Les propriétaires ont laissé carte blanche à leur designer. Pratiquement sans aucune contrainte, elle a pu faire ce qu'elle voulait de la propriété de 3400 pieds carrés aux 9e et 10e étages de l'immeuble.

Les propriétaires ont laissé carte blanche à leur designer. Pratiquement sans aucune contrainte, elle a pu faire ce qu'elle voulait de la propriété de 3400 pieds carrés aux 9e et 10e étages de l'immeuble.

Coup de foudre pour la toile d'un artiste reconnu? On achète! Envie de se meubler tout en neuf? Pourquoi pas!

«C'est le genre de projet qui n'arrive qu'une fois dans une vie... quand on est chanceux», confie Mme Pellerin Beck, particulièrement fière de son oeuvre.

Après plus d'un an de croquis, de travaux et d'emplettes, la designer permet à Mon Toit de voir ce qu'elle a pu réaliser dans des conditions presque parfaites.

Peindre, mais s'éclater aussi!

L'appartement du 333 Sherbrooke est presque entièrement décloisonné au 10e étage. L'aire de réception donne sur deux grandes terrasses qui surplombent la ville.

Malgré l'absence de cloisons, Andrée Pellerin Beck et ses clients tenaient à ce que les espaces soient tout de même bien définis. Pour y parvenir, pas question de meubles imposants. Un simple jeu de couleurs au plafond ou sur un mur suffit.

«Je voulais séparer visuellement le salon et le coin cinéma maison, qui se trouvent dans la même portion de l'appartement, raconte Mme Pellerin Beck. En peignant un grand carré rouge, gris et orange au plafond, près du téléviseur, je n'ai pas eu besoin de cloisonner l'espace. C'est devenu évident qu'il s'agit d'un endroit distinct.»

La designer a utilisé la même technique pour peindre le mur qui mène au sous-sol. Pour effectuer la transition entre le gris du 10e étage et le vert du 9e étage, elle a dessiné des bandes horizontales qui mêlent les deux couleurs à du noir.

«Ces rappels peuvent aussi se faire sur un tapis, qui reprendrait les carrés rouges d'un mur, évoque la designer. C'est un moyen peu coûteux d'être original.»

Chaleureux, le plancher

Avec des murs gris anthracite, le plancher de l'aire de réception se devait d'être plus chaleureux. Les propriétaires et leur designer ont préféré l'ipé, un bois dur brésilien, aux essences traditionnelles comme le chêne et l'érable.

«C'est la teinte de ce bois qui nous a charmés, explique Andrée Pellerin Beck. L'ensemble est brun chocolat, mais chaque planche a sa propre teinte. Cela crée du mouvement.»

Marié à des tapis flamboyants, le parquet du 10e étage incite effectivement les invités à enlever leurs chaussures... et leurs bas, pour promener leurs pieds sur le tapis du salon, composé de milliers de gros poils rouges. Massage assuré!

Le coup de coeur d'Andrée Pellerin Beck et de sa cliente se trouve toutefois près de l'entrée principale. Bien en évidence, le tapis créé par le designer français Jean-Charles de Castel Bajac occupe un grand espace au pied d'un fauteuil de lecture.

À la manière d'un mot croisé, les cases colorées du tapis présentent des mots évocateurs comme «regard», «amour» et «tout».

Un étage plus bas, dans les quartiers privés du couple, le sol est couvert de lattes de teck, un bois dur aux tons plus doux. « C'est un bois très solide, qui ne demande pas beaucoup d'entretien, précise Andrée Pellerin Beck. Mes clients aiment être à la page, mais ils veulent conserver leur plancher très longtemps.»

Oser le gris

La première fois qu'Andrée Pellerin Beck est entrée dans l'appartement du 333 Sherbrooke Est, elle était bien embêtée : comment allait-elle faire oublier tous les étroits pans de murs entre les nombreuses fenêtres?

C'est avec un gris foncé qu'elle y est arrivée. «C'est le seul moment où mes clients se sont montrés sceptiques au sujet de mes choix, raconte Mme Pellerin Beck. Ils craignaient que la couleur assombrisse l'étage, même s'il est baigné de lumière. Je dois admettre que moi aussi j'étais incertaine. Tant que la couleur n'a pas été appliquée, j'espérais que je n'avais pas commis un faux-pas.»

La designer a toutefois rapidement été convaincue qu'elle avait eu raison. Le gris fait en sorte qu'on oublie les murs. La vue sur le centre ville, au sud, et sur le mont Royal, au nord, devient ainsi le principal point d'attention.

Pour égayer le gris, Andrée Pellerin Beck a choisi des couleurs secondaires vivantes, comme le rouge vif, le orange et le vert limette. Elle a surtout utilisé ces couleurs en petites touches pour les fauteuils, les tapis et les lampes.

Puis, au 9e étage, dans la chambre principale, elle a opté pour un vert tendre et un bleu ciel. L'ambiance y est plus douillette, plus intime. Un des deux bureaux est toutefois plus éclaté, avec des tons de fushia et d'orangé.

«Mes clients ont beaucoup d'humour, note-t-elle. Je me suis bien amusée.»

Meubles planifiés au centimètre près

Avant d'emménager dans leur appartement, les clients d'Andrée Pellerin Beck vivaient en banlieue, dans une très grande maison. Même avec 3400 pieds carrés à aménager, le couple faisait face à un problème de rangement.

Pour optimiser l'espace dans la copropriété, la designer a fait appel aux artisans de la Clef de Voûte, une entreprise qui fabrique notamment des meubles sur mesure.

«C'est comme se préparer pour un gala, explique Mme Pellerin Beck. On porte des vêtements sur mesure pour mettre sa silhouette en valeur. C'est la même logique pour l'aménagement d'une maison. Elle paraîtra mieux si les meubles sont conçus expressément pour elle, s'ils couvrent parfaitement un mur, par exemple.»

Le buffet de la salle à manger, le meuble de rangement qui longe le corridor près de la salle d'eau et le module de rangement dans la chambre principale ont tous été faits sur mesure d'après les croquis de la designer. Andrée Pellerin Beck a cependant un faible pour le placard du bureau de travail de sa cliente, sur lequel elle a reproduit une ville avec des blocs colorés.

Et si on n'a pas les moyens de commander des meubles sur mesure? «Certains magasins à grande surface offrent des meubles modulaires qui peuvent très bien faire l'affaire, croit la designer. Il suffit de prendre le temps de chercher.»