout ce qu'ils cherchaient: l'intimité, un emplacement isolé «à deux minutes de l'autoroute» et un potentiel inouï. De quoi oublier, en somme, la vente de leur maison de Lévis et leur projet évanoui de Beaumont.

Mais quand on a en tête d'acheter une maison pas à vendre, on la visite sur la pointe des pieds, presque en s'excusant. «On a découvert défaut sur défaut en la rénovant, raconte l'homme. Elle n'avait pas de solage, les fenêtres et les lambris étaient pourris et elle ouvrait carrément par le bas. On l'a refaite de A à Z.»

La salle de bains, annexée à la chambre, respecte à merveille le style de la demeure campagnarde.

Claude Fortin gagne sa vie comme ébéniste depuis deux ans, mais il fabrique des meubles à l'ancienne depuis une douzaine d'années. Il a son atelier à côté de la maison. «Ça faisait partie de son "potentiel"», souligne-t-il, avec un sourire.

Chantal Côté, sa conjointe, agente de bord de profession, «donne vie» à ses meubles, grâce à un patient travail de finition. Ils sont tous les deux autodidactes. Mais ils ont assez d'expertise pour donner des cours aux ébénistes en herbe. Sacré duo!

Leur cuisine campagnarde est si jolie qu'elle donne envie de popoter à longueur de journée. Les poutres de bois du plafond s'harmonisent au bloc de boucher grossièrement équarri. Les objets anciens et les plantes, les fruits et les paniers d'osier, le plancher à l'agencement réussi de céramique et de bois font de cette cuisine une pièce fonctionnelle et digne d'un magazine de décoration.

Du bois, toujours du bois! la richesse des meubles de la salle à manger plonge les occupants dans l'agréable ambiance d'une autre époque.

Les armoires sont l'oeuvre du couple, ainsi la hotte, qui marie elle aussi céramique et lambris de bois. Les accents de jaune adoucissent la couleur très foncée des boiseries. Dehors, c'est la campagne et la forêt.

Chaleur et cachet

Le chantier a duré «13 mois à temps plein». Chantal s'est parfois découragée. Elle ne regrette rien, maintenant que tout est si joli. «Mais si je savais, je ne recommencerais pas», confie-t-elle. Elle prend soin de préciser qu'ils ne sont pas puristes. «On a rénové, pas restauré», mentionne-t-elle. Ce qui compte pour elle, c'est la chaleur et le cachet.

La salle de lecture avec son lustre dont l'abat-jour est fait main avec des restes du tissu des rideaux.

L'étage est constitué de trois pièces: le coin lecture, le bureau et la grande chambre à laquelle est annexée une salle de bains. Claude, évidemment, a fabriqué le meuble-lavabo. Avec des portes anciennes et de vieux tiroirs, il a aussi créé une penderie, plus antique qu'une vraie antiquité.

Cette maison est décorée avec goût. Rien n'y est surchargé. «Je n'ai pas mis l'accent sur la couleur des murs, explique Chantal. J'ai préféré mettre en valeur les tissus, les coussins et les meubles. J'aime les meubles verts, bleus.»

Une courtepointe parfaite pour cette chambre aux allures campagnardes.

Son bonheur est incomplet, car il lui manque une étagère pour ses magazines de décoration. «Je suis maniaque, dit-elle. J'en consomme énormément. C'est pire que les vêtements et les chaussures.» Il faut bien que les idées naissent quelque part.

Claude répond qu'il s'y mettra bientôt. Mais ce n'est pas demain la veille qu'il se lancera dans l'aménagement du grenier. Il a trop à faire dans son entreprise, Ébénisterie Reflets d'autrefois, qui se spécialise dans les reproductions de meubles de style antique faits «avec amour et passion».