«On est déménagés le 15 décembre, et on recevait à Noël», raconte cette femme dynamique, dont la tête est remplie de souvenirs et d'anecdotes.

«On est déménagés le 15 décembre, et on recevait à Noël», raconte cette femme dynamique, dont la tête est remplie de souvenirs et d'anecdotes.

La bibliothèque, pièce chaleureuse.

Jules, son mari, et leurs trois fils avaient craqué pour l'escalier tournant qui conduit à la pièce au-dessus du garage. C'est le coin des parents, à la fois bureau, vivoir et salle de télé. Éclairé par un puits de lumière, parsemé de livres, de photos et de tous les repères d'une vie familiale, il débouche sur la chambre des maîtres.

On comprend la fascination des trois gamins devant cette pièce-surprise, point de départ d'un grand ovale autour de la maison, agrémenté de deux escaliers qu'ils ont dévalés comme des fous durant toute leur enfance.

«L'âme de la maison, c'est Jules, affirme Françoise. Il met la touche finale dans chaque pièce. C'est un homme rose.» Il a fait montre de beaucoup de goût dans l'agencement des meubles et des objets dont le couple s'est retrouvé propriétaire, quand les parents de Françoise ont "vidé" leur condo de Québec pour aller vivre en France. «J'ai tout récupéré», précise-t-elle.

Pièce maîtresse

L'escalier tournant qui mène au «coin des parents», au-dessus du garage.

La pièce phare est assurément la grande armoire fin XVIIIe, adossée à un mur rouge au fond du salon. À l'époque où ils pillaient les campagnes, «des antiquaires avaient offert 50 $ à mon grand-père, raconte-t-elle. Mon père lui a dit: je t'en donne 50 de plus et je la prends.» Il lui a retiré ses milliers de couches de peinture, puis il l'a mise dans la cuisine d'été. Cette armoire de style Adam figure dans le livre de Jean Palardy, Les Meubles anciens du Canada français.

À côté: le fauteuil Voltaire rouge qui a donné le ton à la décoration du salon, à la fois douillet et élégant. Tout autour: un charmant guéridon rond, une chaise haute minuscule qui a accueilli plein de petites fesses d'enfants, un cabinet anglais recelant «des bibelots de valeur sentimentale», une tablette sur laquelle trônent des tabatières d'Afrique et des tessons de poterie datant d'Alésia. Ces installations discrètes, ces mariages harmonieux d'objets hétéroclites, «ça, c'est Jules», résume Françoise.

La salle à manger est du même rouge vif que le salon attenant. La lumière vive, les moulures et le plafond blancs, les jolies assiettes en porcelaine de Desvres et une calcographie de Modigliani atténuent l'austérité du mobilier de bois foncé.

Le grand-père de Jules a légué un solide coffre à argenterie. Celui de Françoise, «général de gendarmerie», a laissé deux flambeaux et une horloge de marbre. «Je les trouve beaux depuis que je suis enfant», confie-t-elle.

La chambre des maîtres, attenante au «coin des parents».

Bon, ça suffit les énumérations! Une maison, c'est avant tout les gens qui l'habitent et les fantômes bienveillants qui rôdent. Dans la bibliothèque, à l'étage, une figurine désuète de Bonhomme Carnaval jure à travers les oeuvres d'art et les meubles de collection.

Françoise en profite pour faire l'éloge de sa belle-mère, décédée il y a trois ans. «Elle faisait des monuments de glace sur la rue de Longueuil, relate-t-elle. Une année, elle a même gagné un premier prix.»

La salle de bains rénovée répond à l'amour du bleu de Françoise.

Les trois fils ont quitté la maison. Mais ils ont encore leurs chambres, que leurs parents ont gardées intactes, mais qu'ils ont paquetées du trop-plein de l'héritage des grands-parents. Il y a donc, par exemple, des meubles antiques de valeur sous un plafond orné de gros cumulus.

«Un de mes garçons rêve du jour où il va nous "placer" et s'installer ici», fait la maman, faussement offusquée. Mais cette réflexion loufoque n'est au fond que la manifestation de son attachement pour cette maison où il se sentira toujours le bienvenu.

Et dire que tout est parti d'une armoire à confitures!