L'architecte Gilles Saucier, de la firme Saucier + Perrotte, agissait à titre de président du jury de sept personnes, qui se sont réunies, le 17 mars, au Musée de la civilisation, pour choisir les gagnants de ce concours annuel. Soixante-quatre étudiants avaient soumis 43 objets qui ont été exposés dans le hall du Musée de la rue Dalhousie.

L'architecte Gilles Saucier, de la firme Saucier + Perrotte, agissait à titre de président du jury de sept personnes, qui se sont réunies, le 17 mars, au Musée de la civilisation, pour choisir les gagnants de ce concours annuel. Soixante-quatre étudiants avaient soumis 43 objets qui ont été exposés dans le hall du Musée de la rue Dalhousie.

Le duo de lampes en béton «Duo Opus Incertum», conçues par Catherine Marcotte et Esther Rivard Sirois, l'un des deux objets gagnants.

L'encan qui a suivi le dévoilement des vainqueurs a battu un record: le directeur de l'École d'architecture, Émilien Vachon, a déboursé 1300 $ pour acquérir les deux belles lampes de béton, nommées «Duo Opus Incertum».

Gilles Saucier estime que leurs conceptrices ont réussi à «faire le pont entre deux entités contradictoires, soit la lumière et la structure de béton». Leurs lampes sont constituées d'un simple cylindre de béton, dans lequel elles ont entaillé des rainures qui laissent passer la lumière.

Selon l'architecte et professeur Jacques White, un des membres du jury, ces lampes pourraient donner une seconde vie aux «carottes de béton» qui restent sur les chantiers de construction après le perçage des dalles.

Du jeu d'échecs, Gilles Saucier retient «la recherche extrême» et l'utilisation de matériaux recyclés. «Il y a un propos dans cet objet», résume-t-il. Cette table d'échecs est une grosse boîte carrée de bois recyclé dans laquelle a été installée une lampe qui éclaire l'échiquier de plexiglas, de l'intérieur. Des éclats de bouteilles de bière dessinent les cases foncées. Les pièces sont en cuivre.

Selon Gilles Saucier, un tel concours est essentiel. «Il relève d'une initiative exceptionnelle, soutient-il. Car il démontre aux étudiants en architecture l'importance de décloisonner leur pratique et de faire aussi du design graphique et du design d'objets. Quand tu contrôles un objet, un outil, ça t'amène à contrôler un édifice.»

Sa propre équipe est «garnie» de designers et d'architectes. Lui-même conçoit des meubles et des prototypes d'objets. «À l'interne, nous faisons nous aussi des concours», confie-t-il.

Pensée critique

Cette table de poker conçue par Pierre Lépine et Guillaume Fafard a mérité une mention du jury.

Le jury a accordé une mention au jeu de poker baptisé Gaspillage électoral, inventé par Pierre Lépine et Guillaume Fafard, qui ont recyclé des vieilles pancartes électorales. «Même s'il ne sert à rien, cet objet est complet dans son énoncé, sa résolution et sa forme, commente Gilles Saucier. Les étudiants avaient une pensée critique et ils l'ont menée jusqu'à la fin de leur projet. C'est remarquable.» L'architecte l'a acheté.

Les objets primés n'avaient pas qu'une valeur esthétique. «Ceux qui ont gagné ont appuyé leur démarche derrière un discours», soutient Gilles Saucier. L'an dernier, le jury avait choisi la robe en bois d'Esther Labalette et de Julie Pilote. «Elle n'avait aucune utilité, fait-il valoir. Mais comme objet d'art, elle a rempli son mandat de nous éblouir.»

La commode sinueuse Éliza, coup de coeur du public.

Il invite les étudiants à être meilleurs l'an prochain. Leurs créations devront aller plus loin que l'esthétique. Certains objets qu'il se garde de nommer, «étaient plus gratuits dans leur énoncé et dans leur réalisation». Ils amenaient peu de chose en termes de nouveauté et de résolution. À ses yeux, «l'ancrage à la réalité n'est pas une nécessité». Les étudiants devront trouver la véritable raison qui les motive à faire tel objet.

Jacques White convient que certaines créations avaient «un petit côté bricolé». Mais les futurs architectes ne sont pas tous habiles de leurs mains. «J'ai des étudiants qui sont des intellos, genre philosophe», ironise-t-il. Il retient de la cuvée de cette année un travail intéressant sur les matériaux.

Les deux équipes gagnantes se sont partagé une bourse de 1000 $, gracieuseté de la Commission de la capitale nationale. Par ailleurs, 450 personnes du public ont voté pour leur coup de coeur. Le prix est allé à François Martineau, Yvan Nadeau et Nicolas Labrie, pour leur commode sinueuse, Éliza, faite de bois et d'une membrane souple de plastique. Ils ont reçu une bourse de 600 $.

Les fruits de la vente à l'encan serviront à financer les activités de fin d'études des futurs architectes.

Outre Gilles Saucier et Jacques White, le jury était composé du designer Ary Alavanthian, d'Hélène Pagé du Musée de la civilisation, d'Alexandra Perron du Soleil, de l'artiste Carl Bouchard et de Nathalie Prud'homme, de la Commission de la capitale nationale du Québec.