Thermoformé, coulé dans le sable, moulé à la cire, travaillé au chalumeau, soufflé, taillé, ce matériau suscite le mystère et la fascination, impressions que cette exposition est loin d'atténuer.

Thermoformé, coulé dans le sable, moulé à la cire, travaillé au chalumeau, soufflé, taillé, ce matériau suscite le mystère et la fascination, impressions que cette exposition est loin d'atténuer.

Un vase de verre soufflé de Patrick Primeau

«On n'a jamais vu autant de gens regarder à travers la vitre, que pendant le montage de cette exposition», mentionne Caroline Chabot, chargée de projets. Et pour cause! Par leurs formes, leurs couleurs, leurs textures, toutes les oeuvres de ce collectif illustrent la formidable polyvalence du verre, décuplée sous l'effet de la lumière.

«On a utilisé tout ce qu'on avait de disponible en termes d'éclairage, confirme Mme Chabot. On s'est beaucoup servi de faisceaux étroits, qu'on a dirigés sur les objets.»

«Dragonfly», de Tanya Lyons

Les énumérer bêtement, les décrire maladroitement, serait faire offense à ces créations tout en contrastes. Y a-t-il plus féminin qu'une robe? Tanya Lyons, pourtant, a moulé ce vêtement dans une armature d'acier inoxydable, qu'elle a parée d'une nuée de libellules transparentes, faites de verre travaillé à chaud. Vivement, qu'un designer de mode s'inspire de son Dragonfly!

Brad Copping a baptisé son oeuvre Munitions. Ses cylindres de verre soufflé, taillé et émaillé ont l'apparence d'obus. Des obus bien inoffensifs.

«Dans ma tête» de Maude Bussières

Maude Bussières, de Québec, a ciselé au chalumeau une véritable chenille de verre, au corps arrondi en demi-lune. Suspendue au mur, fine, complexe, Dans ma tête est à la fois aérienne et mystérieuse. Comment diable en arrive-t-on à tant de beauté ? Bussières a aussi laissé deux oeuvres, Vision (noire) et Vision (claire), qui témoignent de son souci du détail et de sa recherche sur la forme et la couleur.

On sourit souvent en zigzaguant d'une installation à l'autre. Caroline Ouellette a fabriqué dans le verre soufflé trois oeuvres ludiques, tant par leurs formes organiques, que par leurs couleurs pimpantes. Anis, Figuier et Emplumée portent bien leurs noms. Allez voir les Vases bandés d'Annie Cantin. Régalez-vous de ses chandeliers toniques, Spin et Vivace, qu'elle a fichés au mur à l'horizontale.

«Vision noire» et «Vision claire», de Maude Bussières

Caroline Chabot désigne les vases de Jeff Goodman. «Quand on les a déballés, on a pensé qu'ils ne tiendraient pas debout», raconte-t-elle. Leur base, en effet, semble trop étroite pour leur partie supérieure si évasée. Jetez un coup d'oeil dans la vitrine de Matéria, ils sont à droite, au garde-à-vous, solides et imposants, sous leurs coloris pastel.

«Vau», de Susan Edgerley

Selon Caroline Chabot, «l'une des oeuvres majeures de l'exposition» est la grande, mais délicate spirale de la Torontoise Susan Edgerley, baptisée «Vau», qui signifie unité et multiplicité, en hébreu.

Il y a aussi les assiettes multicolores de Mel Munsen, qui ressemblent à des billes de verre aplaties; les oiseaux de verre soufflé de Gordon Webster (Avion Series) d'une subtile transparence; les vases de verre soufflé et thermoformé de Carole Frève, dont le tricot de cuivre crée un singulier contraste entre le vide et le plein. Et tant d'autres, aussi riches et attrayantes.

Les assiettes de Mel Munsen

Ce collectif est sous le commissariat d'Elena Lee, propriétaire de la galerie du même nom, à Montréal. Elle a sélectionné chacun des artistes verriers en fonction du caractère innovateur de leurs oeuvres, qui révèlent «l'effervescence et la grande richesse du verre d'art canadien contemporain». Douze des artistes proviennent du Québec.

Mme Lee dédie cette exposition à la mémoire de François Houdé, originaire de Québec, décédé en 1993, et à son mentor, Daniel Crichton, mort en 2002. «Sans ces deux hommes, écrit-elle, le verre d'art au Canada ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui.» Houdé a consacré plus de 10 ans à la fondation de l'école du verre Espace Verre, à Montréal. «Avec Susan Edgerley et Donald Robertsons, entre autres collaborateurs, il a contribué à former et à guider une nouvelle génération d'artistes verriers.»

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Située au 367, Charest Est à Québec, Matéria est ouverte du mercredi au dimanche. La galerie boutique offre en outre au public la possibilité d'acheter des petites pièces créées par les artistes de l'exposition collective.