C'est à cette femme à nulle autre pareille que l'exposition présentée au Musée des beaux-arts de Montréal rend hommage. Et avec elle, aux artisans qui ont participé à l'avènement d'une vaste tradition russe en matière de design.

C'est à cette femme à nulle autre pareille que l'exposition présentée au Musée des beaux-arts de Montréal rend hommage. Et avec elle, aux artisans qui ont participé à l'avènement d'une vaste tradition russe en matière de design.

Candélabre à quare branches, en acier et en bronze

À la fois femme de pouvoir et de goût, Catherine a su imposer son empire comme haut-lieu de culture. Attirant les plus grands penseurs, artistes et artisans de son temps, elle encouragea le développement des arts en important d'Europe des oeuvres aujourd'hui conservées au Musée de l'Ermitage. Mais surtout, s'inspirant des manufactures européennes, elle instaura une industrie foisonnante qui s'imposa, tant sur la scène nationale qu'internationale, par la qualité de ses réalisations.

Des artisans réputés venus d'Europe s'installèrent à Saint-Pétersbourg et travaillèrent pour la Couronne. Parmi eux, l'orfèvre danois David Rudolph, dont on peut admirer la magnifique tabatière avec portrait en camée de Catherine II, mais surtout l'ébéniste allemand David Roentgen qui réalisa pour l'impératrice de nombreuses pièces de mobilier dont un magnifique bureau à cylindre orné d'un portrait en médaillon de Platon et le dessin d'un impressionnant cabinet à médailles. Le style néo-classique de ces artistes, tout en lignes droites et en motifs antiquisants, allait influencer les artisans locaux, notamment ceux de Toula.

Située à quelque 200 km de Moscou, la manufacture de Toula s'est rapidement imposée grâce au savoir-faire exceptionnel de ses artisans issus d'une longue tradition d'armuriers. Ils donnèrent à la Russie ses lettres de noblesse en mobilier comme en orfèvrerie. En témoignent un candélabre à quatre branches, un jeu d'échecs avec son coffret de même qu'un ensemble de mobilier composé d'un fauteuil, d'une table de toilette et d'un repose-pieds, exemples par excellence du raffinement russe dans le style néo-classique à l'Antique. Le mélange de bronze, de dorure et d'acier de ces objets témoigne d'un mariage inusité entre matériaux traditionnels et modernes.

Magnifique bureau à cylindre orné d'un portrait en médaillon de Platon.

De son côté, la Manufacture impériale de porcelaine de Saint-Pétersbourg, reprenant les techniques industrielles les plus novatrices, parvint à se distinguer par la qualité et la finesse de ses réalisations, entre autres ses figurines des Peuples de Russie, ses services à vaisselle et ses vases à décors peints et sculptés. Un époustouflant vase à parfum en forme d'oeuf, alliant verre émaillé, or et cuivre, témoigne de l'émulation qui régnait alors dans la capitale impériale.

En quelques décennies à peine et grâce à la détermination d'une femme exceptionnelle, la Russie était devenue l'un des grands centres artistiques de son époque et allait le demeurer tout au long du siècle qui suivit.

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Catherine la Grande: un art pour l'Empire. Jusqu'au 7 mai. Musée des beaux-arts de Montréal.